“Il faut préserver l’effet vertueux du zéro cotisation”

Pierre-Frederic Nyst (UCM) © BELGAIMAGE

L’exonération de cotisations sociales sur les premiers emplois créés coûte cher aux pouvoirs publics. Le gouvernement veut réformer profondément, voire supprimer, ce dispositif mis en place lors de la législature précédente.

1. Ce “zéro cotisation” est une mesure sympathique. Mais comme le dit la Cour des comptes, n’est-elle pas trop coûteuse?

Cette mesure est plus que sympathique, elle est indispensable. A l’Union des classes moyennes (UCM), nous avons reçu de nombreux témoignages d’indépendants qui ont mis des années avant de franchir le pas et de devenir employeur. Le zéro cotisation sur le premier emploi créé les a rassurés, les a accompagnés sur ce chemin pour devenir employeur.

Maintenant, quand la Cour des comptes et le Bureau du Plan pointent des pratiques abusives qui font que le dispositif coûte aujourd’hui un porte-avion, je suis d’accord avec eux. Je vais même vous dire: je balaie devant ma porte. Nous aussi, avec notre secrétariat social, nous avons fait de l’ingénierie pour réduire les coûts des employeurs en déplaçant l’exonération vers de plus gros salaires. Certaines sociétés vont jusqu’à exonérer le salaire du CEO. Ce mécanisme n’a jamais été prévu pour cela.

2. Faudrait-il plafonner l’exonération, par exemple au niveau du salaire minimum, pour préserver le mécanisme?

Cela peut être une piste. Je pense qu’en mettant en place une quasi- automaticité de la mesure, on réduirait déjà bien des abus. Ce sera alors le premier inscrit sur le payroll et puis c’est tout, sans jeu d’un trimestre à l’autre.

On peut aussi s’interroger sur les extensions jusqu’au sixième emploi. C’était le fruit de compromis pour tenter de satisfaire tout le monde. Je rappelle souvent à ce propos que pour créer le cinquième ou le sixième emploi, il a fallu d’abord créer le premier. Le zéro cotisation a été pensé pour l’artisan ou le commerçant qui embauche son premier travailleur. Il faut absolument conserver cet esprit vertueux. Zéro cotisation “à vie”, ça a marqué les esprits.

3. L’une des idées pour limiter l’impact budgétaire, c’est de n’accorder le zéro cotisation que pendant quelques années. Est-ce envisageable?

Je comprends le raisonnement: si après 26 trimestres, l’entreprise ne peut pas assumer le coût salarial, c’est peut-être qu’il y a un problème de rentabilité. Mais en 2016, on a promis aux néo-employeurs qu’ils seraient exonérés à vie. Revenir sur cette décision, ce serait tromper ces milliers de personnes qui ont créé de l’emploi ces dernières années. En plus, il y a la question du timing: est-ce maintenant, alors que la reprise commence seulement à se profiler, que l’on va augmenter les charges des plus petites entreprises? Serait-ce vraiment judicieux?

Cette mesure nous montre que, quand un dispositif est à ce point porté par un parti ( en l’occurrence le MR, Ndlr), il finit toujours par être menacé. Les accords entre partenaires sociaux offrent un socle beaucoup plus pérenne.

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