New York: “Le secteur immobilier est une façon d’échapper au ghetto”

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Devenir riche en travaillant dans l’immobilier, malgré les prix vertigineux new-yorkais? C’est le pari d’une formation parrainée notamment par la chanteuse Jennifer Lopez, qui prend sous son aile des jeunes défavorisés du Bronx pour leur apprendre les clés du marché.

Ils sont 50 jeunes, en majorité noirs ou hispaniques, à avoir conclu cette semaine leur formation, en négociant l’achat d’un immeuble du Bronx d’une valeur d’un million de dollars, censé confirmer leur compréhension des mécanismes du secteur immobilier new-yorkais.

Ce secteur est en permanente ébullition, avec des quartiers en perpétuel renouveau et des appartements qui peuvent atteindre les 100 millions de dollars. Les investisseurs y deviennent parfois milliardaires, voire même président des Etats-Unis, comme ce fut le cas pour Donald Trump, symbole de la réussite par l’immobilier.

La formation à laquelle participaient ces jeunes réunissait avocats, banquiers et experts du secteur, et était menée par Fred Greene et Cedric Bobo, deux entrepreneurs immobiliers noirs symboles de réussite immobilière. Ces deux hommes ont fondé une association, “Project Destined”, pour aider des jeunes d’origine modeste, comme eux, à percer dans ce milieu.

Après une série de cours dispensés en ligne ou lors de séminaires le week-end, ces jeunes en fin d’études secondaires ou étudiants, répartis en six groupes, présentaient à un jury – auquel participe “J. Lo”, qui a elle-même grandi dans le Bronx – leur stratégie pour acheter un vrai bâtiment du quartier.

Les vainqueurs? Ceux qui proposent le projet le plus convaincant, offrant la meilleure rentabilité. Ils deviendront actionnaires minoritaires du bâtiment, et toucheront des dividendes sous forme de paiement de leurs études.

‘Echapper au ghetto’

“Ce que nous faisons, c’est donner à ces jeunes la possibilité de travailler avec nous, presque comme des apprentis. Ils viennent, analysent les propriétés. Ensuite nous les achetons et partageons avec eux une partie des bénéfices”, explique Cedric Bobo à l’AFP.

“Nous voudrions qu’ils soient propriétaires et actionnaires des quartiers dans lesquels ils vivent, travaillent et jouent”, ajoute cet investisseur parmi les plus puissants de la capitale financière américaine.

“C’est dans le secteur immobilier qu’on peut s’enrichir”, martelait aux étudiants lors d’un récent séminaire Alex Rodriguez, légende du baseball et fiancé de Jennifer Lopez.

“Peu importe si tu as de l’argent, peu importe d’où tu viens. Le secteur immobilier est une façon d’échapper au ghetto”, assurait-il.

Lui-même est un bon exemple: il a commencé dans l’immobilier en achetant un duplex en Floride en 2003. Aujourd’hui, sa société Monument Capital Management possède plus de 10.000 appartements.

Jovani Amaxtal rêve de faire comme lui. “Je suis ravi d’apprendre comment fonctionne le marché immobilier. C’est là qu’est l’argent”, dit cet étudiant en philosophie de 18 ans, dont la mère mexicaine gagne sa vie en tranchant du pain à la chaîne, utilisé ensuite par les petits restaurateurs ambulants.

‘Tout le monde peut y arriver’

Pourtant, même dans le Bronx, le quartier le plus pauvre de New York, l’immobilier se paie cher: le mètre carré se négocie en moyenne à 3.081 dollars, à comparer au revenu annuel moyen par famille dans le Bronx, de 35.176 dollars.

“Je viens moi aussi d’un milieu modeste. Ma mère avait deux boulots, mais je savais que je serais le chef de famille et que je ferais la différence. Ne vous contentez pas de moins. C’est ça le rêve américain”, assène le champion de baseball, surnommé “A-Rod”, à ses protégés.

“C’est dur mais tout le monde peut y arriver. Il ne faut pas d’énormes sommes d’argent, on peut démarrer petit et construire un portefeuille avec le temps”, souligne un autre professeur du programme, Charles Wu, enseignant à Harvard.

Ces discours de battant semblent porter.

“J’ai dit à mon amie que dans 10 ans, je serais propriétaire de mon immeuble”, dit en riant Andrea Alarcon, une étudiante de 17 ans originaire d’Equateur, dont la mère travaille de longues heures comme serveuse dans un restaurant pour subvenir aux besoins de sa famille.

“Devenir propriétaire? Je serais ravi, je suis prêt”, dit Ruben Germosen, 18 ans. Il a visité la semaine dernière le campus d’Harvard, à Boston, avec Cedric Bobo, et espère postuler pour intégrer la prestigieuse université l’année prochaine – même s’il ne sait pas du tout comment il financera ses études s’il est accepté.

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