Un rapprochement SNCB-Infrabel ? “Les problèmes les plus importants sont ailleurs” pour ce professeur de l’UCLouvain

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Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Le ministre fédéral de la mobilité, François Bellot, propose de rapprocher Infrabel de la SNCB, qui se disputent sur l’organisation des travaux sur le réseau. Bart Jourquin estime que c’est possible, mais pas suffisant.

Est-il possible de rapprocher la SNCB et Infrabel ?

Rien n’empêche de le faire. La séparation entre l’opérateur ferroviaire et le gestionnaire de réseau a été la conséquence du prescrit européen sur l’ouverture du rail à la concurrence. Il demandait que l’attribution des sillons et la redevance d’infrastructure soient transparentes et identiques pour tous les opérateurs. Séparer les deux activités pour garantir une concurrence sans favoriser l’opérateur historique est un modèle possible, mais rien n’oblige à loger les deux activités dans des entités juridiques séparées, comme cela a été fait chez nous. On peut donc tout à fait imaginer un autre modèle compatible avec les règles européennes.

Un rapprochement SNCB-Infrabel ?
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Qu’est-ce qui provoque des tensions entre la SNCB et Infrabel ?

Lors de la transposition des directives européennes en droit belge, on a créé en 2005 une structure avec trois entités juridiques : la SNCB-Holding, Infrabel pour gérer le réseau et la SNCB pour opérer les trains. Chaque entité avait un contrat de gestion avec l’Etat fédéral. Le choix a donc été fait d’attribuer des montants séparés à la SNCB et à Infrabel ( plutôt qu’un montant au holding, Ndlr). En plus de la gestion des grandes gares, le holding avait été imaginé surtout pour y loger le personnel et garder un statut unique, comme le souhaitaient les syndicats. Aujourd’hui, le holding a disparu, et seules la SNCB et Infrabel coexistent comme entités indépendantes. La logique de subsides distincts fait que chacun choisit ses priorités selon les moyens reçus. Cela peut créer des frictions, notamment sur les redevances d’accès au réseau (sillons).

Un rapprochement est-il politiquement faisable ?

Je suppose qu’il s’agit d’un ballon d’essai du ministre François Bellot. Un rapprochement ouvrira une période de tensions politiques car les dirigeants des entités ont des colorations politiques différentes. Le CEO d’Infrabel, Luc Lallemand, est étiqueté PS, la CEO de la SNCB, Sophie Dutordoir, OpenVld. Et les travaux sur le réseau, qui sont actuellement un des points de conflits, il faudra tout de même les réaliser ! Dans une organisation intégrée, il y aura encore des tensions sur le sujet, elles seront moins visibles. Pour moi, les problèmes les plus importants sont ailleurs. Il faudrait une réflexion transrégionale sur une amélioration des opérations entre les transporteurs régionaux et fédéraux (Stib, Tec, De Lijn, SNCB), pour qu’ils travaillent ensemble à des solutions de mobilité intégrées.

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