Pourquoi le nouveau Facebook pro ne concurrencera pas LinkedIn

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La réseau de Mark Zuckerberg à l’attaque de l’entreprise. Avec le lancement de ” Facebook at work “, le réseau social envisage d’entrer dans l’univers professionnel. Beaucoup y voient un concurrent à LinkedIn ou Viadeo. En réalité, Facebook pourrait bien avoir d’autres objectifs…

C’est officiel, la firme de Mark Zuckerberg déploie un réseau social professionnel en marge de son Facebook traditionnel. Le géant des réseaux sociaux a commencé un test, auprès de diverses entreprises, de son “Facebook at work”, un projet qui avait fuité dans la presse en novembre 2014. Mais qui se concrétise donc.

Concrètement, “Facebook at work” fonctionne à la manière de son grand frère utilisé par plus d’un milliard d’internautes sur la Terre. Fil d’actualité, outils de communication (messenger ?), liens d’amitié, etc. S’y ajouteraient des fonctionnalités propres, comme le partage de documents, des liens entre les entreprises, etc. Actuellement, Facebook at work ne peut être utilisé que par certaines personnes seulement, qui font partie de sociétés avec lesquelles Facebook a commencé le test.

Beaucoup de médias voient en Facebook un nouveau concurrent à LinkedIn et Viadeo. Difficile, pour l’instant, de voir la direction exacte que Facebook at Work prendra. Mais on l’imagine plutôt comme un concurrent de Yammer.

Ce à quoi Facebook s’affronterait

En effet, il y a fort à parier que le modèle que Mark Zuckerberg a en tête se distingue de son rival LinkedIn. S’y attaquer de front serait suicidaire, car sans faire les gros titres de la presse, le réseau social professionnel a beaucoup évolué depuis son lancement en 2003. Il a réussi à mettre en place un business model solide. A l’inverse de Facebook qui vit de la publicité, LinkedIn a su montrer qu’il était capable de monétiser un certain nombre de services et de ne pas dépendre de la seule publicité. LinkedIn propose un compte gratuit avec quelques services de base mais chaque utilisateur peut aussi souscrire à un “service premium” : il est en mesure de voir qui a consulté son profil, de quelle manière son contact l’a retrouvé, envoyer des messages, etc. Bien que le nombre d’utilisateurs “premium” ne représente qu’une petite portion des 332 millions d’utilisateurs, mais il ne cesse d’augmenter et croît d’ailleurs proportionnellement plus vite que le nombre d’inscriptions.

Ensuite, LinkedIn est parvenu à intéresser des firmes et des chasseurs de têtes en leur vendant des bases de données de CV et en leur proposant des services sur mesure : poster des annonces de jobs, contacter des utilisateurs, avoir des critères de recherche poussés, recevoir des alertes quand des profils correspondent à certains critères, etc. Ces revenus se révèlent évidemment bien plus intéressants que quelques publicités en marge du tableau de bord de l’utilisateur. En effet, ces services annuels qui représenteraient plus de 50 % de son chiffre d’affaires offrent à LinkedIn une certaine visibilité à moyen terme sur ses revenus en lui assurant des rentrées récurrentes. Surtout que, d’après Forbes, chaque client, une fois recruté, ne coûte plus rien en maintenance pour LinkedIn et que, d’une année à l’autre, le réseau social arrive à conserver 95 % des grosses sociétés qui travaillent avec lui !

Sur le terrain de Yammer

Du coup, Facebook devra proposer autre chose. Il y a fort à parier que la firme de Zuckerberg tente de s’engouffrer dans les entreprises en proposant un moyen de communication interne. Après tout, ce “Facebook at work” serait une adaptation, pour les autres, des outils en interne par son personnel pour communiquer. En proposant des outils efficaces de partage de documents, de communication, et des fonctionnalités type “intranet”, le géant des réseaux sociaux pourrait bien répondre à un besoin de nos entreprises.

Pour Patrick Rusby, research analyst chez Analysys Mason, Facebook a un potentiel : “de plus en plus de sociétés adoptent les technologies que leurs employés utilisent déjà en dehors du boulot, comme cela a été le cas avec les smartphones.” Mais pour cela, selon l’observateur, “Facebook devra proposer également une solution d’e-mail, ou en tout cas intégrer les mails existants, s’il veut être pris au sérieux dans le monde professionnel.”

Quant au modèle, Patrick Rusby voit de vraies possibilités de faire payer des services au sein des entreprises qui n’accepteront, bien sûr, pas de publicité. Une nouvelle source de revenus en vue pour Facebook donc qui, ainsi, développerait un nouveau pilier de son activité, comme le fait LinkedIn. Mais il y a fort à parier que les employés utiliseront, dans ce cas, Facebook at work pour communiquer en Interne tout en continuant à se servir de LinkedIn pour garder les liens avec leurs réseaux de contacts, ou trouver un nouveau job.

Car, il reste évidemment une question de taille à laquelle Mark Zuckerberg devra trouver une réponse : les entreprises laisseront-elle entrer le “loup” Facebook dans leur bergerie ?

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