Des cuvées démasquées!

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Difficile d’imaginer au sortir de cette vague de froid que le printemps sera bientôt là. La grande distribution va dérouler, juste après le congé de Carnaval, son habituelle foire vernale. Si les traditionnels salons professionnels ont été reportés à l’été ou sont passés au virtuel, nous avons quand même mis à profit ces mois d’hiver pour dénicher quelques jolies pépites rouges.

On ne cesse de vous le répéter: la pandémie a eu un effet colossal sur le marché du vin. La fermeture de l’horeca a eu pour effet de reporter les achats vers les cavistes et la grande distribution. Cette fermeture doublée d’un export difficile vers certaines régions du monde a fait grossir les stocks des vignerons et baisser les prix. Autre conséquence: les vins rares vendus par allocation sont soudainement plus accessibles. On ne saurait trop vous conseiller de vous renseigner à ce sujet auprès de votre caviste préféré.

Juste avant les fêtes de fin d’année, Colruyt avait tiré ses premières conclusions d’une année 2020 pas comme les autres: une augmentation du prix moyen des bouteilles achetées (le client se fait plaisir à la maison puisqu’il ne peut aller au resto), une poussée du prosecco (+18%) qui peut désormais aussi se décliner en version rosé (n’hésitez pas à tester le rosé de Ruggeri, une vraie belle surprise à moins de 9 euros) et une flambée du rosé. L’enseigne de Hal en a vendu 700.000 litres de plus entre mars et décembre! La semaine dernière, Delhaize a confirmé ces tendances. Le rosé explose (+20%) et se boit désormais toute l’année. Le blanc et le rouge ont bien suivi (+ 10%). Mais chez Delhaize, c’est le Bib ( bag in box) qui a fait courir les foules: 600.000 ventes supplémentaires en 2020 pour une hausse de 30%. 2021 commence comme 2020 a fini mais, avec cette sélection, il n’est pas question de se laisser abattre!

Des cuvées démasquées!

La Belgique à Montepulciano

Depuis 2009, Virginie Saverys, dont la famille est propriétaire de l’historique Compagnie maritime belge à Anvers, est l’heureuse propriétaire du domaine Avignonesi sis à Montepulciano en Toscane. En un peu plus de 10 ans, notre compatriote a révolutionné le vignoble. Elle a banni le chimique, s’est convertie au bio et a décroché le label Biodyvin. Du coup, la voilà à la tête du plus grand domaine biodynamique (175 hectares) d’Italie. Une démarche vertueuse qui se poursuit dans le chai puisque tous les vins sont véganes, l’intervention minimale et les levures utilisées indigènes. Elle réalise, depuis deux millésimes, des vins sur mesure pour Delhaize. Ils sont baptisés Nuvola (nuage), le nom donné à une petite chienne bâtarde recueillie toute jeune au domaine et dont elle est devenue la mascotte. Les vins sont assemblés en Italie puis transportés en camions-citernes à Bruxelles où Delhaize les embouteille. Une démarche qui permet d’économiser du transport routier. Cette collaboration est une franche réussite! Le Rosato (rosé) est de haute tenue avec des notes de fruits rouges et une bouche bien épicée et le Blanco est un blanc de noirs tout en fraîcheur où le sangiovese (cépage rouge toscan par excellence) domine (41%) des cépages blancs traditionnels. Enfin, si le Rosso 19, issu de cépages internationaux classiques (syrah et merlot), est juteux et facile, le Cumulo 18 (80% de sangiovese) est une petite bombe avec des notes de fruits noirs bien mûrs, une bouche riche et épicée et juste ce qu’il faut de fraîcheur. Pendant le festival du vin (du 25/2 au 17/3), l’ensemble de la gamme Nuvola est proposée en 2 + 1 gratuit.

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Ils savaient boire, les ducs de Bretagne!

Voilà une histoire magnifique qui court à travers les âges. Au 15e siècle, Charles Le Téméraire, duc de Bourgogne, s’allie à François II, duc de Bretagne contre Louis XI, roi de France. Le pacte contiendra un cadeau d’un cépage bourguignon appelé le berligou. Le duc en plante des hectares et tombe en amour devant le vin produit. Anne, sa fille, devient, par la suite, reine de France en épousant Louis XII. Et voici notre vin Berligou à la cour de France, où il sera servi à Henri IV lors de la signature de l’édit de Nantes et fera les beaux jours du Versailles de Louis XIV. Jusqu’à la Révolution. Symboles de la noblesse, les hectares de berligou seront saccagés en 1789. Il faudra attendre le 20e siècle pour qu’un pépiniériste ne découvre les friches viticoles de Couéron, lieu de plantation originel de François II. De fil en en aiguille, le berligou, à l’origine un cépage russe appelé berkovsko tcherno, finit par être déclaré cépage rare et introuvable ailleurs dans le monde. Nous sommes en 2003 et ce n’est que huit ans plus tard que le domaine Poiron-Dabin, situé sur le magnifique cru communal Château-Chebaud du Muscadet, est autorisé à replanter 1,5 hectare. Ce Berligou, en version rouge, est désormais disponible en Belgique en exclusivité chez Vinathitude (Ath – www.vinathitude.net – 0476 59 09 21) à 16,30 euros. Voilà un vin assez inclassable qui a l’élégance et le raffinement d’un bon pinot noir mais se double d’une bouche de fruits mûrs presque confits et d’une belle dose d’épices.

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Il sait, il sait, il sait…

A Saint-Gilles, en plein territoire des Costières de Nîmes, la famille Guiot exploite un magnifique vignoble d’une centaine d’hectares convertis au bio il y a peu. L’entrée des deux fils de la famille, les jumeaux Numa et Alexis, dans le domaine va dynamiser l’offre viticole avec, à la clé, des cuvées originales à côté des Château Guiot plus traditionnels. Je sais qu’on ne sait jamais est de celles-là. Affectueusement appelée “Le Gabin” vu sa référence à la chanson que Jean-Loup Dabadie écrivit pour le monstre sacré du cinéma français, elle est l’archétype des vins modernes produits par les jeunes vignerons d’aujourd’hui. Pureté du fruit, intervention minimale, respect du cépage et du terroir se retrouvent dans ce sympathique vin. Il s’agit d’un 100% carignan sans sulfites ajoutés issu d’une parcelle du domaine âgée de plus de 70 ans. C’est élégant, classieux, frais, aromatique, charnu, épicé et tout velouté. Une belle trouvaille à découvrir chez Pinard Pirate (Pinard Pirate sur Facebook – 0472 98 05 61) au prix de 14,50 euros. Tant que vous y êtes, laissez-vous tenter par le Blue Denim (50 euros), le magnifique gin élaboré par les Cornut ou par le Pas Invité, un 100% mourvèdre complètement aérien qui se boit comme de la grenadine et a de relents de bonbon.

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Bordeaux chipote dans ses cépages

A lire la liste des six nouveaux cépages autorisés dans l’appellation Bordeaux afin d’affronter le réchauffement climatique sans dénaturer le goût bordelais, il y a de quoi se poser des questions. A part le castet qui a une véritable histoire avec le terroir bordelais, les autres (marselan, touriga nacional, arinarnoa, alvarinho, liliorila) nous laissent perplexes. D’autant que les cépages rouges (les trois premiers) sont plutôt réputés pour produire des vins denses et tanniques. A cent lieues des goûts actuels. Soit. C’est d’autant plus dommage que le terroir de Bordeaux regorge de cépages autochtones et oubliés (saint- macaire, pradotte, prunelard, lauzet, etc.) que certains (Loïc Pasquet dans son domaine Liber Pater ou David Poutays au Château Cazebonne) s’évertuent à ressusciter. C’est aussi d’autant plus dommage que d’autres vignerons n’hésitent pas à sortir des sentiers battus. Soit en vinifiant différemment comme le Château Couronneau qui produit un épatant Volte Face (www.caveslenoir.be – 12,80 euros). Soit en sortant des cuvées mono-cépages qui sortent du traditionnel duo merlot-cabernet sauvignon. C’est le cas du Château Grenet dont L’Ephémère, bio et végane (! ), est un 100% malbec de haute tenue (www.wine-fever.be – 12,60 euros). Ce travail-là, à cent lieues du monde feutré des grands crus classés, est porteur d’espoir.

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Rouge comme…

“Rouge comme le vin de Bordeaux dans ma tête étoilée”, chantait Michel Sardou dans les années 1980. Ici, il s’agit plutôt de rouge comme le soleil couchant sur le Languedoc ou comme un Clos de 8 hectares entourés de garrigue et d’oliviers en plein coeur des Terrasses du Larzac et récemment convertis au bio. Rouge comme une Alerte qui avait étonné notre palais lors du salon Millésime Bio en 2020. Krystel Brot-Weissenbach et Joël Peyre, qui se sont reconvertis en vignerons, conduisent leur Clos Rouge au plus près de la nature. Pas de produits phytosanitaires mais des décoctions d’ortie ou de prêle, un désherbage manuel et une intervention minimale dans le chai. A l’arrivée, cette Alerte Rouge (19,49 euros – www.palaisduvin.be) est un vin à attendre et à carafer pour qu’il révèle toutes ses immenses qualités. Des notes de garrigue, de réglisse, d’eucalyptus, de lavande et une bouche juteuse, dense et épicée. Une cuvée Terrasses du Larzac de haut vol.

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Le Douro dans toute sa splendeur

Nous avions eu l’occasion de les déguster, en 2017, à la Quinta dos Malvedos que possède la famille Symington (portos Graham’s et Dow’s) à Foz Tua dans le Douro. Ils sont désormais disponibles en Belgique auprès de la Maison Pirard (www.vinspirard.be). Eux, ce sont les vins rouges de la Quinta do Ataide, un domaine entièrement en bio situé dans la partie nord-est du Douro. Un lieu très sec et très chaud où la famille Symington a installé sa bibliothèque de cépages. Le DOC Douro rouge 2016 est un assemblage élégant de trois cépages (touriga nacional, touriga franca et alicante) d’une épatante fraî-cheur avec un côté très floral. Le Vinha do Arco 2015 est une véritable bombe entièrement constituée de touriga nacional. Une cuvée suave, très poivrée, charnue et aux notes marquées de fruits noirs bien mûrs. Un très grand vin qui peut encore s’attendre.

Des cuvées démasquées!

Et chez Colruyt?

Les magasins Colruyt et Okay débuteront leur festival du vin le 24 février, Spar attendra le 11 mars. D’ici là, n’hésitez à profiter d’une réduction de 20% sur les vins bios dans les magasins Colruyt. Le Vacqueyras Nos Terroirs bio (10,99 euros) vaut à lui seul une visite. Un vin élégant et puissant produit par la coopérative locale. Dans le festival proprement dit (-15% sur trois bouteilles, – 25% sur six), nous avons épinglé le Pinot Noir des Artisans Partisans (6,49 euros), un collectif du sud de la France dont on vous disait le plus grand bien en septembre. Mais aussi, pour son côté facile et son excellent rapport qualité-prix (4,95 euros), le Beaujolais Villages Les Sarmentelles. Enfin, hors foire et promotions, la pépite du moment chez Colruyt, est un Régnié appelé Les Sablons Rouges (7,95 euros), un beaujolais bien typé particulièrement réussi.

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