Made in Belgium: des vers pour un jardin d’enfer (en images)

© WOUTER RAWOENS

Les vers composteurs de Pur Ver raffolent des déchets de jardin, de la drêche de brasserie et du marc de café. Le lombricompost qui en ressort est une bénédiction pour les potagers, le gazon et les parterres.

1. Des vers, pas des lombrics!

Pas de lombricompost sans vers composteurs. Le processus de digestion des matériaux organiques par les vers permet d’obtenir un fertilisant naturel. Pur Ver utilise le ver Eisenia fetida. Le mot “lombricompost” est un peu trompeur car ici, point de lombrics. “Ce sont bien des vers composteurs, à ne pas confondre avec les lombrics, beaucoup plus connus, insiste son CEO Alexandre Meire. Cette espèce épigée (qui se développe au-dessus du sol, Ndlr) vit en milieu organique, pas dans la terre ni en profondeur. Les lombrics, eux, vivent plus bas sous terre.”

En visite chez Pur Ver
En visite chez Pur Ver© WOUTER RAWOENS

2. Une matière première végétale

Les matériaux organiques dont se nourrissent les vers sont constitués de déchets, rejetés essentiellement par les entreprises locales. “Je ne vais pas révéler la composition du produit sur lequel nous avons longuement planché, s’amuse Alexandre Meire. Sachez qu’il est fabriqué à partir de compost de déchets verts ordinaires, qui sert surtout de structurant, auquel nous ajoutons des matières à plus haute valeur ajoutée, comme de la drêche de brasserie, du marc de café, des épluchures de légumes et des déchets de jardinage.”

En visite chez Pur Ver
En visite chez Pur Ver© WOUTER RAWOENS

3. Le brassage

Le brassage de ces déchets déjà broyés s’effectue dans une mélangeuse verticale. Il faut une heure et demie environ pour traiter 10 à 15 tonnes de matière et obtenir la “belle nourriture homogène” qui va nourrir les vers composteurs.

En visite chez Pur Ver
En visite chez Pur Ver© WOUTER RAWOENS

4. Le nourrissage

Des wagonnets épandent ensuite lentement cette matière sur la ligne de production – un bac de 2,5 m de large et de 50 cm de haut sur 40 à 70 m de long, rempli de matériau végétal. C’est dans la couche supérieure de ce matériau que vivent les vers. Ils sont nourris tous les deux jours par l’épandage d’une nouvelle fine couche de matière sur celles existantes. Les wagonnets ajoutent également de l’eau, pour atteindre le degré d’humidité recherché. “Il règne dans la zone de production une température constante de 25 °C, idéale pour l’activité des vers”, commente Alexandre Meire.

En visite chez Pur Ver
En visite chez Pur Ver© WOUTER RAWOENS

5. La coupe

Chaque ligne de production contient de 5 à 10 millions de vers chargés de digérer la matière organique et de former, grâce à leurs déjections, le lombricompost. Celui-ci tombe ensuite, à travers un système de grilles, dans le bas du bac, où il sèche pendant deux jours environ. Un couteau coupe et racle alors cette couche inférieure de lombricompost, que les wagonnets épandeurs remplacent concomitamment par le haut.

En visite chez Pur Ver
En visite chez Pur Ver© WOUTER RAWOENS

6. Le battage et le tamisage

Au terme d’une brève période de séchage à l’air, le lombricompost est versé dans une machine qui le bat et le tamise jusqu’à obtenir un produit fin et granuleux. Le processus est alors achevé. Le lombricompost destiné à l’agriculture et à l’horticulture est emballé dans des sacs de 500 kg. Pour le conditionnement destiné aux particuliers, Pur Ver collabore avec des producteurs de terreau et d’engrais.

En visite chez Pur Ver
En visite chez Pur Ver© WOUTER RAWOENS

100 millions de travailleurs

Fin 2018, Pur Ver a levé 2 millions d’euros en vue de financer l’extension de ses capacités de production. L’entreprise, située à Pecq, dans le Hainaut, a donc construit l’an dernier un hangar destiné à accueillir six nouvelles lignes. “Nous avions travaillé très dur pour être prêts pour le début de la nouvelle saison qui, pour nous, commence en mars, relate Alexandre Meire, son CEO. La production tournait à plein régime. En imposant la fermeture des jardineries, le confinement a fait s’écrouler la demande. Impossible d’assister à cela sans réagir: en un week-end, j’ai fait de notre site internet une boutique en ligne.”

Made in Belgium: des vers pour un jardin d'enfer (en images)
© Getty Images/iStockphoto

Pur Ver est une spin-off de Gembloux Agro-Bio Tech. Ses chercheurs ont développé une technologie de production du lombricompost, un fertilisant naturel issu de la digestion des matériaux organiques par les vers composteurs. L’ingénieur commercial Alexandre Meire a été recruté pour l’aider à faire de sa technologie un produit, et de l’activité une entreprise. Quels sont les effectifs de Pur Ver? “Environ 100 millions de travailleurs, rit le CEO. A quoi s’ajoutent quatre personnes, moi compris.” La société a récemment développé une version liquide de son lombricompost. “Ce produit nous a ouvert l’accès à une nouvelle clientèle, comme des exploitants de terrains de golf ou de vignobles.” Pur Ver a achevé l’exercice 2018 sur un chiffre d’affaires de 125.000 euros et espère atteindre le million d’euros dans quelques années.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content