Première perte trimestrielle depuis 2015 pour Total; Shell subit une perte abyssale de 18,1 milliards de dollars
Le géant des hydrocarbures Royal Dutch Shell a annoncé jeudi une perte nette abyssale de 18,1 milliards de dollars au deuxième trimestre, du fait d’énormes dépréciations d’actifs reflétant un marché pétrolier déprimé par la pandémie.
Le groupe anglo-néerlandais, qui avait dégagé un bénéfice net de 3 milliards de dollars un an plus tôt, explique dans un communiqué avoir passé dans ses comptes trimestriels une charge de 16,8 milliards de dollars, dont il avait déjà dévoilé l’ampleur fin juin.
Shell, comme son concurrent BP, a choisi de passer cette énorme dépréciation sur un seul trimestre pour l’heure, quitte à publier une perte monstre.
Le groupe a été contraint de réviser à la baisse la valeur de ses actifs compte tenu de la faiblesse durable des prix du pétrole en raison d’une demande laminée par la crise sanitaire.
Les cours du pétrole se sont effondrés à partir de mars, passant même brièvement en négatif en avril avant de se reprendre pour le reste du deuxième trimestre, pour tourner désormais autour de 40 dollars, un niveau bien inférieur à celui observé l’an passé.
Non seulement la demande est plombée par la crise économique liée à la pandémie, mais l’offre reste abondante malgré les efforts des pays de l’Opep et de ses alliés comme la Russie de réduire leur production pour soutenir les prix.
Au premier trimestre, Royal Dutch Shell était déjà tombé dans le rouge à cause du plongeon des cours du brut, ce qui l’avait conduit à réduire son dividende pour la première fois depuis les années 1940.
Sur le deuxième trimestre, sa production a reculé de 6% à 3,4 millions de barils équivalent pétrole par jour.
Pour le troisième trimestre, le groupe s’attend à une baisse de sa production, notamment en raison des mesures prises par l’Opep et il prévoit encore un impact négatif de la faible demande pour le pétrole et le gaz.
Total accuse sa première perte trimestrielle depuis 20
Total a enregistré au deuxième trimestre sa première perte nette depuis 2015, plombé par de lourdes dépréciations annoncées la veille ainsi que par la chute des cours du brut et des marges de raffinage.
La perte nette atteint 8,4 milliards de dollars, contre un bénéfice de 2,8 milliards un an plus tôt, a annoncé le géant pétrolier et gazier français jeudi dans un communiqué. La dernière perte nette trimestrielle remontait à la fin 2015.
Ce résultat inclut de lourdes dépréciations d’actifs pour 8,1 milliards de dollars déjà annoncées mercredi soir. Cette réévaluation comptable, motivée par la déprime des cours mais aussi la dynamique de la transition énergétique, porte pour l’essentiel sur les sables bitumineux au Canada.
Le bénéfice ajusté, qui exclut notamment les effets comptables liés à la valorisation des stocks et les éléments exceptionnels, a pour sa part atteint 130 millions de dollars au deuxième trimestre, soit une chute de 96%.
“Au cours du deuxième trimestre, le groupe fait face à des circonstances tout à fait exceptionnelles: la crise sanitaire du Covid-19 qui affecte l’économie mondiale et la crise des marchés pétroliers avec un prix du Brent en très forte baisse à 30 dollars du baril en moyenne, des prix du gaz historiquement faibles et des marges de raffinage très dégradées compte tenu de la chute de la demande”, a commenté le PDG Patrick Pouyanné, cité dans un communiqué.
La production d’hydrocarbures de Total a aussi reculé de 4% à 2,85 millions de barils équivalent pétrole par jour (Mbep/j), reflet notamment de la volonté de certains membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés de moins pomper afin de soutenir les cours.
Pour l’année 2020, le groupe prévoit désormais une production comprise entre 2,9 et 2,95 Mbep/j, soit un petit peu moins que ce qui avait été annoncé jusqu’alors.
Les cours ont chuté à la suite de la pandémie du Covid-19, qui a quasiment mis à l’arrêt certaines activités comme le transport aérien. Les prix se sont depuis quelque peu repris avec un redémarrage de la demande et la limitation de la production de certains pays.
Total juge que l’environnement reste toutefois “volatil” et confirme au passage sa volonté de réaliser des économies et de réduire ses investissements.
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