Marché du cacao: le label Fairtrade tire, à son tour, la sonnette d’alarme

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En Belgique, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à se laisser séduire par le commerce équitable. En 2017, le label Fairtrade Belgium a constaté une croissance de ses ventes sur la quasi totalité de son offre et a largement augmenté celle-ci. Désormais, près de sept Belges sur 10 achètent des produits labellisés, se réjouit mardi l’ONG.

Mais si la croissance est particulièrement sensible dans les produits à base de cacao, la situation du secteur – principalement en Afrique de l’Ouest – est des plus préoccupantes et ne pourra être améliorée qu’avec une mobilisation des tous les acteurs, estime Fairtrade.

Quelques jours après le baromètre cacao 2018, c’est à l’ONG Fairtrade Belgium de tirer la sonnette d’alarme pour le secteur. Le constat pourrait sembler positif, la vente de cacao Fairtrade au niveau mondial ayant augmenté de 27%, et même de 45% pour les produits dérivés en Belgique.

Mais le défi reste énorme. En guise d’exemple, malgré cette hausse, le chocolat à base de cacao Fairtrade atteint à peine 1% de part de marché en Belgique. Cela implique que les producteurs Fairtrade ne peuvent vendre qu’une mineure partie de leur production aux conditions Fairtrade, le reste devant être vendu aux conditions conventionnelles, sans garantie du prix

minimum et sans prime additionnelle. La situation est pourtant urgente, surtout en Côte d’Ivoire et au Ghana, souligne Fairtrade Belgium. A eux deux, ces pays produisent près de deux tiers du cacao disponible sur le marché mondial. “Paradoxalement, le monde entier s’arrache leur cacao, mais à l’autre bout de la chaîne, les producteurs vivent pour la majorité dans l’extrême pauvreté.”

Aujourd’hui, les initiatives et programmes de durabilité existants dans le secteur ne sont pas suffisants pour garantir un revenu vital aux producteurs, dénonce l’ONG. Et les producteurs labellisés Fairtrade n’y échappent pas, car l’offre de cacao labellisé est supérieure à la demande. “Nos études montrent (…) que vouloir atteindre un revenu décent sans payer de meilleurs prix est tout à fait illusoire”, précise Fairtrade, en reconnaissant qu’il faut une approche globale pour améliorer également la productivité, la maîtrise des coûts et pousser à la diversification de la production.

“Il faut une mobilisation globale, non seulement des acteurs du commerce équitable mais de toute l’industrie et des gouvernements, tant dans les marchés consommateurs que les pays producteurs.” “Il faut oser mettre le sujet du prix sur la table”, indique Fairtrade, qui analyse les données pour établir un prix de référence qui permettrait aux producteur de cacao en Afrique de l’Ouest d’atteindre le revenu vital. “Mais il est clair que celui-ci sera plus élevé que le prix minimum Fairtrade actuel”, conclut l’ONG.

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