Diane Govaerts, directrice de Ziegler, est bien décidée à réveiller l’entreprise familiale

Diane Govaerts: «Nos directeurs nationaux sont responsables de toutes les activités dans leur pays. Ils gèrent leur pays en entrepreneurs consciencieux comme s'il s'agissait de leur propre entreprise.» © Dieter Telemans

Diane Govaerts incarne la quatrième génération à la tête du groupe international de transport Ziegler. La priorité de la nouvelle numéro un est de développer le potentiel de l’entreprise familiale et d’accroître les bénéfices du groupe.

L’année 2018 sera décisive pour le groupe familial de transport Ziegler. Le logisticien bruxellois fête son 110e anniversaire cette année et Diane Govaerts (33 ans), représentante de la quatrième génération, est la première femme à prendre les commandes de l’entreprise internationale.

Diane Govaerts est la petite-fille d’Arthur Ziegler, le fils du fondateur décédé l’an dernier à l’âge de 96 ans. Véritable légende dans le secteur du transport, il a dirigé le groupe pendant 74 ans. Diane Govaerts, qui s’est toujours sentie très proche de son grand-père, dirige à présent la multinationale avec son oncle Alain Ziegler (61 ans), président du groupe. “Je poursuis le travail de mes aïeux, déclare Diane Govaerts. C’est un honneur pour moi. Notre entreprise doit continuer à grandir.”

Tel était le désir de son grand-père. Trois membres de la famille sont à présent actifs dans l’entreprise : Diane Govaerts, son oncle Alain Ziegler qui gère la branche immobilière du groupe et sa mère, Olivia Govaerts-Ziegler, qui s’occupe de l’analyse de crédit des clients.

Mosaïque d’entreprises

Diane Govaerts
Diane Govaerts© Dieter Telemans

Le groupe a été fondé par Arthur Joseph Ziegler. Ce Suisse de naissance s’est lancé sur le marché bruxellois en 1908 avec l’importation de vins et spiritueux français, le début d’une longue success story. Le groupe emploie aujourd’hui 3.300 personnes dans 14 pays. “Nos directeurs nationaux sont responsables de toutes les activités dans leur pays, explique Diane Govaerts. Ils gèrent leur pays en entrepreneurs consciencieux comme s’il s’agissait de leur propre entreprise. C’est ce qui fait notre force et nous distingue des concurrents qui travaillent généralement avec plusieurs business units. Nos clients apprécient ce contact privilégié avec un interlocuteur unique qui coordonne la gestion de tout leur stock.”

Ziegler s’est développé au niveau international par le biais d’acquisitions. “Il fut un temps où nous réalisions une acquisition par an, tant et si bien que le groupe est actuellement constitué d’une mosaïque d’entreprises”, assure Diane Govaerts. Elle s’est fixé pour objectif de simplifier et d’assainir la structure du groupe. Pour ce qui est de la croissance, elle n’envisage pas de s’implanter dans d’autres pays. “Ce n’est pas notre principal objectif, à moins qu’une réelle opportunité se présente, explique-t-elle. Nous cherchons prioritairement à renforcer notre position sur les marchés où nous sommes déjà présents.”

Ziegler se profile comme un groupe de taille moyenne. “La plus petite des grandes entreprises européennes de transport et le plus grand des acteurs de moindre importance, détaille Diane Govaerts. Ce qui fait notre attractivité et notre flexibilité. Nous offrons à nos clients un service mondial tout en restant très proches grâce à nos filiales implantées dans le pays.”

Propriétaire d’un groupe de transport de moyenne envergure, la famille Ziegler reçoit régulièrement des offres de candidats-repreneurs. “Le groupe entend préserver son caractère familial, argumente Diane Govaerts. Je veux pérenniser le nom de Ziegler dans le secteur. Notre entreprise présente un énorme potentiel.”

En 2016, Ziegler a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 870 millions d’euros. Le chiffre d’affaires brut, tarifs de douane inclus, s’élève à 1,2 milliard d’euros. “Nous sommes bénéficiaires au niveau consolidé”, souligne Diane Govaerts sans plus de précision. L’essentiel du chiffre d’affaires est généré par le transport routier (62%) d’une part, le fret aérien et maritime (31%) d’autre part. Ziegler est également actif dans la logistique (930.000 m2 d’entrepôts) et les activités de niche (notamment la logistique pour les salons, les pièces d’avion, etc.).

Diane Govaerts a une vision bien précise de l’avenir. “Historiquement, nous sommes une société de transport routier mais le fret aérien et maritime gagne en importance. La logistique, jusqu’à présent activité annexe à nos activités de transport, doit devenir un maillon essentiel.” La CEO veut attirer des clients demandeurs de services logistiques. “Dans un second temps, ils feront peut-être appel à nos services de transport”, confie-t-elle.

Booster la rentabilité

Diane Govaerts vise par ailleurs à optimiser la synergie entre les entreprises du groupe. “Les filiales doivent améliorer leur collaboration sans perdre l’esprit d’entreprise. Il faut encourager l’échange des meilleures pratiques à l’échelon international pour créer des avantages d’échelle.” Cette approche devrait booster les résultats financiers d’après la nouvelle patronne, analyste financière de formation. “Une meilleure coordination du fret maritime et la négociation des tarifs de fret non plus par pays mais au niveau international devraient permettre d’augmenter les volumes et d’obtenir des prix plus compétitifs.”

Le groupe, qui a tendance à s’endormir sur ses lauriers, doit devenir plus rentable. “Certaines filiales sont déficitaires, quelques activités s’avèrent moins rentables. Il faut que cela change”, insiste Diane Govaerts.

La digitalisation est un autre défi de taille. “Nous faisons tout pour suivre l’évolution galopante, indique la boss. Nous développons nous-mêmes nos systèmes informatiques pour devenir plus réactifs.” Ziegler emploie une centaine d’informaticiens qui oeuvrent aux systèmes IT de l’ensemble du groupe. “Tous les documents de transport et de douane sont traités électroniquement, assure Diane Govaerts. Nos clients peuvent suivre leurs commandes en ligne. Tous nos camions en Belgique et en France sont équipés d’iPad mini pour une plus grande efficacité. Le transport ne se limite plus à la gestion des flux de marchandises. Toute aussi importante est la gestion des informations liées à ces flux de marchandises. Chaque maillon de la chaîne doit être électronique.”

Ziegler joue la carte de l’innovation technologique pour sa propre flotte également. En France – son marché le plus important, où Ziegler réalise près de la moitié de son chiffre d’affaires -, le groupe compte investir dans 150 nouveaux camions Mercedes au cours des prochaines années. “Ils sont reliés par Internet au réseau de services de Mercedes, explique Diane Govaerts. En cas de panne, les garages sont automatiquement avertis. Ces camions sont en outre beaucoup moins énergivores. Ils consomment jusqu’à six fois moins de carburant que la génération précédente de camions.”

Les camions électriques ne sont pas encore pour demain. “Nous avons testé deux camions hybrides à Bruxelles mais il est encore trop tôt pour étendre leur utilisation à plus grande échelle. Ils sont tellement chers qu’il est quasi impossible d’amortir l’investissement. Le nombre de camions hybrides, par contre, devrait augmenter au cours des prochaines années.”

BIO

· 33 ans

· Diplôme d’ingénieur commercial de la Solvay Business School

· De 2007 à 2014 : gestionnaire de fonds chez Degroof (actuellement Petercam Degroof)

· 2015 : membre de la direction de Ziegler

· 2017 : directrice générale de Ziegler

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