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‘Comment Facebook peut-il lutter contre le suicide, sans violer nos vies privées ?’

Les réseaux sociaux n’ont pas toujours bonne presse. Ils sont souvent accusés d’utiliser les données personnelles que nous laissons au cours de nos usages sur le Net pour les revendre ensuite aux annonceurs, afin que ceux-ci nous envoient des pubs plus ciblées.

Les réseaux sociaux n’ont jamais nié qu’ils se servent de nos données personnelles comme d’un carburant pour gagner de l’argent. D’ailleurs, disent-ils, c’est le prix à payer pour la gratuité de tous leurs services. Autrement dit, les réseaux sociaux sont gratuits parce que nous acceptons implicitement de vendre nos données les plus intimes. Tout cela n’est pas nouveau…

En revanche, ce qui est nouveau à mes yeux – je l’ai appris en lisant le New York Times, cette semaine – c’est qu’un réseau social aussi puissant que Facebook puisse chercher à diminuer le taux de suicide justement grâce aux informations que nous laissons dans nos posts. Fin 2014 par exemple, l’Américaine Carrie Simmons avait ouvert son appli Facebook et avait découvert et lu le post d’un ancien ami qu’elle n’avait plus vu depuis longtemps. Or, ce post l’a alarmée, car il ressemblait à la lettre d’un futur suicidé. L’ami en question remerciait tous ses proches et semblait leur dire adieu. Heureusement, Carrie Simmons a pu prévenir un autre ami policier qui s’est rendu à toute vitesse cette personne suicidaire et l’a trouvée dans sa voiture… un révolver sur ses genoux. C’est comme cela qu’il a pu être sauvé, juste avant qu’il ne se tire une balle dans la tête. Carrie Simmons a avoué que si elle n’avait pas lu ce post sur Facebook, et surtout si elle n’avait pas suivi une formation anti-suicide, son ami ne serait plus parmi nous aujourd’hui.

Le défi de Facebook: prévenir les suicides, sans donner l’impression qu’une fois de plus, il s’immisce dans nos vies privées

Comme vous le savez, Facebook rassemble environ 1,6 milliard d’êtres humains sur son réseau, et parmi ceux-ci, un tiers poste des messages négatifs sur eux-mêmes. Ce sont d’ailleurs ces posts qui attirent le plus de commentaires empathiques de la part des amis, et c’est normal par ailleurs. C’est pourquoi Facebook a rappelé que ses équipes travaillent depuis 10 ans environ pour mettre en place des outils numériques qui peuvent prévenir les suicides. Et c’est d’autant plus important qu’aux États-Unis le taux de suicide est à son niveau le plus élevé depuis 30 ans, notamment parmi les femmes. Or justement, 77% des Américaines utilisent Facebook.

Toute la stratégie de Facebook consiste donc à rendre service à ses membres – en tentant de prévenir les suicides – sans toutefois donner l’impression qu’une fois de plus, ce réseau social s’immisce dans nos vies privées en lisant et analysant nos messages. Facebook pense que, bien souvent, des amis veulent aider des personnes suicidaires, mais ne savent pas quoi faire ni comment réagir. Or, comme Facebook est le réseau des amis par excellence, sa direction part du principe qu’il faut donner des outils d’alerte numériques pour aider les membres en contact avec les personnes suicidaires.

Reste évidemment la question de la vie privée. Comment aider les autres sans leur donner l’impression qu’ils sont suivis à la trace par une sorte de Big Brother numérique ? C’est la question qui est posée à la direction de Facebook, ainsi qu’à chacun d’entre nous.

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