“Le vent favorable sur le marché immobilier diminue”

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Selon Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING Belgique, les taux d’intérêt à long terme ont atteint un niveau plancher. “Le vent favorable sur le marché immobilier diminue donc, à un moment où les prix ne sont déjà pas très bon marché.”

Certaines banques ont récemment augmenté les taux d’intérêt hypothécaires (BNP Paribas Fortis, Crelan,…). D’autres banques ont augmenté les frais pour l’ouverture d’un dossier de crédit (KBC). Prévoyez-vous qu’une augmentation des taux hypothécaires ou un éventuel durcissement de l’octroi de crédit aura un impact sur le marché immobilier belge au cours des prochaines années?

Vanden Houte: “Le marché immobilier belge n’a jamais connu de vraie correction au cours de la dernière décennie. Par rapport aux revenus, les prix des logements belges sont plutôt élevés, mais les faibles taux ont largement compensé cela. Les changements dans la déductibilité fiscale des crédits hypothécaires dans les trois Régions devraient normalement avoir mené à une correction des prix de 5 à 10%, mais cela n’a pas encore eu lieu jusqu’à présent. Cela crée pas mal de nervosité auprès de l’organisme de contrôle, ce qui fait qu’à l’avenir les banques devront vraisemblablement mettre plus de capital de côté pour chaque crédit hypothécaire octroyé, ce qui fera plutôt augmenter les taux. Par ailleurs, les taux à long terme ont atteint leur niveau plancher, bien que nous ne prévoyons pas de forte hausse non plus. Le vent favorable sur le marché immobilier diminue donc, à un moment où les prix ne sont déjà pas vraiment bon marché, mais un vrai crash semble également peu vraisemblable. Au cours des prochaines années, nous prévoyons une évolution des prix qui devrait être inférieure à l’inflation, ce qui signifie que l’immobilier deviendra moins cher en valeur réelle.”

D’un sondage du Soir, il ressort que 58% des répondants pensent qu’ils ont moins de pouvoir d’achat qu’il y a 12 mois. Un sondage de VTM montre que 6 Belges sur 10 trouvent la vie plus chère sous le gouvernement Michel I. Cette perception est-elle juste? Cette perception peut-elle peser sur la confiance des consommateurs et sur leurs dépenses ?

Vanden Houte: “La perception de perte du pouvoir d’achat en Belgique est probablement plus forte que la réalité, parce que les mesures d’économie du gouvernement ont été relativement mises en exergue, bien que tout le monde ne soit pas touché par toutes les mesures en même temps.

C’est bien sûr exact que les impôts plus élevés sur l’énergie ont gonflé l’inflation ces 12 derniers mois. Depuis le début du gouvernement Michel il y a un an et demi, les prix à la consommation ont déjà augmenté d’environ 2,6%; au cours des trois ans du gouvernement Di Rupo, c’était à peine de 3%. Le revenu disponible par habitant a quant à lui plus augmenté pendant l’année et demie précédente qu’au cours du gouvernement précédent, surtout grâce à l’augmentation du nombre d’emplois.

Peut-être que tous les Belges n’ont pas progressé à ce niveau, mais étant donné que la croissance de la consommation des ménages au cours de l’année écoulée est clairement passée à une vitesse supérieure, l’évolution du pouvoir d’achat devrait, dans l’ensemble, se porter tout de même bien.”

Le 17 juin, la banque centrale américaine examinera à nouveau la possibilité de modifier sa politique de taux. Selon vous, quelle est la probabilité d’une augmentation de taux ? Et quel effet cela aura-t-il sur le reste du monde ? Sur nous ?

Vanden Houte: “Il est clair que la Federal Reserve désire pour l’instant garder toutes les options ouvertes, bien qu’il n’y ait déjà eu guère de croissance, ou à peine, au premier trimestre. Selon les estimations ‘real-time’ de la Federal Reserve, la croissance devrait tourner autour des 2% au second trimestre: bien, mais pas exceptionnel. Il n’y a également aucune urgence pour augmenter les taux, notamment parce que l’inflation reste faible. Une Fed à consonance trop agressive entraînerait en outre, mondialement, une turbulence sur les marchés et une aversion du risque, d’où un durcissement des taux deviendrait alors à nouveau moins nécessaire. Nous visons plutôt une augmentation des taux en septembre. Dans ce scénario, il n’est pas dit que le dollar recevra un coup de pouce dans le dos, vu que pour cette année, on compte déjà certainement une augmentation de taux additionnelle.”

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