Touring a plus d’une corde à son arc

© P.G.

Dans l’inconscient collectif, “Touring”, c’est toujours “Touring Secours”, le saint-bernard des automobilistes. Et pourtant, le groupe belge est partenaire direct de nombreuses entreprises, dans des domaines parfois inattendus.

Bruxelles, rue de la Loi 44. C’est là que bat le coeur du groupe Touring, 24 heures sur 24, 365 jours par an. A sa tête, on retrouve une ASBL faîtière chapeautant diverses sociétés commerciales. Le management du groupe, emmené par Thierry Willemarck, bénéficie dans les faits d’une liberté d’action et d’une autonomie financière dont tous les assureurs classiques rêveraient : structure inopéable ( Ndlr, qui ne peut pas faire l’objet d’une OPA), pas d’actionnaires à rémunérer, pas de ligne de conduite dictée de l’extérieur,… Question chiffres, avec plus d’un million de membres-cotisants, Touring est sans conteste le club automobile le plus important du pays et une des plus imposantes associations de Belgique, en termes de nombre de membres.

Cette force de frappe, générant 89,65 millions d’euros de recettes d’exploitation, est bienvenue -pour ne pas dire indispensable- histoire de supporter des frais considérables. A commencer par les coûts inhérents au fonctionnement du réseau d’environ 300 patrouilleurs et dépanneurs quadrillant le royaume, de La Panne à Sterpenich. A l’actif de ce staff ultra-formé, 550.000 interventions techniques par an où, malgré une électronique rendant les choses toujours plus compliquées à gérer, plus de 90 % des problèmes sont encore résolus sur place. Ce pourcentage exceptionnel résulte en fait d’une politique proactive de formation permanente du personnel.

“Nous disposons à Forest, juste à côté de l’usine Audi, d’un centre d’expertise et de formation de pointe où nous poussons les choses si loin que nos patrouilleurs sont déjà formés pour dépanner les voitures électriques. Et on vient même des pays de l’Est pour se former chez nous !”, témoigne Danny Smagghe, porte-parole de Touring. Voilà bien un élément significatif de la stratégie de croissance de Touring : celle d’une diversification des activités autour de son core business, de nature à générer des revenus complémentaires pour le groupe.

Des activités diversifiées…

Si l’Union des classes moyennes (UCM) finance ses activités syndicales de défense des indépendants et des PME en s’appuyant sur les cotisations de ses membres ainsi que les revenus générés par les services, Touring ne fait pas autrement en matière de défense des intérêts des automobilistes.

Ainsi, outre le navire amiral (Touring Secours), le Touring Club avait développé au début des années 1970 un gros pôle voyages (comme tour-opérateur et comme agent de voyages). Sans oublier Touring Assistance qui s’est au fil du temps naturellement imposé comme le complément de Touring Secours à l’étranger. En 2000, concurrence accrue oblige, l’entreprise s’est recentrée sur ses activités de base : le dépannage en Belgique et l’assistance à l’étranger.

En matière d’assurances, Touring n’est pas en reste. “Début des années 1980, tout le monde se posait des questions sur l’avenir du courtage dans notre pays, témoigne Marc Meurant, ex-CEO de Winterthur en Belgique. On fantasmait tous sur le développement de l’assurance dite ‘en direct’ mais personne n’osait vraiment franchir le cap de peur de se mettre les courtiers à dos. Imaginant le potentiel fantastique résultant de l’exploitation du fichier des membres de Touring pour de nouvelles affaires en RC et omnium automobile, nous avions proposé une formule affinity à Touring mais le groupe Josi nous a damé le pion (Ndlr, pas pour longtemps puisque Winterthur a repris quelques temps plus tard le groupe Josi) en créant une nouvelle compagnie d’assurances en joint-venture 50/50 avec Touring.” Et si l’affaire est aujourd’hui à 100 % entre les mains du groupe Axa, c’est cependant toujours sur la marque Touring que toute la communication est basée. “Un peu comme Nivea en matière de soins corporels, la marque Touring dispose auprès des automobilistes d’un extraordinaire capital de confiance”, témoigne un publicitaire. Et on imaginerait mal que Touring ne soit pas rémunéré par le groupe AXA pour l’usage de sa marque et le courant d’affaires ainsi généré…

Jouant aussi la logique de l’intégration verticale, Touring est partie prenante (50 %) au capital d’un gros concessionnaire Opel basé à Tongres (Garage Boden) ainsi qu’au capital d’une société de location de voitures.

Le Touring du 21e siècle

Non content d’agrandir encore son expertise importante dans les secteurs du dépannage et de l’assurance, Touring propose des services divers à de nombreuses entreprises. Ces collaborations, parfois étonnantes, démontrent à leur tour la faculté d’adaptation du groupe.

“Il y a en Belgique 20 fois plus de victimes d’arrêt cardiaque que de tués sur les routes”, assure Dany Smagghe. Partant de ce constat et s’appuyant sur son expérience en matière d’assistance médicale, Touring s’est lancé au printemps dernier dans la distribution de défibrillateurs dans les entreprises, collectivités, écoles, etc. Ces appareils analysant l’activité cardiaque “parlent” et donnent des instructions à la personne qui porte secours.

Et ce n’est pas tout. Citons aussi le diagnostic et l’estimation de véhicules d’occasion (250 points de contrôles par voiture), la distribution de dispositifs “anti-endormissement” au volant, le développement de l’assistance géo-localisée (Touring détecte automatiquement le lieu de la panne ou du sinistre), l’e-Call permettant en cas de collision la mise en ligne automatique avec la centrale, le tracking des véhicules volés, des accords avec les fabricants de GPS pour lesquels Touring Mobilis fournit des informations, etc. Last but not least, Touring élargit son activité du business to consumer au business to business.

Aujourd’hui, concrètement, 40 % des plaques couvertes par Touring viennent du B2B. En effet, la société propose ses services à d’innombrables constructeurs, firmes de leasing et flottes de voitures de société. Ainsi, quand, un conducteur appelle Mercedes-Assistance, se doute-t-il un instant qu’il “tombe” en fait chez Touring ?

Gros bémol toutefois, l’évolution des technologies et la concurrence induisent évidemment leur lot de restructurations. Touring n’a pas échappé au phénomène. Pour mieux rebondir, les centrales téléphoniques ont été rassemblées sur un seul plateau et les remorquages de véhicules sont désormais sous-traités.

JEAN-MARC DAMRY

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