Monseu Recycling, papiers de famille
Implantée à Braine-le-Château, Monseu Recycling est spécialisée depuis plus de 30 ans dans la récupération et le recyclage de papier et carton de qualité noble destiné aux papeteries tant belges et qu’étrangères.
Cela fait des décennies que l’on entend parler de la fin du papier et de son inexorable disparition. Il est clair que son usage se réduit de plus en plus, même s’il existe encore quelques secteurs où le papier se porte très bien, voire progresse. Comme les cartons d’emballages dont la production et l’utilisation ne cessent d’augmenter grâce aux colis délivrés via le commerce électronique. Un commerce qui n’existait pas quand Didier Monseu démarre ses activités en 1981 dans un secteur qu’il ne connaissait pas de prime abord. Il l’a découvert grâce à Dominique, sa future épouse.
Qualités différentes
“Mes beaux-parents étaient actifs depuis plusieurs générations dans le métier, confie-t-il. Ils avaient quitté Braine-l’Alleud pour Huizingen où ils traitaient de plus grandes quantités de carton. Le bâtiment de Braine-l’Alleud étant vide avec une machine disponible, je me suis lancé dans l’aventure d’abord en personne physique avant de passer ensuite en société, d’abord en SPRL en 1985 puis en SA en 1990. A l’époque, je récupérais les chutes de papier dans les imprimeries. Le principe est simple, on collecte, on trie et on vend ensuite aux papeteries en respectant leur cahier de charges. Nous leur fournissons ainsi des ballots de papier de qualité comparable qu’ils intègrent en tant que matière première secondaire dans leur processus de production. Nous proposons ainsi une vingtaine de qualités de papier différentes.”
Aujourd’hui, le principe n’a pas changé. Si ce n’est que le nombre d’imprimeries s’est réduit depuis 30 ans dans un secteur en crise. Afin de demeurer compétitive, Monseu Recycling développe et adapte ses services en permanence. Elle propose ainsi des solutions pour les entreprises qui désirent se défaire de leurs archives de bureau. “C’est une activité sur laquelle nous mettons de plus en plus l’accent, reprend Didier Monseu. Nous offrons ainsi un service de destruction de documents confidentiels avec remise de certificats. Le potentiel est important notamment avec les professions libérales comme les médecins, avocats, notaires, ainsi qu’avec de plus petites structures comme des CPAS, agences de voyages, PME, etc. Ce redéploiement de nos activités est essentiel car il ne faut pas se leurrer, le marché a muté et il y a moins de papier et de carton qu’auparavant.”
En l’espace de 30 ans, Monseu Recycling a déjà traversé des périodes critiques et a même failli cesser ses activités au mitan des années 2010-2011.
Des hauts et des bas
“Le 15 décembre 2005, tout s’écroule, se rappelle Didier Monseu, quand Arjo Wiggins qui était basé à Nivelles nous signifie qu’il cesse de nous fournir à compter du 15 janvier 2006. Or, à cette époque, nous réalisions 95 % de notre chiffre d’affaires avec cette entreprise. En outre, afin de traiter les volumes importants de déchets de papeterie qu’elle produisait, nous avions consenti des investissements importants.”
Monseu Recycling qui employait alors une vingtaine de personnes – elles sont huit aujourd’hui – a dû adapter la voilure pour traverser la tempête. D’autant que la société avait bien progressé depuis que Didier Monseu s’était lancé au début des années 1980. Elle avait ainsi déménagé à Braine-le-Château dès 1985 sur l’ancien site des Filatures gantoises et, 20 ans plus tard, elle s’était étendue en traversant rue de Tubize où elle a construit un nouvel entrepôt. Le site avait précédemment été occupé par l’imprimerie Meurice, connue pour ses tickets de cinéma, tombola, transports en commun, etc. Mise en liquidation à la fin des années 1990, elle figure parmi les premières imprimeries à avoir dû cesser ses activités devant la vague numérique qui s’annonçait.
Dans le même temps, Monseu Recycling se développe de plus en plus grâce à Arjo Wiggins. Cette dernière en venant presque à représenter la totalité de ses rentrées. A l’époque, elle délaisse alors les imprimeurs qui ne représentent plus qu’une part minime de ses activités. Avec la rupture brutale du contrat qui la liait au papetier nivellois, Didier Monseu a transmis son bâton de pèlerin à Adeline pour prospecter le marché et trouver de nouveaux clients ou retrouver des anciens. Avec son épouse et son beau-frère, Michel, qui est le directeur de production et qui avait rejoint l’entreprise, ils vont remettre l’entreprise à flot.
“Heureusement, confie-t-il, nous n’avions pas de dettes et nous avons pu revenir à l’équilibre mais cela a quand même pris huit ans. Depuis 2013, nous sommes de nouveau dans le vert.” Le fait de pouvoir transmettre l’entreprise à l’un de leurs enfants a également motivé Didier Monseu et son épouse. Ils sont quatre : Benoît (35 ans) est ingénieur civil électromécanicien de l’UCL et travaille chez TD Williamson ; Adeline (33) est bio-ingénieur de l’UCL ; Florence (28) est ingénieur civil en architecture de l’UCL et travaille chez MC-carré, un bureau d’études spécialisé dans la stabilité des bâtiments, et Jodie (25) est graphiste et travaille dans le domaine de l’animation.
Nouvelle génération
Sortie en 2007 de l’UCL, Adeline Monseu a également suivi durant ses études de bio-ingénieur la formation interdisciplinaire en création d’entreprise (CPME). Rien d’étonnant donc à ce qu’elle rejoigne en 2011 l’entreprise familiale.
Depuis maintenant six ans, elle épaule son père dans la gestion et le développement de l’entreprise qui a retrouvé ses couleurs et conservé ses valeurs familiales. Des valeurs qui lui permettent de se différencier sur un marché, où avec l’obligation de trier ses déchets, les grands acteurs sont présents. “Nous établissons avec nos partenaires des relations de confiance sur le long terme, précisent-ils. Les services que nous fournissons sont et doivent être irréprochables. En outre, actifs dans la récupération et le recyclage, nous sommes naturellement attentifs à la durabilité.”
En 2012, Monseu Recycling a ainsi installé des panneaux photovoltaïques lui permettant d’être autonome d’un point de vue électrique et d’économiser 500 tonnes de CO2 par an. Par ailleurs, elle met gracieusement à disposition une partie de ses entrepôts à l’ASBL BAH (Bouchons d’Aide aux Handicapés) qui récolte des bouchons en plastique, liège et matière synthétique au profit des personnes handicapées.
Guy Van den Noortgate
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