Trends Tendances

Obsolescence programmée : la preuve impossible ?

Notre ministre des Consommateurs voudrait enquêter pour savoir si les fabricants réduisent volontairement la durée de vie de leurs appareils. Problème : il sera, hélas, bien difficile de prouver cette obsolescence programmée.

Kris Peeters, ministre fédéral (CD&V) des Consommateurs, souhaite examiner à quel point les fabricants programment le vieillissement de leurs appareils. Une imprimante qui cesse de fonctionner juste après l’échéance de la garantie, un smartphone qui devient plus lent après chaque mise à jour de logiciel : chacun le sait, on soupçonne depuis longtemps certains fabricants de faire consciemment en sorte que leurs appareils vieillissent rapidement, de manière à ce que les consommateurs doivent régulièrement s’en procurer de nouveaux. Le ministre voudrait donc savoir si c’est vraiment le cas.

A vrai dire, j’ignore s’il est sincère dans sa démarche ou pas, mais si c’est le cas, il ne doit pas aller très loin pour en savoir plus. En France, la loi sur l’obsolescence programmée est entrée en vigueur le 18 août dernier. Et ce qui est déjà évident, selon les associations de consommateurs, c’est qu’il est quasi impossible de démontrer qu’un fabricant a programmé son produit pour qu’il tombe en panne à une date précise. Sauf si notre ministre a des preuves internes, il ne pourra en faire la démonstration.

L’obsolescence programmée ? Sauf si notre ministre a des preuves internes, il ne pourra en faire la démonstration…

En outre, parler d’obsolescence programmée signifierait aussi que l’on connaît précisément la durée de vie théorique d’un produit. Comment placer le curseur entre une durée courte et une réduction de vie délibérée ? Quelle est la durée de vie normale ? Quelle est la cause de la panne ? On le voit, il y aura toujours des questions…

Sans compter que, pour pratiquer ce jeu, le fabricant doit être sûr de lui et de pouvoir capter la clientèle. Imaginez : vous achetez une machine à laver qui tombe en panne après deux ans. Il est clair que vous n’achèterez jamais plus cette marque ! C’est la raison pour laquelle une association comme UFC-Que choisir, l’équivalent français de notre Test-Achats, préfère parler d'”obsolescence organisée”, c’est-à-dire de ce qui est fait pour nous pousser à changer de produit sans pour autant que notre appareil tombe en panne. C’est le cas d’une mise à jour que l’on ne peut pas installer sur d’anciens appareils, ce qui a pour conséquence de rendre l’ancien appareil non évolutif.

On le voit, le ministre Peeters devra se pencher très attentivement sur cette problématique s’il ne veut pas se contenter d’un effet annonce à vocation électorale… Ceci dit, si une loi devait aussi voir le jour en Belgique, elle aurait au moins un effet pédagogique positif. Notamment le fait que certains vendeurs jouent sur cette peur de la panne pour commercialiser des extensions de garantie qui ne sont souvent pas nécessaires !

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content