Brussels Blockchain Week: “Bruxelles va vibrer au son de la blockchain”

Raoul Ullens et Christophe De Beukelaer. © PG

Extraire nos entreprises, nos décideurs et notre quotidien de l’ignorance d’un nouveau monde, voilà la mission évangélisatrice que se sont donné les organisateurs de la première Brussels Blockchain Week.

“Tout le monde éprouve de la curiosité pour la blockchain et ses applications (Web3, NFT, bitcoin, DeFi, métavers, etc.). Mais tous les curieux ne savent pas par où commencer”, reconnaît d’emblée Raoul Ullens, associé du fonds NOIA Capital, spécialisé dans le financement des start-up crypto. C’est pourquoi, entouré d’autres entrepreneurs belges eux aussi passionnés par ces technologies de rupture, il organise un événement majeur qui leur est dédié. “Nous avons voulu proposer une porte d’entrée accessible afin que le public puisse mieux comprendre tous ces termes et leur potentiel.”

Du 20 au 25 juin prochains se tiendra dès lors la première Brussels Blockchain Week (BBW). Une grand-messe de la crypto comme on en a déjà vu à Paris et dans d’autres métropoles mais dans une formule “à la belge” . Les porteurs du projet ne s’adressent en effet pas à un club fermé, un entre-soi où ne se réuniraient que des geeks, des maximalistes du bitcoin et de gros investisseurs. Ici, tout le monde est convié, du grand public aux décideurs politiques, car il s’agit d’une initiative de sensibilisation, de démystification et d’émulation.

“Au-delà des conférences traditionnelles, il s’agit d’une semaine pendant laquelle Bruxelles vibrera au son de la blockchain grâce à l’écosystème belge”, assure Christophe De Beukelaer, le député bruxellois (Les Engagés) devenu cette année le premier parlementaire en Europe à percevoir son salaire en bitcoin. “Avec sa propre Blockchain Week, Bruxelles n’aura plus à rougir face aux autres capitales européennes”, ajoute-t-il.

Les grands esprits se rencontrent

Pour explorer les multiples enjeux et perspectives, cette semaine gravitant autour des technologies décentralisées rassemblera chez nous des acteurs de renom. Sur les dizaines d’intervenants, épinglons notamment Nicolas Bacca, le cofondateur de Ledger, leader mondial des hardware wallets, ces “porte-cryptomonnaies” aux allures de clés USB ; Sébastien Gouspillou, CEO de Big Block Green Services (BBGS), référence internationale des infrastructures de minage de bitcoin utilisant des énergies renouvelables excédentaires ; ou encore Maria Eisner Pelch, senior manager pour la multinationale Concordium, spécialiste des solutions d’identification décentralisées, experte dans l’utilisation de la blockchain pour atteindre la neutralité carbone. “La Belgique a un écosystème magnifique, il est temps de le mettre en valeur et de lui donner une chance de prendre de l’ampleur”, ajoute Raoul Ullens, qui a un double objectif derrière la tête. D’une part, fédérer les entrepreneurs du Web3 (la prochaine ère d’internet, un web décentralisé promettant un recentrage sur les fondamentaux communautaires). D’autre part, démontrer le pouvoir transformationnel de ce Web3, l’écosystème nécessitant des événements qui attirent un public plus large pour stimuler son adoption.

Tout le monde est convié, du grand public aux décideurs politiques, car il s’agit d’une initiative de sensibilisation, de démystification et d’émulation.

L’occasion est par ailleurs idéale pour braquer les projecteurs sur des pionniers belges de l’industrie blockchain. A l’instar de Keyrock, la start-up bruxelloise qui développe des algorithmes visant à fluidifier les échanges sur le marché des actifs numériques. Son CEO, Kevin de Patoul, viendra décrypter les rouages de l’efficience de ces nouveaux marchés financiers, aux côtés de Tim Dierckxsens, patron d’une autre pépite belge du Web3, Venly.

Autour des deux principales journées de conférences et débats se tiendra une trentaine d’activités satellites, allant du workshop de simulation de blockchain d’entreprise à l’immersion dans le métavers, en passant par une expo de NFT au club The Merode ou un apéro Web3 au Cryptosquare de Bruxelles.

Circonstances atténuantes?

Forts d’un programme prévoyant discours inspirants et opportunités de réseautage pour quiconque, quel que soit le niveau d’expertise, les promoteurs de la BBW garantissent aux participants de sortir changés par l’événement: mieux informés que jamais et reprenant volontiers le sophisme de la communauté crypto qui veut que comprendre, c’est adopter…

La conjoncture ne semble pourtant pas si propice à l’adoption du bitcoin et de ses innombrables cousines digitales. Depuis son krach le mois dernier, le marché crypto prête naturellement le flanc aux détracteurs qui en hypothèquent l’avenir. Une morosité ambiante nourrie par l’impact des places financières traditionnelles et des tendances macro, telle que la hausse des taux d’intérêt. Plus d’un investisseur sur cinq en Belgique déclare qu’il investira moins dans les cryptomonnaies si les taux d’intérêt continuent à augmenter, indique le baromètre mensuel de la banque ING.

“On ne regarde pas les bons indicateurs. Nous sommes dans un marché baissier, certes, mais l’adoption de la technologie ne cesse de croître”, objecte Raoul Ullens, de NOIA Capital. Les données soutiennent en effet que l’adoption du bitcoin, produit phare de la blockchain, se produit plus rapidement que pour les précédentes avancées techniques. A son rythme actuel, la reine des cryptomonnaies atteindrait un taux d’adoption mondiale de 10% d’ici 2030, a récemment confirmé la firme d’analyse new-yorkaise Blockware Intelligence. “Les cas d’usage se multiplient et toutes les grosses multinationales s’intéressent de près ou de loin à la blockchain. Il est grand temps que la Belgique en fasse de même”, exhorte le responsable de NOIA.

Vous voulez que l’on se réveille dans 10 ans pour constater que nous sommes devenus dépendants d’entreprises comme c’est le cas avec les Gafam aujourd’hui? Non? Alors il faut prendre conscience de ces enjeux et laisser les acteurs européens se développer dans un environnement favorable”

Wake-up call

L’économie réelle se numérise sans nul doute un peu plus chaque jour. Et pour les organisateurs de la première Brussels Week, l’une des technologies les plus déterminantes dans cette transition n’est autre que la blockchain. Son potentiel de transformation, à grand renfort de bases de données distribuées et transactions transparentes et sécurisées, ne s’arrête pas à la finance mais gagne les chaînes d’approvisionnement, les soins de santé, et change déjà nos façons de faire des affaires ou de gérer nos données. “Jusqu’ici, internet reposait sur la copie. Quand vous envoyiez un fichier à quelqu’un, vous aviez toujours une copie sur votre ordinateur. La blockchain permet de s’assurer que vous n’avez plus cette copie. C’est ça aussi le Web3, cela permet de garder le contrôle sur ses données personnelles”, souligne Christophe De Beukelaer.

Au point que, de par le monde, les régulateurs ont décidé de réagir, souvent pour tirer parti des progrès technologiques offerts par la blockchain. A l’exception de l’Europe où les négociations en trilogue (Parlement, Conseil et Commission européens) laissent présager un tour de vis plus musclé que nécessaire. “Vous voulez que l’on se réveille dans 10 ans pour constater que nous sommes devenus dépendants d’entreprises américaines, indiennes et chinoises comme c’est le cas avec les Gafam aujourd’hui? Non? Alors il faut dès lors prendre conscience de ces enjeux et laisser les acteurs européens se développer dans un environnement favorable”, fait valoir le député bruxellois.

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