Nucléaire : “irremplaçable” pour la chimie belge

© Image Globe/Eric Lalmand

Les dépenses en R&D de l’industrie chimique et des sciences de la vie ont dépassé, l’an dernier, la barre des 2,4 milliards d’euros. Un niveau record qui est de bon augure pour l’avenir du secteur en Belgique, qui s’inquiète néanmoins d’une remise en question à court terme du nucléaire chez nous.

Les résultats annoncés par BASF Anvers, le premier chimiste du pays, avaient donné le ton. Le bulletin de santé que vient de présenter Essenscia, la fédération des industries chimiques et des sciences de la vie, le confirme : 2010 a été l’année de la reprise pour un secteur, surtout celui de la chimie de base, qui avait été frappé de plein fouet par la crise. “Et cette reprise a été plus marquée dans notre secteur que pour le reste de l’industrie”, observe Yves Verschueren, l’administrateur délégué d’Essenscia.

Après avoir tourné au ralenti en 2009, les usines ont retrouvé, depuis le second trimestre de 2010, leur niveau d’utilisation de capacité de production moyen (82 %). Avec pour conséquence, une augmentation de la production de 18 % et une hausse du chiffre d’affaires de plus de 15 % à 52,5 milliards d’euros. Pour les trois premiers mois de 2011, celui-ci a même approché les 84 %, soit le niveau d’avant-crise. La reprise semble donc se confirmer en 2011, qui rappelons-le, a été décrétée “Année internationale de la chimie”.

La pharmacie demeure le fer de relance de l’industrie chimique même si, après un très bon cru 2009 dopé par les ventes du vaccin H1N1 contre la grippe mexicaine, elle a vu son chiffre d’affaires diminuer de 7 % en 2010. Par rapport à 2008, celui-ci est cependant toujours en hausse de 14 %.

Touchez pas au nucléaire !

Malgré la crise, les chimistes ont continué à investir en recherche et développement. Leurs dépenses en matière d’innovation ont crû, l’année passée, de 6 % pour atteindre le niveau record de 2,43 milliards d’euros. “En 10 ans, les investissements annuels sont passés de 1,4 à plus de 2,4 milliards, ce qui témoigne d’une croissance quasi ininterrompue. C’est un indicateur important qui est de bon augure pour l’avenir du secteur en Belgique”, analyse le patron de la fédération.

La chimie de base, les matières plastiques et les produits pharmaceutiques made in Belgium continuent à avoir la cote à l’étranger. Ils demeurent le secteur le plus important (34,5 %) dans le total des exportations belges.

Malgré ce tableau positif, les responsables d’Essenscia se font du souci à propos de l’approvisionnement en énergie. “Nous craignons que la catastrophe de Fukushima ne relance le débat sur le nucléaire en Belgique, avance Yves Verschueren. Or, pour un pays aussi industrialisé que la Belgique et pour nos installations qui nécessitent un approvisionnement continu en énergie, le nucléaire à court terme n’est pas remplaçable.” Voilà qui est dit.

Sandrine Vandendooren

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