Nette hausse du prix du forfait: en France, la saison de ski s’ouvre sous le signe des économies d’énergie
“A chaque année suffit sa crise!”: enfin passées les affres du Covid-19, les stations de ski françaises s’apprêtent à lancer la saison hivernale dans un contexte d’incertitude marqué notamment par le coût démultiplié de l’énergie et les difficultés de recrutement.
L’exceptionnelle douceur de l’automne, avec peu de neige et des températures trop élevées pour en fabriquer, a par ailleurs contrarié le calendrier d’ouverture de certains sites.
C’est le cas à Val Thorens (Savoie), qui prévoyait de lancer sa saison hivernale le 19 novembre et a reporté d’une semaine. Val d’Isère, Tignes et plusieurs stations des Pyrénées ont également dû décaler l’ouverture des pistes à début décembre.
Le froid et la neige sont entre-temps arrivés et la majorité des autres domaines skiables devraient ouvrir leurs portes, comme prévu, autour de la mi-décembre.
La fréquentation s’annonce malgré tout “encourageante” pour la saison (+7% de prévisions de réservation pour les logements locatifs à la montagne par rapport à la très bonne année 2021/22) et les vacanciers sont “au rendez-vous”, selon les professionnels du secteur.
Dans le contexte de forte inflation, les skieurs devront cependant composer avec une nette hausse du prix du forfait (entre 3 et 9% selon les stations).
Pour les stations elles-mêmes, le principal casse-tête cette année est le coût de l’énergie. Si le problème n’est pas spécifique au tourisme de montagne, il touche durement une industrie très dépendante de l’électricité pour faire tourner ses remontées mécaniques.
“L’augmentation est assez incroyable: les sociétés payaient 50-60 euros du kWh et elles vont passer à dix fois plus cher. Beaucoup de stations sont touchées”, déplore Claude Jay, maire de la commune des Belleville (Savoie), où sont situés Val Thorens, Les Menuires et Saint Martin.
Le secteur espère des mesures de soutien “pour limiter un peu la casse. Un vrai travail est en train de se faire au gouvernement mais pour l’instant on ne peut pas considérer que ce soit suffisant”, estime-t-il.
En attendant, “tout le monde s’engage dans une démarche d’économie d’énergie avec des objectifs de l’ordre de 10% (…). L’idée c’est d’arriver à être plus économe en dégradant le moins possible le service aux clients”, poursuit-il, notant que cela pourra parfois s’avérer “délicat”.
Amputer la saison au printemps
A Val d’Isère, des équipements de confort du type sièges chauffants ou quais chauffants dans les télécabines ne seront pas mis en service. “On va aussi essayer d’être économe au quotidien, d’avoir l’utilisation la plus raisonnée possible de l’énergie”, explique Olivier Simonin, directeur général de Val d’Isère Téléphériques.
Dans les Pyrénées, on mise sur la “réduction de la vitesse des remontées mécaniques”, “l’éco-conduite” ou encore la “baisse des températures des bâtiments”, renchérit Guillaume Roger, directeur opérationnel de N’Py, regroupement de huit stations.
Certaines stations envisagent aussi d’amputer d’une semaine la saison au printemps pour faire des économies d’énergie, s’indigne Antoine Fatiga, responsable CGT remontées mécaniques et service des pistes.
Certains travailleurs saisonniers, dont les contrats ne courent que sur 14 à 15 semaines, pourraient s’en trouver pénalisés: “Nous y avons mis le holà. Il est hors de question de faire perdre 7 à 10% de rémunération à un salarié qui n’a déjà pas très gros à gagner”, s’agace-t-il.
Or les bras manquent toujours dans les stations, contraignant les employeurs à lâcher du lest. Côté remontées mécaniques, les syndicats viennent ainsi d’obtenir une revalorisation “historique” de 7,1% des salaires les plus bas.
“Les négociations salariales vont être plus compliquées et les discussions un peu plus impactantes que d’habitude”, admet Claude Jay, le maire des Belleville.
“Avant, il y avait dix candidats pour un poste. Aujourd’hui, ils vont chercher les gens. C’est un phénomène qu’on n’avait pas connu”, explique M. Fatiga. Si certains employeurs “ont fait des efforts”, notamment sur l’épineuse question du logement des saisonniers, d’autres réfléchissent à faire venir “des salariés étrangers”, déplore-t-il.