“Démolir les maisons obsolètes sera plus facile”

© ID/ L. VAN ASSCHE

La baisse pérenne de la TVA de 21 à 6% sur les démolitions et les reconstructions devrait booster l’activité du neuf. Et ce malgré 18.500 postes vacants et des prix de matériaux en hausse de 15%.

1. Quel sera l’impact pour le marché immobilier résidentiel du prolongement ad vitam de la TVA à 6% sur les démolitions et les reconstructions?

C’est une très bonne nouvelle pour le secteur et pour les particuliers qui possèdent une maison obsolète sur le plan énergétique. Les démolitions/reconstructions doivent permettre de répondre plus aisément aux objectifs de décarbonation du parc immobilier belge d’ici 2030. Trois bâtiments sur quatre ont été construits avant les années 1980 en Belgique. Il est donc plus que temps d’agir pour transformer nos logements. D’autant qu’actuellement, malgré le taux de TVA à 6% pour les rénovations, on ne rénove qu’environ 30.000 maisons par an. Or, il faudrait tripler ce nombre. Ce qui est impossible. Construire du neuf est donc la seule option. Voir cette baisse de la TVA approuvée la semaine dernière par les ministres européens et être inscrite de manière pérenne est une très grande avancée pour le secteur de la construction. D’autant plus que le prix des matériaux a augmenté de 15 à 20% depuis novembre 2020. Nous avons bien atteint un plafond dans les hausses mais je n’oserais par contre pas affirmer que les prix vont diminuer en 2022.

2. Pour répondre à la demande, il faudra de la main-d’oeuvre. Or, la pénurie guette. Une équation impossible à résoudre?

Il y a actuellement 18.500 postes vacants. Soit une hausse de 7.000 unités en un an! C’est énorme. La pénurie de main-d’oeuvre ne cesse de s’aggraver. Les ouvriers du secteur de la construction sont pourtant les mieux payés après ceux du secteur de la chimie. Reste que si, en matière d’incitants, les primes ont été revues à la hausse et défiscalisées, on observe que cela ne suffit pas pour attirer les chômeurs et les inactifs. Nous estimons donc qu’il faudrait que les gouvernements régionaux tendent vers une politique bien plus coercitive en matière d’activation des chômeurs. Sans cela, le secteur de la construction ne pourra suivre la demande et rencontrer les objectifs climatiques.

3. Vous venez de succéder à Robert de Mûelenaere, qui a été le patron de la Confédération Construction pendant 25 ans. Quels seront vos premiers grands chantiers?

Mon plan d’action sera dévoilé en mars. Je peux toutefois déjà affirmer que la durabilité et la circularité seront deux des maîtres-mots. Je pense ensuite que la relation entre les entreprises et leurs clients va nettement évoluer. Nous allons tendre d’un métier de projets temporaires, comme la construction d’une maison, vers un modèle où il y aura une relation plus permanente avec le client. Ce qui va nous faire évoluer vers un modèle d’abonnement à la Netflix ou Spotify. La construction réalisée sera entretenue, rénovée, démolie ou recyclée. Cela permettra aussi à un actif immobilier de conserver sa valeur sur un horizon de 30 ans.

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