Les champions belges du dividende

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Dans l’environnement boursier actuel, les dividendes sont une bouée à laquelle de nombreux investisseurs sont heureux de pouvoir s’accrocher. Mais quelles sont les entreprises les plus généreuses en la matière ? Et pourront-elles le rester ?

En déclenchant une brutale correction en Bourse, l’incertitude qui entoure la crise européenne de la dette a mécaniquement dopé les rendements de dividendes. Les amateurs de dividendes doivent cependant éviter de se laisser séduire par des rémunérations trop élevées. Les coupons versés dans la navigation maritime ou le secteur européen des services d’utilité publique sont certes alléchants, mais un abaissement, voire une suppression du dividende, n’y est pas à exclure.

Ainsi, bien que son rendement de dividende atteigne aujourd’hui 13 %, le producteur allemand d’électricité RWE est en difficulté depuis que Berlin a brusquement décidé de fermer les centrales nucléaires allemandes à la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima. RWE s’attend dès lors à un recul de 35 % de son bénéfice net récurrent cette année par rapport à l’an dernier. Or, le groupe distribue habituellement 50 à 60 % de ce bénéfice net récurrent à ses actionnaires. Autrement dit, le rendement de dividende devrait retomber à environ 8 % – un niveau toujours très élevé, mais sans rapport avec les 13 % actuels. Le même phénomène s’observe chez E.ON.

Le grand rival de RWE devrait abaisser son dividende de 50 centimes d’euro à 1 euro, ce qui ramènerait le rendement de dividende de 8,5 % à moins de 6 % (brut). Les dividendes des banques restent incertains eux aussi. Il est par exemple peu probable que vu la nécessité à laquelle il est confronté de renforcer ses réserves de capitaux, KBC maintienne son dividende au niveau de l’an dernier.

Ne pas se fixer sur le seul rendement mais s’assurer du caractère durable du dividende

Pour les amateurs de dividendes, il est donc important de ne pas se fixer sur le seul rendement mais de s’assurer également du caractère durable du dividende. Deux indicateurs importants à cet égard sont le ratio de distribution et le ratio de couverture du dividende. Le ratio de distribution indique la part du bénéfice net qui est distribuée sous la forme de dividendes aux actionnaires. Plus ce ratio est élevé, plus il est difficile, pour l’entreprise, de le maintenir, même si les entreprises qui combinent un bénéfice net stable et prévisible et des investissements en capitaux réduits ont l’habitude de verser à leurs actionnaires une grande partie de leur bénéfice net. Lequel n’est toutefois qu’une notion comptable, aisément manipulable par le management.

Le rapport entre cash-flow opérationnel – le cash généré par les activités opérationnelles – et dividende constitue un meilleur baromètre. Il s’agit de ce que l’on appelle le ratio de couverture du dividende, appliqué pour le cash-flow opérationnel. Plus ce ratio est élevé, plus le dividende est sûr. Même en cas de baisse du cash-flow opérationnel, par exemple suite à une détérioration de la situation économique, l’entreprise disposera de réserves suffisantes pour continuer à verser un dividende. Ce n’est pas le cas si ce ratio est inférieur à 1,5. Enfin, s’il est inférieur à 1, cela signifie que l’entreprise emprunte de l’argent pour rémunérer ses actionnaires, une situation naturellement intenable à long terme.

Dans le tableau ci-dessus, nous avons effectué l’exercice pour toutes les actions du principal indice belge. Vous y trouverez les rendements de dividende brut et net, quelques autres paramètres financiers et les ratios de distribution et de couverture du dividende pour chaque action. Vous constaterez en premier lieu que les entreprises du Bel20 sont plutôt conservatrices en matière de rendement de dividende, la plupart d’entre elles affichant un ratio de couverture très confortable.

Ainsi le cash-flow opérationnel d’AB InBev et de Delhaize représente-t-il plus de sept fois le dividende distribué. AB InBev a cependant annoncé son intention d’augmenter son dividende, à présent que l’acquisition du groupe américain Anheuser-Busch est digérée.

Delhaize, qui cultive une longue tradition de dividende stable à légèrement croissant, dispose également d’une certaine marge pour maintenir le cap. Le ratio de couverture d’Umicore est inférieur à 1, mais l’entreprise a vu ses besoins de fonds de roulement augmenter considérablement l’an dernier, ce qui a pesé sur le cash-flow à concurrence de 247 millions d’euros. Abstraction faite de cet investissement unique, le ratio de couverture du dividende s’établirait à un confortable 3,5.

Mathias Nuttin, MoneyTalk

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