“Mais il est où le soleil ?” : l’ombre au tableau du sauvetage

Trois semaines après avoir déposé le bilan, la marque de mode belge renaît dans le giron du groupe textile Vegotex. En coulisses, cependant, d’aucuns s’interrogent sur cette renaissance aussi rapide qu’interpellante…

Contre toute attente, le groupe industriel Vegotex a racheté la griffe “Mais il est où le soleil ?”et compte bien apporter son expérience et ses moyens pour la redéployer rapidement. Objectif de cette société familiale : poursuivre les livraisons de la saison d’été du “Soleil” en tablant sur un chiffre d’affaires d’une douzaine de millions d’euros, soit la moitié de son chiffre réalisé l’année dernière (24,5 millions).

Dans les coulisses de ce happy end, quelques voix s’élèvent toutefois pour dénoncer la situation des victimes du fiasco initial. Sans se risquer – faute de preuves – à utiliser des termes trop péremptoires, certains concernés s’interrogent malgré tout sur la reprise “ultra-rapide” de “Mais il est où le soleil ?” par Vegotex, et osent même l’expression de faillite “organisée” par Laurence Evrard, ex-CEO de Kesar, histoire de sauver la marque et quelques emplois au passage.

Ils sont d’ailleurs une quinzaine d’anciens employés et autres franchisés à s’être regroupés au sein d’un bureau d’avocats à Bruxelles pour tenter de faire valoir leurs droits aux indemnités auprès de la curatrice, maître Sophie Huart, et, le cas échéant, tenter l’action en justice si d’aventure de nouveaux éléments pouvaient laisser supposer que le scénario de la reprise par Vegotex était cousu de fil blanc. Or, quatre autres sociétés étaient bel et bien candidates au rachat de la marque, dont un groupe allemand et un autre français fortement intéressé.

Cameleon a-t-il joué les intermédiaires avant l’annonce même de la faillite ?

Chez Vegotex, on parle d’une “histoire sans queue ni tête”, affirmant que personne n’a rencontré Laurence Evrard avant la signature pour la reprise du “Soleil”.

D’autres sources stipulent en revanche que la marque Cameleon, premier acteur des ventes privées en Belgique, aurait très bien pu jouer précisément ce rôle d’intermédiaire avant l’annonce même de la faillite de la marque de mode. Car, si aucun élément matériel ne permet aujourd’hui d’étayer concrètement la thèse d’un “petit arrangement entre amis” afin de limiter la casse, il apparaît toutefois que le management de Cameleon a effectivement joué un rôle important dans la reprise du “Soleil” par Vegotex, vu ses relations amicales avec Laurence Evrard.

Selon nos informations, un accord a d’ailleurs été noué entre Cameleon et Vegotex pour reprendre les stocks existants de la marque de mode et la relancer de concert pendant les six prochains mois, même si Vegotex jouera ensuite cavalier seul. Détail croustillant : c’est un cadre de Cameleon qui a rédigé le communiqué de presse de Vegotex signalant le rachat du “Soleil”, alors que le nom du spécialiste des ventes privées n’apparaît nulle part dans le texte…

Sortie “organisée” ou pas, la nouvelle brillance du “Soleil” a cependant de quoi réjouir le secteur textile, même si au final, seule une quinzaine de personnes seront reprises et que le pari de la relance n’est certes pas encore gagné. Et n’en déplaise aux adeptes de la théorie du “parachute doré”, il ne semble pas du tout acquis que le duo jadis en vogue au sommet de “Mais il est où le soleil ?”, l’ex-CEO Laurence Evrard et la styliste Val Pollet, fassent partie des heureux élus.

Frédéric Brébant

Plus d’infos: Le retour de Soleil

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content