Les confessions d’une hôtesse de l’air de Ryanair
Comme beaucoup de jeunes filles, la Française Sofia Lichani rêvait d’embrasser une carrière d’hôtesse de l’air. Embauchée à 22 ans par Ryanair, elle a rapidement déchanté… L’ancienne hôtesse publie un témoignage édifiant des quatre années passées au service de la compagnie aérienne low cost intitulé “Bienvenue à bord” et relayé par BFM TV.
Lors de son entretien d’embauche qui dure à peine cinq minutes, les recruteurs demandent à la jeune fille si elle est capable de payer sa formation de 1.900 euros. Son logement à proximité de l’aéroport de Stansted, près de Londres, pendant les cinq semaines de cours, lui coûte à peu près la même somme.
Quelques mois plus tard, Sofia signe un CDD de trois ans non pas avec Ryanair, mais avec Crewlink, une agence d’intérim irlandaise qui travaille pour la compagnie aérienne. Il s’avère rapidement que de nombreuses heures prestées ne sont pas payées. “Le briefing avant le vol n’est pas payé. L’embarquement n’est pas payé, les procédures de sécurité non plus. Nous sommes payés uniquement quand l’avion roule et qu’il décolle. Au débarquement, il faut faire le ménage, qui n’est pas payé non plus.”
Les heures d’astreintes, où le personnel doit se tenir à disposition de Ryanair et rejoindre l’aéroport dans l’heure en cas de nécessité, ne sont pas payées non plus si les hôtesses et les stewards restent chez eux.
Et quand les employés tombent malades, ils ne perçoivent pas de rémunération.
Au total, Sofia a presté 5.000 heures de travail, dont seulement 3.700 ont été payées.
Des journées de 12 heures
Au début, l’hôtesse de l’air ne gagne que 800 euros par mois, auxquels s’ajoutent les primes de vol et les commissions sur les produits vendus dans l’avion, ce qui représente au mieux 400 euros supplémentaires.
Elle souligne également les conditions de travail extrêmement dures auxquelles sont soumis les employés. “Quand on a travaillé cinq jours à cinq heures du matin pour finir à cinq heures de l’après-midi… Je les voyais, les pilotes, après le cinquième jour, ils étaient nazes, ils étaient crevés. On tire sur la corde…”, raconte-t-elle.
Mutée à Marseille quelques années plus tard où elle est nommée chef de cabine, Sofia évoque la pression infernale qui pèse sur les épaules des employés. On les pousse en effet à vendre un maximum d’objets dans l’avion. Chaque mois, Ryanair divulgue les noms des trois meilleurs vendeurs, mais aussi ceux des trois moins bons…
En outre, le personnel de cabine est parfois surveillé par un passager mystère, qui ne manque pas de rapporter ses erreurs à la compagnie aérienne…
Le livre “Bienvenue à Bord” de Sofia Lichani est disponible en Belgique.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici