Cherry

Voici une gifle de l’Amérique. Cherry, c’est le récit à la première personne d’un jeune Américain, un brin paumé, ne sachant pas bien quoi faire de son existence, si ce n’est d’aimer Emily. Accro à la dope, il s’engage dans l’armée et se retrouve en Irak dans une guerre qui ressemble à un jeu vidéo. De retour chez lui, il trouve dans la drogue et l’amour d’Emily le réconfort nécessaire au traumatisme subi lors du conflit. Si ce n’est que l’argent manque et qu’il faut l’obtenir par des combines peu reluisantes. Destination : la case prison. Auteur inattendu, Nico Walker a écrit cette histoire depuis sa cellule, où il purge une peine de 13 ans pour vol. Il ne sortira qu’en 2020. Trouvant dans l’écriture une échappatoire à la violence et à l’inanité du séjour carcéral, il fait preuve d’un talent dingue avec cette trajectoire qui ressemble à la sienne. Ce n’est pas tant son expression crue que sa lucidité qui fascine. Témoignage d’une Amérique qui ne sait que faire de ses enfants de retour du front, Cherry a de quoi nous secouer. On retrouve une parenté avec la désillusion juvénile que contenait le roman de Simon et Capucine Johannin sorti en janvier, Nino dans la nuit. Mais Nico Walker y ajoute une violence et un réalisme encore plus percutants, ne se cherchant pas d’excuse mais interpellant certainement ses compatriotes. C’est ce qu’on appelle un roman d’époque.

” Cherry “, Nico Walker, éd. Les Arènes, 432 pages, 20 euros.

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