Les négociations entre bpost et PostNL capotent: “Pas un drame”, assure le CEO belge

"Ce n'est pas un drame, mais c'est dommage", a indiqué dimanche soir le CEO de bpost Koen Van Gerven. © BELGA

“Ce n’est pas un drame, mais c’est dommage”, a indiqué dimanche soir le CEO de bpost Koen Van Gerven, après l’annonce de l’échec des négociations entre bpost et PostNL. Ces pourparlers étaient en cours depuis quelques mois. Réactions.

Bpost et PostNL ont annoncé dimanche soir avoir mis fin à leurs négociations. “Bpost confirme avoir mené des négociations avec PostNL concernant une éventuelle combinaison des deux sociétés par le biais d’une offre publique d’acquisition amicale de toutes les actions de PostNL par bpost. Au final, ces négociations n’ont pas abouti à un accord sur les conditions d’une telle transaction”, a précisé la poste belge dans un communiqué.

“Bpost a évité un grand conflit social”

En annonçant l’échec des négociations avec la poste néerlandaise, “bpost a évité un grand conflit social, tant au nord qu’au sud du pays”, a affirmé ce lundi Jacques Lespagnard, responsable du secteur postal à la CGSP, au terme d’une rencontre avec la direction de l’entreprise. “Nous restons toutefois avec de nombreuses questions et de nombreuses craintes”, a renchéri Stéphane Daussaint, au nom de la CSC-Transcom.

“Nous avons tenté de connaître les raisons de cet échec mais Koen Van Gerven, l’administrateur délégué de bpost, est resté très vague, évoquant simplement des raisons ‘compliquées’. Il semble que la poste néerlandaise souhaitait aller plus loin que ce que bpost avait prévu”, a expliqué Jacques Lespagnard.

“Koen Van Gerven n’est pas entré dans les détails. On sait néanmoins que la crispation était plus grande du côté néerlandais”, a de son côté souligné Stéphane Daussaint en regrettant que “les syndicats n’aient appris l’existence de ces négociations que vendredi, par la presse”.

“Nous n’avons aucun problème à ce que la poste belge acquiert un autre opérateur du secteur car elle en a les moyens. Une opération de ce type pourrait d’ailleurs consolider l’emploi, notamment dans le secteur des colis. Par contre, ce qui nous pose problème et que nous n’acceptons pas, c’est l’abandon du statut d’entreprise publique”, a-t-il ajouté.

“Que bpost se rapproche d’un autre opérateur du secteur, ça peut être une bonne chose en termes de consolidation stratégique. Mais on reste toutefois avec de nombreuses interrogations et de nombreuses craintes, d’autant que l’on sait depuis décembre, quand le gouvernement a modifié la loi permettant à l’Etat de passer sous la barre des 50% du capital, qu’une privatisation de l’entreprise est possible à tout moment”, a conclu Stéphane Daussaint.

“Ce chapitre-ci est clos”

“On négociait encore hier (samedi) et aujourd’hui (dimanche), mais nous avons finalement dû admettre qu’il n’y aurait pas d’accord”, a précisé dès dimanche soir le CEO de bpost. “Les négociations sur un projet de fusion se basaient sur un document de 60 pages, mais nos points de vue étaient trop divergents pour aboutir à un accord.” Le CEO ne souhaite pas préciser si le noeud du problème était d’ordre financier.

Le projet d’acquisition de PostNL est définitivement abandonné. “Il ne faut jamais dire jamais, mais ce chapitre-ci est clos.” Koen Van Gerven reste cependant ouvert. “De nouvelles opportunités se présentent tous les jours. S’il y a des dossiers intéressants, alors on les examinera.”

Bpost voulait acquérir la totalité des actions de PostNL en échange de cash et d’actions bpost. Ce qui veut dire que l’Etat belge aurait vu passer sa participation dans l’entreprise sous la barre des 50%. Cela n’aurait pas été un problème puisque le gouvernement a autorisé ce scénario. Il n’était toutefois pas question d’une vente des actions de l’Etat, avait déjà précisé Alexander De Croo vendredi.

Selon le patron de l’entreprise postale, bpost lorgnait PostNL pour les possibilités de croissance sur le marché des paquets qu’elle offrait. “bpost et PostNL ont de gros clients qui apprécieraient une offre intégrée”, a-t-il expliqué. La fusion aurait ainsi permis la mise en place de nouveaux services, comme des livraisons ayant lieu le même jour que le dépôt du colis ou des livraisons en soirée. “Nous aurions eu une offre plus solide ensemble et nous aurions pu renforcer nos croissances mutuelles”, a estimé Koen Van Gerven.

Les propos de Labille “totalement déplacés”

Vendredi matin, l’ancien ministre des Entreprises publiques, Jean-Pascal Labille (PS), avait indiqué qu’un rapprochement était en cours avec un opérateur européen, sans le nommer. “Je ne sais pas quel était son but, mais la plus grande discrétion est de mise dans de tels dossiers. Ses déclarations étaient totalement déplacées, et il le sait”, a encore réagi dimanche soir le CEO de bpost.

Jean-Pascal Labille s’était en effet laissé aller à quelques révélations sur les ondes de la RTBF. “Dans peu de temps, la poste va perdre son statut d’entreprise publique”, avait-il déclaré sur La Première, ajoutant que c’était “une question d’heures”. Selon lui, l’Etat belge devrait céder une dizaine de pour cent du capital (51,04%) qu’il détient dans bpost. Des médias évoquaient ensuite un possible mariage avec son homologue néerlandaise PostNL. Bpost n’avait pas voulu réagir jusqu’ici.

Par ailleurs, et toujours selon Koen Van Gerven, les syndicats ne devraient pas s’inquiéter d’un accord tel que celui qui a été envisagé avec PostNL. “Il devraient s’en réjouir. Nous devons renforcer l’entreprise pour l’avenir.” Et il rappelle encore que toutes les conditions de travail individuelles et collectives sont garanties par la loi. Le CEO rencontre les syndicats ce lundi.

Reprise de la cotation ce lundi matin

La cotation de l’action bpost, interrompue vendredi midi sur fond de rumeurs de rapprochement avec la poste néerlandaise, a repris ce lundi matin. Peu après l’ouverture de la Bourse de Bruxelles, le titre perdait 0,4% tandis que l’action de PostNL gagnait près de 7% à Amsterdam.

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