Sauvegarder sa trésorerie en temps de crise

La sauvegarde de la trésorerie est une des priorités des entreprises familiales dans le contexte exceptionnel actuel. L’incertitude quant à l’évolution de la crise sanitaire et l’absence de perspective quant à un retour à la ” nouvelle normalité ” ne facilite pas la vie des sociétés. Les entreprises familiales détiennent pourtant de solides atouts.

Les entreprises familiales ont la réputation de ne pas aimer la prise de risques, de pratiquer la prudence financière, de s’endetter le moins possible et d’avoir une structure de financement pas toujours performante. Elles préfèrent garder les bénéfices réalisés au sein de l’entreprise plutôt que distribuer de généreux dividendes. “La valeur de l’actionnariat n’est pas optimisée”, leur reproche-t-on. De ce fait, les entreprises familiales disposent de réserves de liquidités très utiles par les temps qui courent.

Pas de couteau sur la gorge

Comment cet avantage se traduit-il concrètement?? Vu le contexte actuel, tous les scénarios de budget annuel ne sont que pures suppositions. Tout le monde y va de son grain de sel et imagine des scénarios basés sur des dynamiques différentes en termes de flux de trésorerie entrants et sortants.

Pas question de rejeter d’un revers de la main une collaboration de plusieurs années pour récupérer un peu de trésorerie à court terme.

L’entreprise familiale peut protéger sa trésorerie grâce aux relations sur le long terme avec ses partenaires qu’il devient urgent de réunir. Elle n’a pas pour habitude de mettre le couteau sur la gorge de ses fournisseurs et de ses sous-traitants. Et encore moins de suspendre unilatéralement, dans un délai de trois ou six mois, ses obligations contractuelles dans une communication écrite impersonnelle. Pas question de rejeter d’un revers de la main une collaboration de plusieurs années pour récupérer un peu de trésorerie à court terme. Il s’agit, au contraire, de tirer profit des liens historiques en cherchant, en toute transparence, des solutions acceptables pour chacun. Ces efforts peuvent se concrétiser par une baisse ou un étalement du paiement des loyers, des tarifs de transport ou une réévaluation des volumes convenus. Il y a aussi d’autres façons d’ajuster les frais fixes comme les frais d’entretien et de marketing extérieurs, par exemple.

Attention aux stocks

Les stocks consomment également beaucoup de trésorerie. Au fil des ans, les articles en stock ont considérablement augmenté en quantité et en gamme. ” Pas de stock, pas de ventes”, entend-on souvent dire. Mais la médaille a son revers : les besoins en fonds de roulement continuent de croître, surtout quand les achats se font outre-mer. Des ventes spéciales d’anciens stocks, l’évaluation des quantités minimales pour passer commande, le découplage des achats groupés imposés par les fournisseurs, un screening intelligent et la suppression des groupes de produits qui ne tournent pas sont quelques-unes des actions à entreprendre pour libérer du cash.

Du pain sur la planche

Les entreprises familiales ont tout intérêt à planifier leur trésorerie en fonction du nouveau contexte. Il y a du pain sur la planche. Cela implique l’intégration ICT des systèmes comme le système comptable, le système ERP, le système de gestion des stocks, les situations bancaires, les schémas de remboursement de crédits… L’intégration ICT n’est qu’un premier pas. Encore faut-il que l’entreprise familiale coordonne les différentes sources d’informations, de façon entièrement automatisée, afin de disposer de toutes les données nécessaires?: paiements des clients et des fournisseurs, ONSS et taxes, amortissements, loyers, etc. C’est la seule façon de faire une évaluation réaliste de l’évolution prévisible de la trésorerie et de savoir très précisément dans quelle mesure les fameuses réserves de liquidités aideront à surmonter la crise.

Jan Oosterlinck – Partner Family Business Advisory BDO

jan.oosterlinck@bdo.be

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