Médiapart sanctuarise son capital pour préserver son indépendance

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Onze ans après avoir imaginé un nouveau modèle économique pour la presse en ligne, Médiapart a présenté mardi un dispositif capitalistique sans équivalent dans la presse française, qui vise à sanctuariser son capital et pérenniser son indépendance.

Il s’agit d’une “invention capitalistique pour rendre éternelle l’indépendance de Médiapart”, a expliqué à l’AFP son cofondateur et président Edwy Plenel.

Elle va passer par la cession de 100% du capital de Médiapart à une structure “non capitaliste et à but non lucratif”, qui le rendra “inviolable, non cessible, non achetable et non spéculable” selon le dirigeant.

Il s’agira d’un fonds de dotation, un type d’organisme apparu il y a une décennie en France, très utilisé dans le champ culturel, mais pas encore expérimenté dans la presse, selon Edwy Plenel.

Baptisé “Fonds pour une presse libre” (FPL), cette structure assurera prioritairement une mission d’intérêt général, pour soutenir la liberté de la presse, et à titre secondaire, il permettra de sanctuariser le capital de Médiapart. Et en le dissociant de ses fondateurs, cela pérennisera son indépendance.

Ce montage passera par une structure intermédiaire, la Société pour la protection de l’indépendance de Médiapart (SPIM). Contrôlée par le FPL, elle détiendra la totalité du capital de Médiapart, qui sera statutairement incessible, faisant office de “coffre fort” selon Edwy Plenel.

Un dispositif inspiré d’un modèle unique au monde, le “Scott Trust”, qui protège depuis les années 1930 le quotidien britannique The Guardian. Et préféré aux systèmes utilisés dans la presse française, qui ont tous échoué selon Edwy Plenel en cas de graves difficultés financières.

C’est l’aboutissement de trois ans de réflexion et de discussions au sein de Médiapart, visant à mettre le journal à l’abri de querelles de successions, batailles de pouvoir et autres opérations spéculatives.

Le journal est détenu par ses fondateurs (François Bonnet, Laurent Mauduit, Edwy Plenel et Marie-Hélène Smiejan), qui possèdent 42% du capital, aux côtés des salariés, et d’une “société des amis”, avec qui ils forment un “pôle d’indépendance”. Le reste appartient à des investisseurs partenaires (Doxa et Ecofinance).

Le rachat sera financé par les excédents du journal (4,4 millions), des donations effectuées par des actionnaires (à hauteur d’un million), et un emprunt bancaire (10,9 millions d’euros) contracté par la SPIM.

Ce dispositif doit voir le jour d’ici fin octobre et s’accompagnera “d’un jeu de pouvoirs et de contrepouvoirs”, selon Edwy Plenel.

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