“Si les travailleurs sont mis au chômage temporaire trop longtemps, ils partent ensuite”
Les entreprises qui ont mis leur personnel au chômage temporaire pendant plus de 60 jours au cours des deux dernières années ont vu deux fois plus de travailleurs et travailleuses partir que celles qui n’y ont pas eu recours, ressort-il lundi d’une étude de la société de services en ressources humaines Acerta menée auprès de 260.000 travailleurs.
Ainsi, en 2022, année actuelle marquée par la crise énergétique, 7,3% des travailleurs ayant été mis en chômage temporaire durant plus de 60 jours ont quitté leur emploi, contre 5,6% pour ceux ayant été mis à l’arrêt moins de 60 jours. Le pourcentage chute à 3,7% dans les entreprises sans chômage temporaire, indique Acerta.
Et la tendance est similaire pour l’année 2021, qui a, elle, été marquée par la crise sanitaire liée au coronavirus. Dix salariés sur 100 ont quitté leur entreprise quand ils ont été mis au chômage temporaire pendant plus de 60 jours, alors que seuls cinq travailleurs sur 100 sont partis dans les sociétés sans chômage temporaire.
Les entreprises qui recourent moins longtemps au chômage temporaire en tirent dès lors un avantage, affirme Acerta. “Si la rotation du personnel au cours des deux dernières années a été au moins 50 % plus élevée que dans les entreprises qui n’ont pas fait appel au chômage temporaire, elle est simultanément beaucoup plus faible que dans les entreprises qui ont mis leurs travailleurs au chômage temporaire pendant plus de 60 jours”, détaille le service RH dans un communiqué.
“Si les travailleurs sont mis au chômage temporaire trop longtemps, ils partent ensuite. Le système de chômage temporaire est le bienvenu pour de nombreuses entreprises, mais il amène les travailleurs à réfléchir à leur avenir professionnel, peut-être aussi en partie à cause de la perte de revenus”, avance Amandine Boseret, experte juridique d’Acerta Consult. “Le chômage temporaire est une bouée de sauvetage nécessaire pour beaucoup d’entreprises, mais il ne peut pas devenir un passe-partout”, conclut-elle.