Patrick Menache, le businessman de l’immobilier

Patrick Menache © PG

Tantôt admiré pour ses talents de communicateur et son sens des affaires, le big boss du réseau d’agences Macnash est aussi vivement critiqué dans le petit monde du courtage immobilier. On lui reproche de donner une mauvaise image du secteur et de jouer avec les limites de la déontologie.

Dire de Patrick Menache qu’il suscite la polémique parmi ses confrères relève de l’euphémisme. C’est plutôt à une déferlante de critiques que vous assistez si vous prononcez son nom lors d’une réunion de courtiers. Jusqu’au président de l’association professionnelle des agents immobiliers francophones qui vous explique que Federia n’a jamais voulu l’accepter comme membre. “Patrick Menache, laissez-le vous payer le resto, mais ne faites jamais d’affaires avec lui”, glisse un courtier. Et cet autre de poursuivre : “C’est un excellent communicateur, il parvient à emballer les gens”. Le patron de Macnash est décrit dans le milieu comme “un très fin businessman, à la limite avec la déontologie”. “C’est à l’américaine, lance une confrère qui l’a côtoyé de près. Il note tout de vous dans des petits carnets, puis vous appelle pour vous souhaiter bon anniversaire, vous demander comment vont vos enfants, votre chien…”

N’y aurait-il pas un brin de jalousie derrière toutes ces réactions ? Car il faut reconnaître que Patrick Menache est passé maître dans l’art d’occuper l’espace et de faire parler de lui. Il y a quelques années, l’homme qui pose en kilt sur ses cartes de visite a été recruté par RTL-TVI et la RTBF pour participer en tant que coach aux émissions A vendre, à acheter et Starter. Vous voulez visiter son penthouse de 420 m2 avec vue sur tout Bruxelles ? Pas de problème, il a invité RTL à venir filmer les lieux. ” Un journaliste m’a dit un jour : ‘Avec toi, on tourne une fois et c’est OK ! ‘”, raconte Patrick Menache. Un bon client, comme on dit dans le jargon journalistique. Qui a su s’ériger dans les médias en représentant des expatriés à Bruxelles, sa cible commerciale. C’est ainsi qu’il est couramment interviewé par certains médias hexagonaux pour évoquer la question des expatriés français. Même le très sérieux Financial Times lui a ouvert ses colonnes…

“Devenir un homme d’affaires”

Né au Congo à la fin des années 1950, seul garçon d’une famille de cinq enfants, Patrick Menache a 16 ans lorsque sa famille vient s’installer à Bruxelles suite au décès de son père. Il intègre quelques années plus tard l’école de commerce Solvay avec l’ambition de “devenir un homme d’affaires”, comme il dit. Dès la fin de ses études, il rejoint un ami de son père à Kinshasa pour travailler dans l’import/export de produits de grande consommation. “Je suis parti avec 1.000 francs belges”, aime raconter notre interlocuteur. Qui a 32 ans lorsqu’il revient en Belgique et commence à investir dans des immeubles de rapport. “C’est Bénédicte Gilson qui m’a mis le pied à l’étrier comme marchand de biens, explique celui qui travaillera deux ans pour Merrill Lynch Realty aux Etats-Unis. J’étais spécialisé dans la prospection de clients pour des surfaces de bureaux, précise Patrick Menache. En rentrant en Belgique, j’avais un bagage immobilier et marketing.”

Nous sommes en 1999 lorsqu’il développe la franchise Macnash avec Laurence Viteux. Au top de sa forme, le réseau Macnash comptera 12 agences. Il n’y en a plus que trois aujourd’hui. “C’est la chute de l’empire, glisse un ancien collaborateur. Patrick Menache a voulu donner leur chance à pas mal de personnes aux profils très divers. C’est à la fois positif et négatif car si certaines se sont démarquées, d’autres ont donné une image négative de l’agence.” Aujourd’hui, le réseau Macnash fonctionne sur base d’une structure simplifiée. “C’était impossible d’être à la fois franchisé et franchiseur, explique le patron. J’ai préféré rester dans mon agence.”

Des projets, encore des projets

Patrick Menache explique avoir préféré recentrer toute son énergie sur un nombre de points de vente physiques limité et développer en parallèle un réseau d’agences virtuelles. “Nous sommes à la recherche d’une personne qui serait chargée de développer la franchise selon un nouveau principe, explique l’homme d’affaires. Il s’agirait de permettre aux agents immobiliers de travailler à partir de chez eux en ayant une exclusivité territoriale mais en bénéficiant de l’image et de la communication marketing de Macnash. Notre objectif est d’avoir 500 agents indépendants externes dans trois ans.”

Wait and see… Car Patrick Menache a toujours une kyrielle de projets en tête, sans que ceux-ci ne se concrétisent forcément. Ce fut notamment le cas du projet de fusion avec le réseau Cap Sud. Raison officielle invoquée : “On s’est rendu compte qu’on avait une politique différente”. Mais le patron de Macnash n’a pas attendu longtemps avant de lancer un autre projet, toujours sur les rails celui-là : Viager Fund, un fonds de placement qui doit permettre d’acquérir à plusieurs des biens en viager. “Avec Philippe Verdonck, nous avons clôturé le premier fonds avec 40 participations à 60.000 euros, explique Patrick Menache. Nous sommes en train d’acheter des propriétés pour ces 40 personnes, nous en avons déjà neuf.”

“Une culture qui consiste à se montrer”

A 60 ans, notre homme continue donc de tracer son chemin sans se préoccuper des critiques. Il connaît bien évidemment la réputation qui lui colle à la peau dans le milieu du courtage immobilier. Et on dirait qu’il en est presque heureux. “Ce qui importe, dit-il, c’est d’exister. A partir du moment où tu es dans la lumière, tu fais de l’ombre ! Souvent, j’ai rencontré les gens qui m’avaient critiqué et ils ont découvert quelqu’un d’autre.” En affaires, Patrick Menache se décrit comme “quelqu’un de juste”. “Je pense que tout le monde doit gagner sa vie, dit-il. Je privilégie les relations à long terme.” Quant à l’image qu’il renvoie, notre businessman explique avoir grandi dans ” une culture qui consistait à se faire voir, à se montrer”. “Ce n’est pas dans la culture en Belgique, soutient-il. Mais moi, je préfère avoir l’image de quelqu’un d’entreprenant, qui essaie de développer de nouveaux projets.”

Sur l’avenir du métier d’agent immobilier, le patron de Macnash s’est fait sa propre religion. “Nous allons aller de plus en plus vers la personnalisation de l’agent et plus de l’agence, estime-t-il. L’agence physique continuera d’exister, mais surtout en province. A Bruxelles, le virtuel va prendre le pas. Ce seront les centres d’affaires qui constitueront demain les bureaux des agents immobiliers, l’agence restant un véhicule virtuel. Une sorte de limousine dont je veux être le conducteur.” Y a pas à dire, il a le sens de la métaphore, Patrick Menache !

JÉRÉMIE LEMPEREUR

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