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Quick commerce et business de la flemme

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Il parait que la paresse est l’oreiller du diable. Il faut en effet se gratter la tête pour trouver quelqu’un qui met en avant cette vertu qui est en quelque sorte l’antichambre de l’oisiveté qui est comme chacun le sait la mère de tous les vices.

Pourtant, il y a des personnes sur cette terre qui ont décidé de gagner de l’argent avec notre paresse. Mes confrères du quotidien Le Figaro ont même appelé le business de la flemme. C’est joli comme expression et tellement vrai. Prenez le temps d’y penser quelques secondes. Nous n’allons plus au cinéma ou plus autant. La faute à qui ? Mais à des plateformes de streaming comme Netflix, Amazon Prime ou Disney + bien entendu. Les courses au supermarché ? Oui, on en fait encore, mais une bonne partie de ces courses se font par livraison à domicile aujourd’hui. Mieux encore, de nouveaux acteurs arrivent dans les grandes villes (Paris, Berlin, Londres, Lille, Anvers, Bruxelles) pour nous proposer les livraisons en moins de 15 minutes. Les spécialistes de la distribution appellent ce nouveau phénomène le “quick commerce”. Personne ne sait quand ce business va gagner de l’argent, ni comment, mais il se propage partout y compris chez nous en Belgique. L’offre de ces start up tourne autour de 1500 à 2000 produits livrés chez nous en vélo électrique. Que ce soit des chips ou des bières, il est donc aujourd’hui possible de se faire livrer en moins de 15 minutes à quasi n’importe quelle heure de la journée.

Comme le fait remarquer Le Figaro, si on ajoute ce phénomène à celui de la musique et de la vidéo à la demande, sans oublier les livraisons de repas à domicile des restaurateurs, il est possible aujourd’hui de ne pas franchir le seuil de sa porte pendant une semaine sans aucun problème. C’est pourquoi on peut vraiment parler d’un business de la flemme. Tout est fait aujourd’hui pour qu’on ne fasse plus aucun effort. Sauf erreur de ma part, c’est bien là l’un de signes de la décadence d’une société. Bien entendu, les entreprises – souvent des start-up – qui sont derrière ce business ne voient pas cela de la même manière que moi. Officiellement, elles nous disent qu’elles nous font gagner un temps appréciable. Par exemple, deux heures inutiles devant les rayons d’un supermarché. Bref, ces entreprises nous vendent du confort et du gain de temps.

Mmmmouais, c’est à voir. En tout cas, les investisseurs leur font confiance. Une société comme Gorillas, présente en Belgique, a levé 240 millions en mars dernier. Quant à la société de livraison rapide Deliveroo, elle a connu dans le monde entier une croissance moyenne au premier semestre de 700%.

Pour ma part, j’estime comme certains psychologues, qu’habituer les adultes et encore plus les adolescents à se réfugier derrière un écran, dans l’illusion de tout obtenir immédiatement et sans effort et donc sans patience, c’est formater des gens à ne plus vivre dans le réel. A moins que le virtuel ne devienne doucement et à notre insu notre nouveau réel. Un beau débat pour la machine à café… Si elle existe encore.

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