Trends Impact Awards: l’ASBL EducIT entend gommer la fracture numérique

Philippe Van Ophem et Daniel Verougstraete, fondateurs: "Ce qui est en jeu, c'est non seulement la réussite des jeunes dans les études supérieures mais aussi, tout simplement, leur capacité à communiquer." © pg

Dans l’enseignement francophone, l’impact de la petite ASBL EducIT n’est pas anecdotique. Elle a même insufflé les bases d’une révolution copernicienne en matière d’équipement informatique des élèves.

Après une vie d’entrepreneurs réussie, Philippe Van Ophem et Daniel Verougstraete se sont associés pour aider les écoles à réaliser leur mue numérique. Ils proposent de changer de paradigme et, plutôt que d’équiper les écoles, de doter chaque élève d’un appareil (similaire pour tous au sein de l’école) et d’aider les enseignants à intégrer le numérique avec le soutien de techno-pédagogues spécialisés. Le but: profiter de la riche palette des pratiques pédagogiques soutenues par le numérique (accès aux ressources, possibilités de remédiation, de différenciation, de travail collaboratif, etc.) mais aussi s’attaquer à la racine du problème de fracture numérique en développant les compétences digitales de base des jeunes, au-delà d’Instagram, Snapchat ou Fortnite. Une fracture numérique dont le dernier baromètre de la Fondation Roi Baudouin dévoile qu’elle touche près d’un Belge sur deux. “Des Etats comme les Pays-Bas, les pays scandinaves et l’Espagne, où les élèves ont l’occasion d’utiliser régulièrement un ordinateur en classe, souffrent moins de la fracture numérique”, soutiennent les deux entrepreneurs à l’origine d’EducIT. “Comment un jeune, dont les parents sont largués par rapport au numérique, peut-il développer les compétences dont il a besoin si l’école ne lui donne pas cette chance”, s’interrogent Philippe Van Ophem et Daniel Verougstraete. Ce qui est en jeu, c’est non seulement leur réussite dans les études supérieures et leur employabilité mais aussi, tout simplement, leur capacité à communiquer avec les autorités publiques: demandes à la commune, déclaration fiscale, etc.”

Cofinancement

Avec un tel objectif en tête, pas question que le prix du matériel soit un obstacle. L’approche imaginée par l’association, et reprise depuis un an par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui la propose et en assure le financement pour l’enseignement francophone, est la suivante: un cofinancement entre les pouvoirs publics (actuellement de 75 euros par élève) et les parents (25 euros par trimestre pendant trois ans). Ce mécanisme est complété par un fonds de solidarité prenant en charge jusqu’à 40% du prix des machines des élèves dans les écoles dont l’indice socioéconomique est le plus faible. Jusqu’à présent, la “rentrée numérique” a permis d’équiper près de 28.000 élèves et de former au numérique quelque 9.000 enseignants. “Grâce aux collaborations développées avec les acteurs du système, en particulier les (fédérations de) pouvoirs organisateurs, ce changement pourra à terme profiter à l’ensemble des écoles secondaires francophones et aux 360.000 élèves qui les fréquentent”, se réjouissent Philippe Van Ophem et Daniel Verougstraete. Ce sont également ces collaborations qui permettent à l’ASBL de progressivement passer la main. “Nous avions comme ambition de mettre en place un modèle et de le valider. Maintenant que les autorités reprennent ce modèle et peuvent en augmenter l’échelle, nous sommes heureux de totalement nous effacer”, se réjouissent Philippe Van Ophem et Daniel Verougstraete qui peuvent désormais assurer un transfert dans les meilleures conditions. Mission (bientôt) accomplie.

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