Smartphones & Co : les nouvelles règles du jeu

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Le Mobile World Congress de Barcelone est le grand événement annuel du mobile. A travers les nouveautés présentées se jouent les grands tournants de l’industrie. Etat des lieux.

Le Mobile World Congress a débuté lundi à Barcelone et se clôture aujourd’hui. L’occasion de revenir sur les grandes tendances du marché du mobile.

La situation se tend sur les réseaux

De plus en plus de contenus disponibles (applications, etc.) et des ventes exponentielles de smartphones. Résultat : la consommation de données a explosé sur les réseaux. Les smartphones représentent 27 % du parc de téléphones mobiles aux Etats-Unis et 31 % dans l’Europe des Cinq (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie) selon comScore. Le nombre de mobinautes s’élève désormais à 47 % aux Etats-Unis, 37% dans les cinq pays européens précités.

Face à cette déferlante, les opérateurs n’ont pas encore de stratégie établie et homogène. On observe des tentatives de mettre fin aux forfaits illimités (Canada, Espagne, Etats-Unis), mais dans le même temps, la part des forfaits data illimités continue de croître. Elle s’élève à 29 % fin 2010 aux Etats-Unis, contre 21 % un an plus tôt, et à 8 % dans l’Europe des Cinq, toujours selon comScore qui a publié son rapport sur le secteur du mobile en 2010. La tendance consiste à baisser de plus en plus les prix de la voix, qui rapporte de moins en moins – quitte à lancer des forfaits voix illimités comme AT&T aux Etats-Unis, pour se rattraper sur le data.

Les opérateurs veulent aussi tenter de faire payer les gros consommateurs de bande passante tels que YouTube, pour qu’ils participent aux investissements dans les infrastructures. Et tâchent de générer de nouveaux revenus en lien avec les nouveaux usages, comme le m-commerce.

Le palmarès mondial des constructeurs est secoué

La guerre des smartphones a bousculé les positions des fabricants de téléphones. Aux Etats-Unis, Samsung a détrôné Motorola avec 24,8 % du parc de mobiles installés. Le sud-coréen est également premier en France devant Nokia, avec 34,1 % de la base installée. Aux Etats-Unis, quatre des cinq téléphones les plus vendus en 2010 étaient des smartphones, trois sur cinq en Europe.

Le système d’exploitation devient le premier critère de différenciation

Le succès des smartphones s’est accompagné d’une évolution dans les comportements d’achat. Le système d’exploitation est désormais le 2e critère d’achat pour les clients des smartphones, selon comScore, après la qualité du réseau de l’opérateur.

A ce petit jeu, Android est le grand gagnant de 2010. Grâce au nombre de terminaux disponibles, il a dépassé l’iPhone d’Apple (25 % du parc de smartphones) et détient 28,7 % de part de marché aux Etats-Unis, derrière BlackBerry (31,6 %). En Europe, le Symbian de Nokia contemple son déclin, de 63 % du parc en 2009 à 47,8 % en 2010, tandis qu’Android a grimpé de 10 points et l’iOS d’Apple de 6,2 points.

Pour tenter de se relancer, Nokia a choisi d’équiper ses prochains smartphones avec le Windows Phone de Microsoft pour marquer sa différence, plutôt que de se rallier à la vague Android. L’avenir dira s’il aura eu raison. Mais il devra aussi affronter la concurrence de HP et de ses téléphones et tablettes équipées de WebOS, véritable motif du rachat de Palm.

L’offre d’applications est désormais essentielle

La bataille des smarphones ne se limite plus au matériel mais s’est étendue aux logiciels qui permettent de nourrir les mini-ordinateurs que sont devenus les téléphones. Apple est pour l’instant le n° 1 avec son AppStore, mais la concurrence va se durcir. D’après Gartner, le marché des applications mobiles générerait plus de 15 milliards de dollars cette année, avec près de 18 milliards de téléchargements. Une hausse de 117 % par rapport à 2010, dont 81 % seront des téléchargements gratuits.

Problème : la multiplication des systèmes d’exploitation complique la tâche des développeurs d’applications. D’où la nécessité, pour chaque plateforme, de proposer les conditions de développement et de commercialisation les plus attrayantes. Face à Apple, qui prélève une dîme de 30 % sur chaque application vendue, des opérateurs télécoms (Orange, AT&T, Vodafone, etc.) et des fabricants (Samsung, Ericsson, etc.) ont donc lancé commercialement, à Barcelone, leur plateforme ouverte d’applications, baptisée WAC. Laquelle concurrencera également les écosystèmes Google-Android, Nokia-Microsoft et HP-WebOS.

Les terminaux se diversifient et s’agrandissent

Concernant les terminaux eux-mêmes, la principale nouveauté de 2010 a été l’apparition des tablettes, une nouvelle catégorie de terminaux mobiles qui cannibaliserait le marché du PC (de 3 points de croissance cette année, selon Morgan Stanley) mais pas celui des smartphones, puisque plus de la moitié des personnes qui envisagent d’acheter une tablette aux Etats-Unis (et plus d’un tiers en Europe) voient ce terminal comme un appareil complémentaire, affirme Morgan Stanley.

Les tablettes représentent un vrai défi pour les opérateurs mobiles, qui ne sont pas parvenus jusque-là à en tirer parti. Si bien que 2011 devrait les voir passer à l’offensive avec de nouvelles offres de forfaits 3G multi-terminaux, permettant aux clients de partager leur accès entre smartphone, tablette et PC portable. Orange a été le premier à dégainer en annonçant en fin de semaine dernière une offre pour avril. Celle-ci combinera un forfait tablette et un forfait smartphone.

Dans le domaine des smartphones, la tendance est clairement aux grands écrans (diagonale égale ou supérieure à 4 pouces), popularisés par les mobiles Android. D’ailleurs, Apple envisagerait de doter son iPhone 5 d’un écran de 4 pouces.

Le paiement sans contact arrive

Cette année, au Mobile World Congress, on voit déjà pointer ce qui sera l’une des tendances de 2011 : le sans-contact. Samsung, notamment, a présenté un smartphone équipé de la technologie NFC (Near Field Communication). En France, Orange, Bouygues, SFR et NRJ Mobile ont annoncé leur intention d’équiper dès cette année 1 million de clients de téléphones disposant de cette fonction sans contact, permettant par exemple de transformer son téléphone en porte-monnaie électronique, en le passant devant un capteur.

Au Japon, pionnier de ce système, près de 10 % de la population l’utilise déjà pour effectuer des transactions (à la caisse du supermarché, dans les distributeurs automatiques, les transports publics, les restaurants, etc.). En France, Orange a encore une fois été le premier à s’emparer de cette technologie : l’opérateur a annoncé le lancement du Samsung Wave 578 en Europe au 2e trimestre, un téléphone compatible NFC. LG et Nokia devraient suivre. Orange a l’intention de déployer 500.000 mobiles NFC en 2011 et de commander des cartes SIM NFC pour tous ses clients au forfait à partir de mi-2011, indique le quotidien Le Figaro.

Autres nouvelles fonctionnalités qui devraient dynamiser le marché des smartphones en 2011 et surtout les années suivantes : la 4G et la 3D.

Raphaële Karayan, L’Expansion.com

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