Olivier Bogaert: “Les cybercriminels se déplacent vers notre environnement mobile”

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Le commissaire à la Computer Crime Unit de la police fédérale explique pourquoi la banque mobile attire de plus en plus les cybercriminels.

Rapide et conviviale, la banque mobile est devenue la cible privilégiée des hackers, selon le spécialiste en cybersécurité Kaspersky Lab, qui enregistre un nombre d’attaques en forte augmentation. Ceux qui utilisent chez nous les applis des banques ont-ils du souci à se faire ?

A priori, non. Nous n’observons pas ce phénomène en Belgique. Il touche surtout la Russie et les pays anglo-saxons où l’identifiant et le mot de passe sont encore largement utilisés pour valider une opération bancaire. Cela étant, il y a clairement une tendance à laquelle nous n’échappons pas : celle qui vise tout le commerce en ligne. Il faut faire attention aux logiciels malveillants qui ont pour but de récupérer des données liées à l’enregistrement d’un numéro de carte de crédit auquel on a procédé pour pouvoir acheter sur un site internet comme Amazon, par exemple.

Les applis mobiles des banques belges sont donc suffisamment sécurisées ?

Oui, tout simplement parce qu’elles ont la particularité d’être associées au digipass. Il offre un niveau de sécurité supérieur au moment de l’installation d’une appli bancaire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il faut être prudent au moment de l’installation et s’assurer qu’il s’agit bien de l’application de votre banque et pas d’une copie. Il est conseillé également d’avoir un code différent pour chaque appli bancaire. L’application doit toutefois être régulièrement mise à jour par les développeurs pour éviter qu’une faille ne puisse être exploitée et qu’un cybercriminel ne puisse s’emparer des identifiants, espionner les comptes ou encore, récupérer des codes de transaction.

Dans son dernier rapport sur l’état de santé des institutions financières du pays (banques, assurances), la Banque nationale pointe pour la première fois la digitalisation et la cybercriminalité comme risques pour la stabilité du secteur en Belgique. Partagez-vous ces inquiétudes ?

Oui : la criminalité qui passe par le numérique est aujourd’hui une réalité qui gagne chaque jour en importance. Songez aux cryptomonnaies, aux vols de données, aux logiciels rançonneurs, à la fraude au président et bien sûr aux placements frauduleux. Les cybercriminels se déplacent aujourd’hui vers notre environnement mobile. Dans la mesure où nous sommes de plus en plus nombreux à utiliser un smartphone, et de plus en plus nombreux à y placer des données confidentielles, qu’elles soient privées ou professionnelles, il est clair qu’ils s’intéressent à ces supports. Certes, les ordinateurs restent pour eux une cible intéressante mais nos outils mobiles le sont désormais également.

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