Olivier Strelli va-t-il tomber en faillite ?

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Placée en réorganisation judiciaire, la griffe belge est en difficulté. Les créanciers se prononceront à la fin du mois sur la survie. Mais un dividende de 2,2 millions d’euros pose question.

“Olivier Strelli doit se serrer la ceinture.” De l’aveu même des actionnaires, la griffe belge est dans une situation critique. Deux ans après que Nissim Israël, le fondateur de la marque, eut cédé les ciseaux à Olivier Strelli Developpement (dont 73 % du capital est aux mains du fonds d’investissement français EverCapital), la société Nissim SA est en perpétuelle érosion financière. Le chiffre d’affaires est ainsi passé de 14 millions d’euros voici trois ans à 11,7 millions d’euros l’an dernier. Et le premier semestre de 2010 ne montre pas d’éclaircies avec un volume d’activités estimé à 5 millions d’euros.

Pire, les bénéfices ont fait place aux pertes. L’année du rachat, Nissim SA n’avait affiché qu’une perte de 71.000 euros. L’an dernier, elle s’est creusée à 1,9 million d’euros. Et le résultat final aurait pu s’inscrire plus lourdement dans le rouge si une plus-value réalisée sur actif n’avait été enregistrée. Le résultat d’exploitation 2009 est davantage révélateur d’une santé financière chancelante, avec une perte de 3,5 millions d’euros. Quant aux dettes, elles ont explosé. Le cash, lui, a fondu comme neige au soleil.

Déploiement hasardeux en France

De florissante à défaillante, qu’est-il arrivé à la griffe de prêt-à-porter ? D’abord, les chantiers informatiques et logistiques – entrepris après le rachat – ont été peu voire pas rentables. Ensuite, la maison a subi de plein fouet les conséquences de la crise financière mondiale alors que, dans le même temps, la clientèle fuyait les boutiques en raison d’un positionnement sur les prix peu adapté. Enfin, plusieurs distributeurs multimarques (qui génèrent deux tiers du chiffre d’affaires) ont quitté le navire.

Ce n’est pas tout. Les déboires proviennent surtout du périlleux déploiement du réseau en France. En mars 2009, EverCapital met le paquet pour s’offrir les 20 magasins de la marque Formes. Mais l’affaire tourne mal et les boutiques françaises pèsent sur la rentabilité. La situation devient intenable. Jacques Lévy, directeur d’EverCapital, prend alors les rênes de la maison de couture, poussant par là le directeur général et la directrice artistique (pour les collections femmes) vers la porte de sortie.

En avril dernier, ne pouvant plus faire face à ses obligations financières, la maison Strelli se place sous la protection de la réorganisation judiciaire (ex-concordat). L’objectif est de gagner du temps pour apurer les comptes, mettre en oeuvre un plan de redressement, obtenir le sursis sur les dettes et le feu vert des créanciers.

Aux créanciers de se prononcer

Pour survivre, l’actionnaire majoritaire tente de réduire les coûts de sa structure. En juin dernier, les 20 magasins français sont revendus à la marque Sud Express. Olivier Strelli acte une moins-value mais elle arrête l’hémorragie et dégage du cash pour les nouvelles collections.

D’autres cessions sont à prévoir d’ici la fin de l’année. “Seules les boutiques bénéficiaires resteront en portefeuille”, confirme Olivier Israël, fils du fondateur, actionnaire et directeur de production. A l’heure actuelle, le réseau Strelli compte 59 employés au travers de 14 boutiques en propre et cinq magasins en franchise en Belgique. En France, la griffe se limite désormais à quatre magasins (Saint-Tropez et Paris).

En attendant, le temps presse car le plan d’apurement doit être présenté au tribunal de commerce le 29 septembre prochain. Aux créanciers ensuite de se prononcer sur la survie de la maison Strelli. “Je suis confiant dans la poursuite de l’activité car les fondamentaux sont bons et, depuis juillet, nous redevenons bénéficiaires”, assure Olivier Israël.

Reste qu’une question demeure : pourquoi, dans un tel climat de crise, les actionnaires se sont-ils réservé un dividende de 2,2 millions d’euros en 2009 ?

Valéry Halloy

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