Plainte au pénal contre Take Eat Easy: que lui reprochent les ex-coursiers ?

© François Corbiau

Plus d’une centaine d’anciens coursiers à vélo de l’enseigne belge de livraison de repas Take Eat Easy, liquidée en août 2016, ont déposé plainte mercredi en France, à Paris, pour travail illégal et travail dissimulé, a-t-on appris auprès de leur avocat.

Cette plainte au pénal émane de 114 livreurs ayant travaillé pour Take Eat Easy à Paris, Lyon, Nantes, Rennes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Nice, Strasbourg ou encore Grenoble, selon leur avocat, Me Kevin Mention.

Beaucoup d’entre eux, enregistrés à l’époque comme auto-entrepreneurs, ont engagé parallèlement des procédures devant les prud’hommes pour faire reconnaître un lien de salariat avec la société, placée en liquidation judiciaire le 30 août 2016.

Selon Me Mention, cette plainte devant le parquet national financier vise à ce que “la lumière soit faite” sur les pratiques de Take Eat Easy. Ces éléments viendront “compléter les procès-verbaux pour travail dissimulé transmis par l’inspection du travail” à la justice, a-t-il ajouté.

Take Eat Easy se présentait “comme une +plateforme de mise en relation+” entre consommateurs, restaurateurs et coursiers à vélo, alors qu'”il s’agissait d’une véritable entreprise de livraison à domicile”, est-il écrit dans la plainte consultée par l’AFP.

La société a “employé très régulièrement des étrangers en situation irrégulière”, qui ne pouvaient pas se déclarer comme auto-entrepreneur, selon l’avocat. Certains ont ainsi été rémunérés “via le compte d’autres coursiers”, “via des comptes ouverts à l’étranger” ou “via des pièces détachées de vélo”.

Quant au travail dissimulé, il est caractérisé par le “lien de subordination permanent” et “absolu” entre Take Eat Easy et les livreurs, que la société “tentait de dissimuler” en “favorisant les ordres donnés à l’oral ou sur les réseaux sociaux”.

A l’appui du lien de subordination, la plainte cite des “horaires et itinéraires de travail non libres”, “tenue et matériel fournis et obligatoires”, “évaluation et contrôle du travail constants”, “interdiction de refuser une course”, “procédures disciplinaires de l’avertissement au licenciement”…

Les ex-livreurs de Take Eat Easy ayant engagé une procédure aux prud’hommes n’ont jusqu’à présent pas obtenu gain de cause. Mais “tous les dossiers ne se valent pas”, relève Me Mention, qui n’a pas encore eu de décision rendue pour ceux qu’il suit.

Les témoignages et pièces d’une centaine de personnes, dans le cadre de la plainte, permettent d’avoir un dossier “énorme” et “complet”, a-t-il souligné.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content