Alain platel et gustav mahler

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Platel (1959) n’est pas un chorégraphe comme les autres. Sans doute parce que ses codes dansés n’excluent jamais une humanité contagieuse. Chez ce Gantois plébiscité internationalement, l’utilisation de la musique constitue le nerf optique et auditif de la guerre, seconde nature qui épouse les corps d’un univers immanquablement charnel. Celui qui peut ramener à Pina Bausch, ultime référence en la matière. Après Tauberbach, exploration de Bach dans un décor de fin de civilisation et Coup fatal, rencontre du baroque européen et de la musique congolaise, Platel présente à Namur Mahler Projekt – Nicht Schlafen, créé en septembre dernier avec sa compagnie, Les Ballets C de la B. Pas un hasard si cette nouvelle oeuvre, qui d’après son titre ” ne veut pas dormir “, plonge dans la musique du compositeur autrichien né en 1860, époque charnière par la confrontation de ses arts et plaisirs flamboyants et des drames imminents. Les tonalités du chef d’orchestre et compositeur Mahler, dramatiques et sublimes, ramènent aussi aux troubles évidents de notre propre époque, ses pertes de repères, ses changements brutaux, ses défaites morales. Tout cela évoqué par la grâce de neuf danseurs jetés dans des mouvements qui rappellent aussi l’importance de la création commune face aux défaillances du monde.

Mahler Projekt – Nicht Schlafen, les 23 et 24 février au Théâtre de Namur, www.theatredenamur.be

Par Philppe Cornet

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