Une chaîne de librairies brave Amazon au Japon

© Reuters

L’écrivain japonais Haruki Murakami publiera jeudi dans l’archipel un nouvel essai, “Romancier de profession”, dont une chaîne de librairies nippones a acheté 90% du premier tirage afin de couper l’herbe sous le pied d’Amazon et des autres revendeurs en ligne.

“Quand je suis devenu romancier; à propos de l’originalité; prendre le temps de rédiger un roman-fleuve; pour qui écrire”, sont une partie des thèmes abordés dans ce nouvel ouvrage de l’auteur de “La ballade de l’impossible”, “Kafka sur le rivage” ou “1Q84”.

Fait rare, une photo en noir et blanc de Haruki Murakami en pose décontractée illustre la couverture, alors que l’auteur sexagénaire refuse généralement la publication de son portrait. Des plus discrets, il n’apparaît jamais à la télévision et ne répond qu’exceptionnellement aux entretiens que sollicite la presse japonaise et internationale.

En s’emparant des neuf dixièmes des 100.000 premiers exemplaires imprimés pour en faire bénéficier les librairies de quartier en plus de ses propres points de vente, l’enseigne Kinokuniya veut donner un coup de pied dans la fourmilière. “Cette action vise à mettre en exergue la crise du secteur” face à l’emprise croissante des vendeurs en ligne, a justifié le patron de Kinokuniya, Masashi Takai, dans un entretien accordé en fin de semaine passée au quotidien Nikkei.

En prenant pour objet un livre de M. Murakami, un des romanciers qui vendent le plus d’ouvrages dans l’archipel et dont chaque nouveau titre constitue un événement littéraire, Kinokuniya veut frapper les esprits et empêcher Amazon de capter toute la clientèle.

Ce geste “de solidarité” envers les librairies ayant pignon sur rue doit leur donner une bouffée d’oxygène en obligeant les acheteurs à s’y rendre.

“L’une des raisons de la mauvaise passe des libraires est l’absence d’efforts et la tendance à se reposer sur le principe selon lequel des exemplaires non vendus peuvent être retournés à la maison d’édition, si bien que le taux de retour a atteint le niveau horrible de 40%”, souligne M. Takai.

“Si on ne fait rien, on se laisse mourir sur notre chaise”.

Le marché de l’édition (livres et magazines) reste relativement important au Japon (1.606 milliards de yens, près de 12 milliards d’euros, en 2014), mais il a quand même perdu 40% de sa valeur comparé au pic enregistré en 1996.

Nombre de maisons d’édition se plaignent de l’attitude de la filiale du géant américain Amazon, soulignant par exemple l’impossibilité de communiquer directement avec les commerciaux de l’enseigne en ligne. Pourtant, les éditeurs ont du mal à contourner cette puissante plateforme de vente.

Avec l’AFP

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