Philippe Foucart (Technord): en route vers l’industrie 4.0
Sous sa houlette, la PME d’électricité industrielle s’est lancée avec brio dans l’économie numérique et l’intelligence artificielle. Sans jamais renier son métier de base.
“Ce n’est pas un virage digital, c’est une autoroute. ” Philippe Foucart, 43 ans, conduit avec passion l’entreprise familiale sur ces nouvelles routes ou autoroutes technologiques. Des voies qui n’étaient pas forcément prévues. Au départ, Technord était une simple petite entreprise d’électricité industrielle mais elle a toujours réussi à anticiper les évolutions technologiques, pour glisser vers l’informatique, puis l’automatisation et maintenant l’intelligence artificielle. Bref, la société n’a pas attendu que le terme soit à la mode pour se montrer ” agile “.
Diplômé en gestion de l’UCL, Philippe Foucart n’avait pas trop envie de jouer les fils à papa. Il a d’abord travaillé dans la finance. ” J’ai tenu 10 jours, sourit-il. Toute la journée pendu au téléphone devant un ordinateur, ce n’était pas possible pour moi. ” Il a bifurqué vers l’intérim, ça lui a plu mais, très vite, la vie de bureau lui a paru un peu monotone. Alors quand son père lui a proposé de prendre en charge une société du groupe active dans l’isolation et l’étanchéité de toitures, il n’a guère hésité. ” Je m’étais dit que je travaillerais d’abord au moins 10 ans à l’extérieur, rappelle-t-il. Mais bon, cela aurait été un peu stupide de refuser, non ? ” Et c’est comme cela qu’il rejoint Technord en 2001.
Mon obsession, c’est que la société soit toujours sur le marché dans 10 ans, 15 ans et plus.
Sa carrière a basculé quelques années plus tard quand le leader mondial des moteurs de recherche s’est installé à Saint-Ghislain et qu’il a eu besoin de sous-traitants. Technord a relevé le défi, avec Philippe Foucart comme chef de projet. ” Cela a fait bondir notre chiffre d’affaires de 50%, je ne vous dis pas le niveau de stress. Pendant trois ans, j’étais tous les jours sur le site. ” Défi relevé avec brio, Technord continue d’accompagner son client (dont il ne peut contractuellement dire le nom) dans ses investissements européens. ” En 2008, quand tout s’effondrait autour de nous, nous avions ce méga-projet, raconte Philippe Foucart. Cela nous a permis de franchir un palier. Et, avec le recul, je me demande comment nous aurions fait pour absorber cela si tout le reste avait continué à fonctionner à plein régime. ”
Notre homme a, lui, montré qu’il était bien prêt à prendre les commandes de l’entreprise. Sous sa houlette, Technord a accentué son expertise technologique et brille aujourd’hui dans l’intelligence artificielle. L’analyse des données permet aux équipes de Technord de prédire le processus de fermentation (et donc les dosages et ajouts nécessaires) dès l’arrivée du raisin chez un producteur de champagne ou d’optimiser la répartition de la production entre les 63 usines d’un géant de la levure. ” Plein de start-up jonglent aussi avec les datas, constate Philippe Foucart. Mais nous, nous avons en plus la connaissance des process industriels. Une ligne de production, nous savons ce que c’est. Quand IBM vient nous chercher, c’est pour cette connaissance. ”
Technord emploie 400 personnes, dont plus des deux tiers au siège central à Tournai. L’entreprise a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires de 85 millions d’euros (+12%). ” Je ne suis pas obsédé par les résultats annuels, conclut Philippe Foucart. Mon obsession, c’est que Technord soit toujours sur le marché dans 10 ans, 15 ans et plus. ”
Pourquoi le jury l’a choisi Technord illustre deux enjeux cruciaux pour notre économie : la digitalisation de l’industrie et la transmission des entreprises familiales. Deux enjeux que Philippe Foucart et ses équipes ont relevé avec brio.
Le fait marquant de 2019 ” Cette année, nous avons pu récolter les fruits de notre positionnement stratégique comme ensemblier, avec plusieurs métiers allant de l’électricité à l’industrie 4.0 et l’intelligence artificielle. 2019 est aussi une année sans le moindre accident de travail. Quand on oeuvre dans des métiers à risques, avec des hommes qui manipulent des cabines à moyenne tension, ce “zéro accident de travail” est vraiment une performance exceptionnelle.
La réalisation dont il est le plus fier ” C’est bien entendu d’avoir réussi le passage de relais. Les activités continuent à la deuxième génération, avec un positionnement qui a évolué, des clients qui ont évolué et des secteurs qui ont évolué. Hier, les cimentiers étaient nos plus gros clients, leur chiffre a été divisé par 10 mais Technord est toujours là ! ”
Le défi qui l’attend en 2020
” Le recrutement. Nous avons engagé 40 personnes cette année et nous avons encore 30 postes ouverts. La Belgique, et même l’Europe, manquent cruellement d’ingénieurs, j’espère que la digitalisation dont on parle tant va renforcer l’attrait de ces métiers. ”
Un bon Manager de l’Année, selon lui ” Un bon manager doit faire confiance à l’ensemble de ses collaborateurs et les respecter. Pour chaque métier du groupe, je peux compter sur des patrons exceptionnels. Je leur laisse une grande liberté, ils maîtrisent la technique mieux que moi. Mon rôle est d’être en soutien et de veiller à ce que les options stratégiques soient bien suivies, même si le quotidien nous mange beaucoup d’énergie. Et puis, un bon manager doit aussi avoir un peu de chance parfois… ”
Qui sera le Manager de l'Année 2019?
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