Vessel, cette nouvelle plateforme payante qui veut détrôner YouTube

© capture d'écran

La plateforme américaine Vessel met en place un modèle économique basé sur une meilleure rémunération des créateurs de contenus et l’exclusivité des vidéos. Suffisant pour mettre Youtube au tapis?

Avec son milliard d’utilisateurs, YouTube trône au sommet de la vidéo en ligne. Dailymotion ou encore Yahoo! ont bien essayé de l’y déloger. Tous s’y sont cassé les dents. Un petit nouveau, Vessel, pourrait bien changer la donne.

Cofondé par deux anciens membres de Hulu (plateforme de vidéo à la demande, concurrent de Netflix), le site américain mise sur un modèle économique inédit. Moyennant un abonnement de trois dollars par mois, Vessel offre la possibilité à ses utilisateurs de découvrir les vidéos de centaines de créateurs de contenu, partenaires du projet (“youtubeurs” vedettes, humoristes, animateurs, émissions à succès…), avant leur sortie officielle sur d’autres plateformes. Un système d’exclusivité mis en place durant trois jours et qui représente, pour ces créateurs, un attrait financier unique puisque la start-up leur promet 60 % du montant généré par les abonnements. Selon Jason Kilar, cofondateur de Vessel, cité par lemonde.fr, “cela équivaut à une somme de 50 dollars pour 1000 visionnages, soit 25 fois plus que chez YouTube.”

Visibilité vs rentabilité

Conscient que YouTube représente un passage obligatoire pour les producteurs de contenus (qui bénéficient de son milliard d’utilisateurs par mois), Vessel ne leur impose pas de choisir entre ses services (rentabilité supérieure) et ceux de la plateforme de chez Google (visibilité). Il préfère jouer sur la complémentarité des activités.

La start-up californienne propose aussi des vidéos gratuites à ses utilisateurs, financées par la publicité. Une autre aubaine pour les créateurs de contenu, qui bénéficieront de 70 % des recettes publicitaires (contre seulement 55 % chez YouTube). De quoi, petit à petit, se faire une place de choix dans le monde de la vidéo en ligne. Et pourquoi pas titiller un jour YouTube, dont la rentabilité laisse à désirer.

Un lancement prometteur…

Avec ses rémunérations attrayantes, pas étonnant de voir que Vessel attire du monde. Lors de son lancement le 23 mars dernier, la plateforme comptait déjà 72.000 vidéos et des centaines de partenaires de premier choix, comme NBC, Buzzfeed, le New York Times, Fox Sports, Ellen DeGeneres, la NBA ou encore Vevo, le service de diffusion de clips musicaux. La société, qui a déjà levé 134,5 millions de dollars depuis son lancement en juin 2014, peut compter sur le soutien d’investisseurs prestigieux tels que Jeff Bezos, fondateur et patron d’Amazon, ou de fonds internationaux comme Benschmark ou Greylock Partners.

…mais un avenir incertain

Pour fonctionner, Vessel mise sur son offre exclusive de contenu vidéo. D’après son cofondateur Jason Kilar,les consommateurs de vidéos en ligne sont prêts à payer pour les regarder en avance”. Mais rien n’est moins sûr. Le positionnement choisi, sur un marché où la gratuité s’est imposée comme la norme, est délicat. La survie de la plateforme résidera dans sa capacité à développer une audience suffisamment importante, pour que les créateurs de contenu y trouvent leur compte économiquement. Si le nombre d’abonnés ne décolle pas, Vessel aura alors bien du mal à conserver l’exclusivité de trois jours sur les vidéos, rendant son offre encore moins attractive.

Autre problème pour la start-up ? Le lancement (très prochainement), par YouTube d’un service d’abonnement payant. Pour une dizaine de dollars par mois, le géant américain proposera aux internautes un tout nouveau service payant, qui permettra de visionner des vidéos sans publicité. L’abonnement sera réparti à 45% pour YouTube et 55% pour les créateurs de contenu. Un modèle se rapprochant de celui préconisé par Vessel, ce qui pourrait en diminuer l’impact.

Augustin Lippens

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content