Prémaman dans les choux

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L’entreprise belge d’accessoires pour enfants est à court de liquidités.

Sale temps pour le spécialiste de la puériculture made in Belgium. Prémaman éprouve de plus en plus de difficultés à payer ses fournisseurs et ses créanciers en temps utile, en raison d’un manque chronique de liquidités. Cette situation a forcé la société à contracter, auprès de plusieurs institutions bancaires du pays, des emprunts à court terme, reconduits de semaine en semaine, pour un montant total de 7 millions d’euros. D’après nos informations, ces lignes de crédit viennent d’atteindre leur seuil maximum, les banques craignant un manque de solvabilité de l’entreprise. Ces mauvaises nouvelles arrivent dans la foulée d’une année 2009 difficile pour l’entreprise, après une bonne année 2008 qui avait vu la société réaliser un chiffre d’affaires de 68,5 millions d’euros et 306.000 euros de bénéfices. En 2009, le chiffre d’affaires chutait à 64,8 millions d’euros, et l’entreprise essuyait 646.000 euros de pertes. Les résultats 2010 n’ont pas encore été rendus publics.

Sur le marché belge, l’entreprise familiale connaît une forte pression depuis l’apparition de concurrents comme Aubert, Dreambaby (groupe Colruyt), Baby 2000 ou encore Ptibou. Sans oublier les chaînes internationales comme H&M, Benetton, Mexx ou Zara qui menacent les ventes “textile”, ainsi que les grandes surfaces type Carrefour, qui empiètent sur l’ensemble de la gamme de puériculture. “Cette concurrence nous pousse à la baisse de certains prix laissant parfois une marge de rentabilité insuffisante”, pointe l’administrateur délégué Denis Escojido dans le dernier rapport de gestion. Confronté à cette concurrence exacerbée, Prémaman souffre d’une image trop classique (les collections se suivent et se ressemblent), d’une réputation de boutique “haut de gamme” aux prix élevés, et d’un réseau de magasins dense mais au look désuet. L’enseigne créé en 1953 par Gaston Escojido, père de l’actuel patron, compte 134 boutiques en Belgique, dont 19 “grands magasins”, les plus rentables de la marque. Un chiffre relativement stable ces dernières années, les fermetures de boutiques étant apparemment compensées par l’ouverture de nouveaux magasins.

En difficulté à l’international
A l’étranger, par contre, le réseau semble être en régression. Depuis l’ouverture en 1986 d’un premier magasin en Grèce, la marque a grandi, atteignant le nombre de 166 boutiques, d’après le catalogue 2011. Au total, Prémaman compte donc 300 points de vente. Ce chiffre est pourtant en retrait par rapport aux 350 boutiques annoncées sur le site internet de l’entreprise. Ces informations n’auraient-elles pas été adaptées depuis septembre 2008, lorsque Denis Escojido affirmait à nos confrères de La Libre que Prémaman comptait 350 boutiques dans le monde, dont 140 en Belgique ? Prémaman aurait donc fermé 50 magasins en 3 ans, la plupart à l’étranger.

Si l’implantation belge a souffert, les revenus générés à l’étranger sont les plus impactés. La plupart des boutiques y sont gérées via des franchises. Moins risquées pour la marque en cas d’échec, elles sont aussi moins rentables. “La progression sur le marché local n’a pas su compenser la baisse sur le marché international”, indiquait l’administrateur délégué dans son rapport de gestion portant sur l’exercice 2009. D’après nos informations, l’année 2010 est du même tonneau. Fermement implantée dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (Tunisie, Lybie, Maroc, Bahreïn, Syrie, Egypte, territoires palestiniens), Prémaman subit probablement le contrecoup des révolutions arabes. Les mesures d’austérité frappant la population grecque ne joueront pas non plus en faveur des 37 boutiques disséminées en Grèce.

Contactée par nos soins, la direction de Prémaman n’était pas disponible pour répondre à nos questions.

Gilles Quoistiaux

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