Pourquoi le géant flamand de la frite Clarebout n’a pas la patate

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Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Des riverains de Frameries s’opposent à la construction par l’entreprise d’une gigantesque usine sur le territoire de leur commune. L’intercommunale montoise Idea va devoir examiner d’autres possibilités d’implantation.

A Frameries, dans le Hainaut, le projet d’usine de frites du géant flamand Clarebout Potatoes, quatrième producteur au monde, n’en finit pas de faire parler de lui. Le week-end dernier, l’entreprise ouvrait les portes de ses deux sites de Nieuwkerke-Heuvelland et Warneton au grand public. L’occasion pour les riverains de Frameries qui s’insurgent contre le nouveau projet de se rendre compte de la situation sur place. Ces derniers disent constater bruit, odeurs et rejets de matières grasses dans la Lys, qui longe l’usine de Warneton.

” Pour ce qui est de la saleté, c’est tout à fait faux, rétorque Jan Poté, porte-parole de Clarebout. La qualité de l’eau que l’on rejette est contrôlée trois fois par jour. Au niveau du bruit et des odeurs, il est vrai que nous avons connu des problèmes par le passé, mais nous sommes en train de les résoudre. Nous avons investi plus de 500 millions d’euros ces 10 dernières années et la situation s’est grandement améliorée. Aujourd’hui, les technologies ont beaucoup évolué. Notre usine de Frameries sera donc à la pointe. ”

Des arguments loin de rassurer les riverains, suivis par les autorités locales qui sont à présent acquises à leur cause. Lors du conseil communal de Frameries, ce lundi, le premier point à l’ordre du jour, voté à l’unanimité, concernait d’ailleurs la révision du plan de secteur. Il s’agirait de faire de la partie du zoning industriel censée accueillir l’usine une zone économique mixte sur laquelle Clarebout ne pourrait du coup plus s’installer.

Droit de préférence

La semaine dernière, le conseil d’administration de l’intercommunale Idea, qui a proposé le terrain à Clarebout, a chargé sa directrice générale Caroline Decamps de rechercher, en concertation avec l’entreprise, des sites alternatifs d’implantation. ” C’est ce que nous allons faire, explique la responsable. Maintenant, nous sommes ici sur 20 hectares d’un seul tenant avec des puissances en gaz, eau et électricité qui correspondent aux besoins de Clarebout. Cela ne se trouve pas n’importe où. ”

Du côté du groupe flamand, on ne remet en tout cas pas en cause le projet. ” Nous prenons acte, explique Jan Poté. Mais l’étude de faisabilité menée à nos frais par un bureau indépendant se poursuit. Nous comprenons les inquiétudes des riverains. Cette étude fournira des réponses à leurs questions. “

A noter que le fabricant de frites dispose d’un droit de préférence sur le terrain, que les riverains voudraient voir retiré. Un scénario qui pourrait amener Clarebout à réclamer des dommages et intérêts, ce qui a poussé le CA d’Idea à demander la semaine dernière un deuxième avis juridique sur les conséquences de la rupture de ce lien.

Chez Clarebout, on rappelle que ce projet devrait créer à terme entre 300 et 500 emplois directs. ” Nous nous engageons à nous ancrer dans la région, assure Jan Poté. Nous allons travailler avec les agriculteurs, nous aurons recours à beaucoup de sous-traitance. Si nous comprenons les craintes des riverains en termes d’environnement, nous ne comprenons pas leurs arguments idéologiques. ”

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