Les “monnaies de marque”, ou “branded currency”, remplaceront-elles bientôt nos pièces et billets?
Payer en billets semblera bientôt ringard. Si vous aviez résisté au paiement mobile et aux bitcoins, vous n’échapperez peut-être pas à la dernière tendance en la matière : les ‘monnaies de marque’.
“Vous payez en carte ou en sueur ?” : telle pourrait bientôt être la question posée par les caissiers chez Nike. La marque de sport a en effet mis au point un système pour le moins… original. Il s’appelle “Nike bid your sweat”, et vous permet de créer des Nike Fuel, une monnaie virtuelle, à la simple force de vos jambes. C’est grâce à un petit capteur glissé dans votre basket que vos grandes enjambées du footing dominical se transforment en or. Un or à dépenser ensuite exclusivement sur la boutique de la marque.
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La ‘branded currency’ pour combler les failles du système actuel
Si l’idée vous semble plutôt étonnante, sachez que Nike est loin d’être la première à avoir franchi le cap de la ‘branded currency’. Amazon a ses Amazon coins, Pepsi ses Pepsi Pesos, et Facebook ses Facebook credits. D’après une étude menée par le cabinet de relations publiques Edelman en 2014, près de la moitié des jeunes américains âgés de 25 à 34 ans se diraient prêts à utiliser ces monnaies d’un nouveau genre tous les jours.
Si les marques se sont ruées sur le concept, c’est parce qu’il comporte pour elles beaucoup, beaucoup d’avantages. Parmi eux, Influencia note “une réponse concrète à certains problèmes politico-économiques que les grandes monnaies nationales (…) ne peuvent résoudre du fait de leur taille mastodonte et de leur manque de flexibilité“. Pour illustrer ce concept un peu compliqué en apparence, le magazine donne l’exemple du géant de la téléphonie mobile, Vodafone. En Afrique, ce dernier a créé Fakka. Le système permet de rendre sa monnaie en crédits téléphoniques. Un moyen efficace de lutter contre les pénuries de liquide fréquentes auxquelles certains pays doivent faire face.
Les ‘branded currencies’ seraient aussi une réponse au manque de confiance dans les institutions financières, d’autant plus prégnant en période de crise. Pour lutter contre les faux billets, certains rivalisent d’imagination. Parmi eux, les dealers de la ville de New York. Leurs clients peuvent les payer en espèces, mais aussi en bidons de lessive de la marque Tide. Devenus une véritable monnaie déchange, ces barils de plastiques inspireraient plus confiance que l’argent liquide.
En Suède, les espèces ont presque disparu de la circulation
Les marques sont bien sûr les premières à profiter de la tendance. Comme les ‘branded currencies’ ne peuvent être utilisées que chez eux, c’est une manière de fidéliser sa clientèle, tout en lui laissant croire qu’elle y gagne elle aussi. Certains sont convaincus que ces monnaies virtuelles sont l’avenir de nos pièces et billets. A tel point qu’ils ont décidé d’en finir avec ces derniers. C’est le cas de la Suède, où 80% de la population serait favorable à l’abolition de la monnaie ‘classique’. Si cela n’a pas encore été officialisé, rares sont les banques qui délivrent encore de l’argent liquide. La plupart des boutiques ou institutions, jusqu’aux églises, n’acceptent plus que les paiements par carte bancaire… ou par ‘monnaie de marque’.
En attendant d’en arriver là, sachez que vous utilisez peut-être déjà cette méthode de paiement sans le savoir, grâce à ces fameuses cartes de fidélité qui s’accumulent dans votre porte-monnaie. Si vous allez vous prendre un café tous les jours au Starbucks du coin, vous avez du un jour ou l’autre bénéficier d’une boisson gratuite grâce aux points accumulés. Et vous êtes loin d’être le seul : la chaîne vend autant d’espressos avec des pièces, qu’avec des points fidélité… D’après Influencia, ces points, toutes marques confondues, représenteraient une manne financière de 165 milliards de dollars. Ce qui équivaudrait à ni plus ni moins que “le PIB du Vietnam”. A croire que les ‘branded currencies’ ont de beaux jours devant elles.
P.S
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