Le scandale des moteurs truqués coûtera très cher à VW, l’emploi en péril

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Le nouveau patron de Volkswagen Matthias Müller a annoncé la couleur aux salariés du groupe mardi: le scandale des moteurs truqués coûtera très cher au mastodonte automobile et des effets sur l’emploi ne sont pas à exclure.

“Les charges seront importantes, potentiellement très importantes” suite à l’aveu de Volkswagen que 11 millions de véhicules avaient été équipés de moteurs diesel truqués, a expliqué Müller devant 20.000 salariés rassemblés pour l’écouter au siège de Wolfsburg (nord). “Tout cela ne se fera pas sans douleur”, a-t-il martelé.

Volkswagen a déjà provisionné 6,5 milliards d’euros dans ses comptes, “mais cela ne suffira pas” et au final, “les conséquences financières et commerciales sont aujourd’hui encore impossibles à prévoir”, a-t-il poursuivi. Même chose pour les conséquences sur l’emploi, même si “nous allons nous battre pour qu’elles soient aussi limitées que possible” et “tout faire pour maintenir l’emploi dans le groupe”, qui compte près de 600.000 salariés.

Müller, ex-patron de la filiale de bolides de luxe Porsche, est arrivé aux manettes du groupe il y a 10 jours, après les révélations aux Etats-Unis de la tricherie. Celles-ci ont fait l’effet d’une bombe en Allemagne et dans l’entreprise, colosse aux 200 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et 12 marques, dont VW et Audi.

L’action Volkswagen a perdu plus de 40% en deux semaines. Enquêtes et plaintes en justice pleuvent de tous côtés, à mesure que Volkswagen dévoile le détail des marques, modèles et pays concernés.

Sur les 11 millions de véhicules touchés, 8 millions ont été vendus dans l’Union européenne, 5 millions sont des Volkswagen. Maigre consolation pour le groupe: la Chine, son premier marché, n’est pas concernée, le diesel n’y jouant aucun rôle.

Le groupe doit organiser un gigantesque rappel pour remettre ces véhicules aux normes et si pour certains un ajustement informatique suffira, pour d’autres “une intervention sur le moteur sera nécessaire”, a précisé M. Müller.

Sur les moteurs diesel d’un certain type, un logiciel a été installé qui était capable de fausser les résultats des tests antipollution, en faisant passer les voitures pour plus “vertes” qu’elles n’étaient.

Müller a réitéré sa promesse, faite lors de sa prise de fonction le 25 septembre, de faire la lumière sur l’affaire. Il a reconnu n’avoir “pas toutes les réponses” aux questions qui se posent aujourd’hui, mais “les choses deviennent plus claires jour après jour”.

Selon la presse les investigations, menées en interne et par un cabinet d’avocats américain commandité par le groupe, ainsi que par la justice notamment allemande, se concentrent sur une poignée de personnes dont le directeur de la recherche-développement d’Audi, Ulrich Hackenberg.

“Nous devons nous attendre à de grosses pénalités”

Volkswagen a en tout cas prévu de ne pas inquiéter les petites mains chargées de l’exécution de la supercherie. “Les salariés qui n’ont pas de poste à responsabilité” n’ont rien à craindre de la part du groupe, a affirmé M. Müller.

Les 6,5 milliards d’euros déjà mis de côté couvriront les coûts des rappels et remises à niveau techniques des semaines à venir. Le groupe doit d’ailleurs communiquer aux autorités allemandes d’ici mercredi sa feuille de route sur les modalités de ce rappel dans le pays.

Mais au-delà, “nous devons nous attendre à de grosses pénalités. Et beaucoup pourraient profiter de l’affaire pour réclamer une indemnisation à Volkswagen”, a reconnu le patron.

Aux seuls Etats-Unis, Volkswagen risque une pénalité maximale de 18 milliards de dollars (16 milliards d’euros).

Volkswagen, qui n’était pas exempt de défis et de chantiers même avant l’éclatement de l’affaire, notamment le ralentissement du marché chinois, va devoir “énormément économiser”, a reconnu le patron. Le groupe va notamment passer au crible tous les investissements prévus, et “tout ce qui n’est pas impératif sera supprimé ou retardé”, a-t-il précisé.

Volkswagen avait indiqué fin 2014 vouloir investir 86 milliards d’euros sur cinq ans dans ses nouveaux modèles et sa présence mondiale. “Nous pouvons et nous allons surmonter cette crise”, a promis M. Müller à ses troupes.

Mais la presse allemande, où circulait une estimation de facture totale de 50 milliards d’euros, spéculait déjà sur les noms de filiales susceptibles d’être mises en vente pour dégager du cash. Parmi elles Lamborghini ou encore les motos Ducati, l’une des dernières acquisitions en date.

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