Immo à Woluwe-Saint-Pierre : prisée, vous avez dit prisée ?

© A2RC Architects/G. De Kinder

A des prix longtemps surfaits sous la pression de la demande a succédé un tarissement des transactions. Et quelques gros développements ont saturé l’offre.

Woluwe-Saint-Pierre a vu sortir de terre de nombreux nouveaux projets depuis cinq ans. C’est vrai qu’elle avait tout pour plaire : calme, résidentielle, bien située et prisée… Des atouts appréciables et des critères de choix pour une commune verte. Côté transactions sur le marché de l’occasion, en revanche, pas de quoi pavoiser : il s’échange ici deux fois moins de biens qu’à Ixelles et Uccle. Reste le nombre de villas vendues, reparti vers une hausse relative.



“Dans la période dorée (2007-2008), les villas quatre façades (quatre chambres) de 250 m² sises sur un terrain de quatre ares se vendaient encore, même après plusieurs offres, à 900.000 euros, illustre Jean Corman, directeur chez Victoire Properties et très actif sur la zone. Aujourd’hui, ce genre de villas monte entre 780.000 et 830.000 euros.”



Pour lui, maintenir ici coûte que coûte un prix au-dessus du marché n’a plus de sens. Les extrêmes se sont lissés et les prix se situent dans une fourchette plus raisonnable que les années précédentes. “Par contre, pour des maisons moins grandes mais de qualité, le prix de vente se situait entre 300.000 et 400.000 euros il y a seulement quelques années, ajoute-t-il. Or, actuellement, pour devenir propriétaire de ce genre de maison, on est contraint de dépasser la barre des 700.000 euros.”



Traces de crise

Certains projets de logements neufs, comme celui baptisé Perlino, avenue des Grands Prix, sont arrivés en phase terminale. Les penthouses ont toujours plus de mal à trouver acquéreur : leur situation haut perchée fait apparemment tourner la tête aux promoteurs, côté prix. Mais l’acquéreur, lui, fait désormais passer le prix au m² avant le charme et le standing : l’enveloppe n’est plus aussi extensible, surtout si l’environnement n’est pas particulièrement exceptionnel.



A Woluwe-Saint-Pierre, où les promoteurs ont particulièrement tiré sur la corde – plus encore qu’ailleurs – la crise laisse des traces : le tissu résidentiel, dans ce qui se vend ou s’échange actuellement, a un prix de revient largement inférieur aux prix de marché. La plupart des villas et maisons échangées à des prix dépassant les 700.000 euros n’ont pas un cachet qui résiste à l’analyse objective du bien.



Dans la commune cossue du sud de Bruxelles, l’architecture de standing qui fait référence depuis 40 ans a rarement de quoi susciter une émotion débordante. On voulait être ici parce que c’était the place to be et on y mettait le surprix. Reste à voir si the place to be le restera à n’importe quel prix. Certains acquéreurs préfèrent aujourd’hui se tourner vers des localités où le bâti a davantage de relief, de variété et d’âme, comme Ixelles, Uccle, Watermael-Boitsfort, voire Etterbeek.



Jo Jacoby

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