Pourquoi Disney s’offre Tapulous, star belge des jeux pour iPhone

Fondé par un Belge, l’éditeur Tapulous, “success story” des applications de jeu sur iPhone, passe aux mains du groupe Disney. Après avoir investi dans une start-up du jeu social, le groupe mise gros sur l’autre tendance phare du jeu vidéo actuel : le mobile.

L’éditeur de jeux pour iPhone Tapulous a annoncé jeudi qu’il se faisait acheter par le géant des médias Disney, afin de devenir “leader dans le divertissement mobile”. Les termes de la transaction n’ont pas été précisés.

“Nous développerons plus de jeux, plus vite et avec les ressources du leader mondial du divertissement”, a souligné le Belge Bart Decrem, fondateur et CEO, sur le blog de Tapulous, affirmant “déborder littéralement d’idées pour de nouvelles applications”. Côté Disney, on indique que “Tapulous renforce le portefeuille de jeux et de divertissement dans le secteur en plein essor du mobile.”

Le principal jeu de Tapulous, Tap Tap Revenge, téléchargé sur 30 % des iPhone/iPod, consiste à tapoter sur de petites billes sur fond musical de diverses chansons. C’est, selon la société, le jeu le plus populaire de l’App Store d’Apple, téléchargé 35 millions de fois, avec un milliard de chansons jouées.

Tapulous se présente comme une société bénéficiaire, financée par de grands noms de la Silicon Valley comme Khosla Ventures. Bart Decrem, un Belge diplômé de la prestigieuse université californienne de Stanford et associé au lancement du moteur de recherche Firefox, l’a créée en 2008 avec Andrew Lacy, un ancien du cabinet de conseil McKinsey, diplômé de l’université de Melbourne et de Stanford.

Une acquisition stratégique pour Disney

Les jeux représenteraient une application sur trois dans les boutiques d’applications. C’est l’arrivée de l’iPhone, puis des autres smartphones à écran large et tactile, qui a fait décoller les usages. Le lancement de l’iPhone suivait en outre de près l’essor du casual gaming, des jeux courts, faciles et consommables, qui ont ouvert la pratique du jeu vidéo à de nouveaux publics, notamment plus féminin et plus adulte.

Pour Olivier Vialle, associé de PricewaterhouseCoopers et spécialiste du jeu vidéo, le jeu sur mobile est ainsi une vraie tendance de fonds : “Le casual gaming s’est d’abord développé sur le Web, sur un modèle souvent gratuit, puis le phénomène s’est prolongé sur la console portable Nintendo DS. Aujourd’hui, l’iPhone est devenu une véritable plateforme concurrente.”

L’acquisition de Disney ne fait que confirmer cette évolution du marché. Selon Olivier Vialle, c’est une belle opération pour les deux entreprises. “Je pense que Tapulous a été valorisée très cher. Pour Disney, c’est un investissement intelligent, car ils acquièrent des compétences dont ils ne disposent pas en interne, comme Electronic Arts l’a fait en rachetant l’éditeur de jeux sociaux Playfish (Ndlr, cofondée par un autre Belge, Sébastien de Halleux). De plus, les jeux de Tapulous sont familiaux et donc parfaitement compatibles avec les valeurs de Disney. Enfin, je pense qu’ils ont fait ce mouvement au bon moment. Tapulous a prouvé sa rentabilité sur iPhone et, Apple ouvrant à la publicité sa plateforme, celle-ci devient vraiment attrayante pour des jeux qui rencontrent un large public.”

La stratégie de Disney vise clairement à préempter les nouvelles tendances du jeu vidéo, à savoir le mobile et les jeux sociaux. En juin, le groupe a investi plusieurs millions de dollars dans Playdom, un spécialiste des jeux sociaux sur MySpace et Facebook. Disney Interactive Media Group revendique déjà “de nombreux succès” dans le domaine des jeux pour portables, dont plusieurs ont été téléchargés plus d’un million de fois, comme Alice in Wonderland Lite, Fairies Fly Lite et JellyCar 2, le jeu payant de Disney ayant rencontré le plus de succès à ce jour.

Le boom du jeu sur mobile

Rien qu’en France, il s’est vendu 32 millions de jeux sur mobile en 2009, ce qui représentait un marché de 90,8 millions d’euros selon GfK, soit 54 % du chiffre d’affaires total des contenus sur mobile. Une croissance en valeur de plus de 8 % sur un an, essentiellement due aux smartphones, les ventes de jeux Java traditionnels ayant commencé à diminuer en 2009. TNS et Gamesindustry.com sont encore plus optimistes, estimant que 1,85 million de consommateurs ont dépensé 115 millions d’euros en 2009 pour jouer à des jeux vidéo sur leur téléphone portable.

D’après GfK, sur les smartphones, un seul jeu téléchargé sur quatre est payant, ce qui signifie que le marché en volume est bien plus important. En 2010, GfK prévoit un volume de téléchargement de 8 millions de titres payants sur smartphones en France, soit 32 millions d’euros. L’étude de TNS et Gamesindustry.com sur les jeux vidéo indique que ce sont les joueurs sur iPhone qui sont le plus enclins à payer : 80 % paieraient pour leurs jeux, contre 58 % des joueurs sur Samsung.

Pour Olivier Vialle, le développement de la publicité sur les plateformes mobiles devrait encore accélérer la croissance du jeu mobile, car les jeux devraient pouvoir y trouver de nouvelles sources de revenus. Il ajoute que “tous les types de jeux vont se retrouver sur ces plateformes, y compris les jeux d’argent”, paris en ligne et poker, qui viennent de s’ouvrir à la concurrence en France. Les tablettes sont un autre vecteur de croissance pour les jeux mobiles. Tapulous est déjà présent sur l’iPad, avec son jeu Tap Tap Radiation.

Raphaële Karayan, L’Expansion.com

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