Le photovoltaïque gratuit pour tous?

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En pleine croissance, la société wallonne Alma Terra promet le photovoltaïque gratuit à tout un chacun. Au vrai bénéfice du client ?

Trop beau pour être vrai. Voilà, de prime abord, la réflexion légitime que formule n’importe quel consommateur confronté à l’offre d’Alma Terra, une jeune société wallonne dont la spécialité consiste à gérer les projets photovoltaïques des particuliers de A à Z. Car cette entreprise située dans le parc scientifique Crealys (province de Namur), promet un “full service” d’accompagnement gratuit au quidam qui veut s’aventurer dans l’énergie solaire. En clair, Alma Terra s’occupe de toutes les démarches administratives, du contact avec les entrepreneurs et les organismes financiers, et, surtout, du remboursement de l’emprunt à la place du client qui ne débourse pas le moindre euro ! Où est l’arnaque ? “C’est la question qui revient le plus souvent, sourit Bernard Annet, le gérant-fondateur d’Alma Terra, mais il n’y en a pas. Notre business model est simple et transparent : outre les réductions d’impôts, nous récupérons les certificats verts qui sont octroyés au client en tant que producteur d’énergie durable.” Traduction : la société de services namuroise se sucre sur les juteux incitants accordés par la Région wallonne aux adeptes du photovoltaïque.

Car pour un investissement de base de 10.000 à 15.000 euros dans une installation verte, on peut estimer que le retour sur investissement sera deux à trois fois supérieur au terme de 15 années d’utilisation. Bref, Alma Terra se charge de toutes les paperasseries, travaux et autres financements, mais elle gagne en retour les rentables certificats verts offerts au client par l’administration wallonne.

De 26 à 118 employés !

Et le business est juteux. La preuve : lancée avec un seul collaborateur en juin 2009, la société de Bernard Annet compte aujourd’hui 26 employés et finalise actuellement un plan d’engagement de 92 personnes supplémentaires ! La raison de cet empressement soudain à porter l’effectif de l’entreprise à 118 personnes ? “Le gouvernement wallon a reconnu que le photovoltaïque est sur-subsidié et va donc modifier les conditions d’octroi des certificats verts à partir du 1er décembre 2011, précise le patron d’Alma Terra. Notre objectif est donc de signer un maximum de contrats d’ici là, même si notre activité se poursuivra bien évidemment au-delà de cette date symbolique.”

Tirant profit de la méconnaissance, de la méfiance et, surtout, de la fainéantise du consommateur belge dans la gestion d’un dossier photovoltaïque, cette société wallonne en pleine expansion a donc flairé la bonne affaire en jouant la carte du “full service”, ce qui suscite évidemment quelques critiques dans le petit monde de l’énergie verte. “Alma Terra pratique le mensonge par omission en cachant délibérément au client ce qu’il va gagner avec les certificats verts et en empochant ce fameux retour sur investissement, s’insurge Hugues Veraghaenne, patron de Solar Concept, un distributeur-installateur spécialisé en énergie solaire. Car il ne faut pas inverser les rôles. La rentabilité doit rester dans la poche de la personne qui est in fine responsable du crédit, c’est-à-dire le client !” “Nous jouons la carte de la transparence, rétorque Bernard Annet, mais nous ne poussons pas l’honnêteté jusqu’à informer le client de ce qu’il pourrait effectivement gagner au final, concède-t-il malgré tout. Ce qui importe au consommateur, c’est de bénéficier avant tout d’une électricité gratuite, sans devoir sortir un seul euro à aucun moment, et en ayant la garantie d’une sécurité totale, à savoir une assurance omnium pendant 15 ans !” Et pour la plupart des clients d’Alma Terra, ce bénéfice-là est déjà amplement suffisant.

FRÉDÉRIC BRÉBANT

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