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Etes-vous rassurés ?

Rassurer. Tel semble être le mot d’ordre actuellement le plus répandu, en Belgique et ailleurs. Avec la volonté de s’adresser aux citoyens, aux épargnants, aux investisseurs, aux marchés, aux agences de notation, etc., et même à certains supporters !

Rassurer. Tel semble être le mot d’ordre actuellement le plus répandu, en Belgique et ailleurs. Avec la volonté de s’adresser aux citoyens, aux épargnants, aux investisseurs, aux marchés, aux agences de notation, etc., et même à certains supporters !

L’Europe et les Etats de la zone euro s’y sont efforcés cette semaine avec ce double Sommet. Un exercice d’équilibriste en deux temps pour éviter la contagion… Brr, on en vient à utiliser des termes liés à la maladie. Quand on vous disait qu’il fallait rassurer !

C’était également la mission des états-majors politiques belges vis-à-vis des instances de l’Union et probablement des agences de notation. Objectif atteint, du moins pour les premières.

Autre chose est la volonté de rassurer les électeurs. Si la discrétion a entouré les dernières semaines de négociations institutionnelles, le climat a changé avec les discussions socio-économiques. Les petites phrases et les chiffres percutants alimentent désormais les médias, les partis s’offrant une série de ballons d’essais. Cette pratique somme toute classique permet de tester les leaders d’opinion et, accessoirement, de sonder le grand public sans vraiment lui demander son avis. On est évidemment très loin des référendums sur des sujets précis tels que la démocratie directe les permet en Suisse.

La technique prend parfois aussi la forme du chantage, à l’instar de GDF Suez qui a réagi brutalement à l’éventualité d’un relèvement de la taxe sur le nucléaire par les autorités politiques belges. Côté français d’ailleurs, dans un autre style, la fédération bancaire française s’est offerte dans la presse de son pays des pages entières avec le slogan “Il y a tout ce qu’on dit sur les banques. Et puis il y a la vérité”. Quatre “On dit que …” sont ainsi démontés, la fédération apportant la (sa ?) vérité. Derrière le “on”, les médias se trouvent très certainement en bonne place ; voilà donc des journaux qui se voient mis en cause dans leurs propres pages ! Cette situation surréaliste montre à quel point le monde bancaire souhaite réhabiliter son image. Est-on pour autant rassurés ? Il n’y a d’ailleurs pas que sur le fond que le secteur a été décrié ; sur la forme, en effet, il apparaît que la communication de crise, discipline très ardue, n’a pas souvent été un modèle du genre. Et pas seulement pour Dexia dont le sommet aura probablement été atteint le 3 octobre avec un communiqué nocturne post-conseil d’administration 100 % langue de bois, n’osant pas avouer ouvertement le démantèlement.

L’absence de communication constitue également dans certains cas une arme redoutable. Le quasi-silence du président Sarkozy sur sa paternité a alimenté un vaste débat et l’a probablement moins exposé à des critiques que s’il s’était affiché en famille. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles dit-on dans ces cas-là ; nous voilà rassurés ? Un autre momentum de la vie politique pourrait toutefois conditionner une autre approche.

L’intervention militaire, la guerre ou la chute d’un dictateur, comme l’a encore montré la mort de Kadhafi, illustrent plus encore le rôle de l’image et de la communication.

Tout semble donc permis et difficile à maîtriser – notamment en raison des nouvelles technologies – mais tout ne doit pas être accepté. Le danger en effet, c’est que des décisions sont largement influencées par la pression et le poids médiatique. Avec un impact déterminant sur l’économie d’un pays voire plus et, in fine, sur ses habitants. Ce n’est pas sain dans une démocratie car il faut raison garder. Pour se rassurer, rien ne vaut des données objectives, des analyses fouillées et des études prospectives. Sans oublier toutefois la dose d’instinct propre à tout être humain et le coup de chance qui, c’est bien connu, sourit aux audacieux !

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