Comment atteindre les 100 millions de chiffre d’affaires ?
Revendiquer une croissance à trois chiffres en pleine pandémie de coronavirus semblerait irréelle. Pourtant, la start-up bruxelloise se félicite du boom des échanges de cryptomonnaies sur sa plateforme cette année. Forte de cet ” imprévu “, Bit4You se dit d’ailleurs prête à attaquer d’autres marchés européens.
Un feu d’artifice. ” L’attractivité est là, tant et si bien que notre chiffre d’affaires est en train d’exploser “, confie Marc Toledo, managing director de Bit4You. Pour l’exercice comptable en cours, la première plateforme belge d’échange de crypto-actifs devrait en effet plus que quadrupler les 13,5 millions d’euros réalisés un an auparavant.
Car dans chaque crise surviennent des opportunités. Et les marchés où s’échangent bitcoins et autres jetons numériques, considérés comme des assets à part entière voire comme de l’or numérique, ont rapidement retrouvé leur niveau pré-Covid. Et ce, plus rapidement ou amplement que les places financières classiques.
” Et pour 2021, la tendance devrait se poursuivre “, se réjouit le serial entrepreneur. L’emballement poussera d’ailleurs la jeune firme à renforcer ses effectifs sur les parties IT et commerciales mais surtout à s’intéresser à d’autres pays voisins. La petite équipe a inscrit une offensive marketing à l’échelle européenne dans son nouveau plan stratégique de développement en cours d’élaboration.
Même si l’Internet n’a pas de frontière, cette expansion internationale devrait d’abord se limiter à des marchés naturels, à l’instar de la France, des Pays-Bas, du Luxembourg et de l’Allemagne.
” Nous sommes très confiants à l’idée de jouer un rôle principal assez rapidement en Europe dès l’année prochaine “, estime Marc Toledo, qui entretient malgré tout le mystère sur les ” plusieurs milliers d’utilisateurs ” alors que l’objectif initial tablait sur 50.000 clients.
Pour l’instant, la quasi-totalité des membres de la plateforme sont en tout cas résidentiels et surtout des investisseurs particuliers belges. Ces placements assez innovants proviennent de personnes à l’aise avec le trading. Mais il convient de ne pas oublier que la crypto ne se résume pas aux produits d’investissement, la plateforme répondant aux besoins d’un petit nombre de clients business.
” Lorsqu’il doit payer un transport en Afrique où les responsables veulent leur argent instantanément, un de nos clients envoie de la crypto au lieu d’amener des mallettes de cash. Cette monnaie est transférée sans délai et celui qui la reçoit en est le dépositaire. Il ne peut pas nier l’avoir reçue ou la faire disparaître “, souligne le dirigeant de Bit4You.
Des actionnaires ravis
Au programme d’un des prochains conseils d’administration de la société, se trouve le point du financement de la croissance de leur société en Europe. Sera-t-elle faite en fonds propres ou au travers d’une augmentation de capital assez conséquente ? La réponse sera connue dans un futur proche. Il y a, selon Marc Toledo, une place à prendre aujourd’hui sur le marché européen. ” Tous nos systèmes sont 100% opérationnels et scalables. Puis, nos actionnaires ne s’attendaient pas à de telles performances. Nous non plus “, sourit-il.
Surfant sur la vague des marchés cryptos (le prix du bitcoin a bondi de 120% depuis le confinement en mars dernier), les équipes de la start-up bruxelloise oeuvrent à gagner plus largement en crédibilité. Avec le cap des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires désormais atteignable d’ici là fin de l’année, Bit4You entend prouver que réussir en tant que société fintech active dans la blockchain est possible en Belgique.
L’Europe pourrait en outre soutenir la plateforme belge dans ses ambitions. Décidée à reprendre la main sur les fournisseurs de paiements étrangers qui ont profité du manque d’intégration de l’Union, la Banque centrale européenne souhaite émettre un euro digital, en complément de la monnaie unique. ” Bit4You maîtrise déjà toutes les technologies de la blockchain qui pourront lui permettre de gérer cette monnaie digitale émise par la banque centrale, assure Marc Toledo, se disant prêt à encaisser une forte croissance. J’ai pourtant l’impression de revivre les années 1990 avec le lancement du Web, quand les gens restaient incrédules face à l’e-mail parce qu’ils avaient déjà le fax. Quand on évoquait un peu plus tard le potentiel de développement du commerce international, on nous regardait toujours de travers “.
Les évangélisateurs de l’industrie du bitcoin ont encore du chemin à parcourir. Il suffit pour s’en convaincre de penser aux régies qui, en 2020, refusent leurs services à Bit4You car elles s’auto- censurent dès qu’il s’agit de la pub pour la crypto.
” Il reste des efforts de pédagogie, de communication et d’information à mener. Malheureusement, la plupart des journalistes que nous rencontrons gardent comme réflexe de crier à l’arnaque dès qu’on leur parle de cryptomonnaie “, décoche Marco Toledo.
120 %
Hausse du prix du bitcoin depuis le confinement en mars dernier.
Rachat de delta: ” que du positif “
Rachetée il y a un an par un géant de la fintech, la start-up belge Delta, dont l’app permet le tracking de portefeuilles de cryptomonnaies, dresse une premier bilan indiscutablement positif.
” Nous avons été capables de garder notre indépendance, restant une petite entreprise basée à Gand, tout en profitant de la force de frappe d’une bien plus importante entité comme eToro. C’est du win-win pour une société comme la nôtre et sa quinzaine d’employés “, indique Nicolas Van Hoorde, cofondateur et CEO de Delta.
Quant au nombre d’utilisateurs qui poursuit sa croissance, cette tendance serait davantage liée à l’évolution du prix du bitcoin plutôt qu’à l’acquisition en elle-même. Ce qui ne sera probablement plus le cas en 2021 puisque Delta finalise l’extension de son offre de suivi à d’autres produits d’investissement classiques (actions, devises, ETF, etc.). La version bêta de la nouvelle application n’est accessible pour l’heure que par le biais d’une liste d’attente en early access limitée à 1.000 places.
A la question de savoir comment Delta génère de l’argent, il est bon de rappeler que le modèle freemium demeure sa principale source de revenus. ” Soit 90% de clients B to C. Et du reste, une partie mineure de clients B to B nous offre un joli extra mais ce n’est pas notre focus “, affirme l’actuel patron.
Quant au Covid-19, l’épidémie n’a pour ainsi dire pas eu d’impact négatif sur le produit. ” Contrairement aux montagnes russes dessinées par la Bourse, les marchés cryptos sont restés assez ennuyeux. Qui aurait cru que les choses allaient changer “, s’interroge Nicolas Van Hoorde. Les effets du coronavirus se sont plutôt fait ressentir au niveau de la société où le télétravail a notamment chamboulé l’intégration des nouvelles recrues. ” Mais nous avons réussi à gérer la situation après tout. Et il semble que plus on est senior, plus il est facile d’être productif depuis chez soi “, épingle le fondateur de Delta.
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