Louer un produit Apple, arnaque ou bon plan ?

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La Fnac se lance dans la location-vente, avec un nouveau service appelé “Pass location”, disponible dans un premier temps pour les produits Apple que les clients pourront louer jusqu’à 24 mois, avant de se voir proposer de les racheter. Quels sont les avantages et les moins bons côtés d’un tel système ?

L’offre baptisée “Pass Location” se base sur une durée de 24 mois, elle est similaire aux procédés de leasing déjà existants dans le secteur de l’automobile. Les clients peuvent louer les derniers produits de la marque à la pomme – iPhone, iPad, MacBook et iMac d’une valeur comprise entre 300 et 3 000 € – en payant chaque mois une somme définie en fonction du prix du produit choisi. Au terme des deux ans, le consommateur aura la possibilité d’acheter le produit, de changer de produit sans frais ou de stopper la location, “sans frais en fin de contrat”, assure l’enseigne. Il sera également possible dès le 13e mois d’échanger son produit (sans frais toujours) pour un modèle plus récent de la même gamme.

Une telle location revête plusieurs avantages, mais peut aussi se révéler être une arnaque financière pour celui qui ne calcule pas bien ses dépenses au terme des deux ans de location. En termes d’avantages, on peut citer le fait que cette option satisfait les technophiles qui, à l’heure de l’obsolescence programmée, sont à l’affut des nouveautés technologiques qui sortent à une cadence effrénée. Cette offre permet aussi aux plus indécis de prendre le temps de tester un produit avant de l’acheter.

Le client perdant financièrement

Mais là où le bât blesse, c’est quand le client se tourne vers ce système de location dans le but d’acquérir un bien sans devoir débourser une importante somme d’argent, cela s’apparente alors à une nouvelle forme de crédit à la consommation. “L’acquéreur doit s’interroger sur le coût de revient final du bien, généralement plus élevé que sa valeur initiale“, prévient Marc Vanhuele, professeur de marketing à l’école HEC, interrogé par Le Figaro. “L’attrait du prix ne doit pas être la première motivation, car, dans certains cas, il s’agit presque d’arnaque“, ajoute l’expert.

Et en effet, en effectuant quelques calculs, on en arrive à la conclusion que le client est perdant financièrement dans ce système de location. Exemple : pour louer un iPad Air d’une capacité de stockage de 16 GO avec WiFi, cela revient à une vingtaine d’euros par mois (20,70 précisément) avec une garantie panne de 2 ans. Au terme de ces 24 mois de leasing, si la personne désire acquérir l’objet, elle devra débourser près de 615 euros (en incluant l’option d’achat de 118,21 euros). En choisissant le leasing plutôt que l’achat direct, le client perd donc au final 125,11 euros sur un iPad. Et dans le cas où le consommateur rend l’appareil au bout des deux ans, la location lui aura coûté plus cher que le prix d’achat de l’iPad Air (489,90 euros au lieu de 496,80 euros). Pour un iMac Intel dont le prix d’achat d’origine est de 1799,90 euros, la somme que l’utilisateur doit rajouter s’il veut acheter l’objet au terme du leasing monte même à 549 euros.

La Fnac assure pourtant que ce coût demeure inférieur à celui d’un crédit à la consommation, et permet en outre d’abandonner son engagement au bout de 12 mois — en optant pour un produit plus récent ou, dernière subtilité, moyennant trois mensualités de pénalité. Si ce système locatif se révèle intéressant pour un renouvèlement régulier de ses gadgets technologiques dernier cri, il reste assez couteux pour les acheteurs, il est surtout une manière pour le groupe FNAC de relancer la consommation de produits high-tech dans ses magasins.

Comme l’expliquait Le Figaro dans un article paru en 2013, le prêt longue durée avec option d’achat ou leasing devient une tendance dans la grande consommation et ne cible pas nécessairement les petits budgets touchés par la crise. On peut ainsi louer un jeans 5 euros par mois ou une machine à expresso 6,5 euros, tandis que montres, sacs et vêtements de luxe ont aussi leurs sites Internet de location-vente. En septembre dernier, le groupe Intermarché avait déjà lancé une offre similaire portant sur l’électroménager et le high-tech avec des locations d’une durée de deux à cinq ans, pour des équipements d’une valeur minimale de 349 euros. L’offre de l’enseigne récolte un certain succès puisque 10 % des produits techniques écoulés le seraient par ce biais selon le site O1.net. Reste à voir si cette stratégie se révèlera payante sur des objets aussi personnels que des téléphones et des ordinateurs.

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