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“Le PDG de Volkswagen a un sacré toupet”

En matière de logiciels truqueurs, le nouveau PDG de Volkswagen est payé pour avoir beaucoup de toupet. En tournée aux Etats-Unis, il a fait son mea culpa mais a nié tout mensonge. Quand le journaliste d’une radio américaine lui demande si VW a été “éthique”, il répond : “je ne comprends pas votre question”. Quelle est donc sa ligne de défense qui consiste à nier tout mensonge?

Il n’y a pas que Bruxelles qui accueille un Salon de l’Auto en ce moment. Aux Etats-Unis, le salon de Detroit est également très visité et notamment par le nouveau patron du groupe Volkswagen, Matthias Müller. Son passage aux Etats-Unis a d’abord été salué positivement par les médias, car il a présenté ses excuses au public américain en marge de l’ouverture de ce salon automobile. Et, on le sait, les Américains adorent les mea culpa.

Le nouveau PDG de VW, en a même profité pour rappeler que le marché américain restait un marché important pour Volkswagen. Pour le prouver, et en quelque sorte aussi montrer sa bonne volonté, il a annoncé dans la foulée un investissement de 900 millions de dollars!

Ceci, c’est pour la version officielle car, en revanche, dans un entretien accordé à la radio publique américaine NPR, Matthias Müller a nié toute mensonge dans l’affaire des logiciels truqueur sur les moteurs diesels. “Franchement, c’était un problème technique. Nous n’avons pas eu la bonne interprétation de la loi américaine et nous avions fixé certains objectifs pour nos ingénieurs. Ils ont résolu le problème, atteint les objectifs en trouvant une solution avec un logiciel qui n’est pas compatible avec la loi américaine. C’est ce qui s’est passé”, a-t-il déclaré. Ajoutant même: “nous n’avons pas menti. Nous n’avons pas compris quelle était la question. Et nous avons commencé à travailler en 2014 pour résoudre le problème” .

La ligne de défense du nouveau patron de VW, c’est l’erreur de compréhension, mais surtout pas le mensonge.

Vous l’aurez compris, le nouveau PDG de Volkswagen est bien été préparé par ses avocats et ses communicants. Et à l’entendre, on peut se dire qu’il a un énorme toupet de dire “qu’il n’y a pas eu mensonge, c’est normal“. Mais c’est aussi normal de sa part d’éviter de reconnaitre un mensonge. Ces avocats lui auront sans doute expliqué qu’il vaut mieux paraître incompétent que malhonnête auprès de la justice américaine. En Europe, on a vu le même genre de procédé de défense dans le secteur bancaire où des anciens PDG préfèrent apparaître comme incompétents plutôt que de prendre le risque d’être attaqués pour malversation.

La preuve que le nouveau PDG de VW parle sous le contrôle de ses experts en communication, c’est lorsque l’animateur de la radio américaine lui demande si l’attitude de Volkswagen avait été “éthique” ou non. Là encore, il répond sans sourciller : “je ne comprends pas votre question”. On peut être choqué de sa réponse ou se souvenir que VW a une épée de Damoclès qui lui pend au-dessus de la tête aux Etats-Unis. Les uns évoquent des amendes de 20 milliards, d’autres vont jusqu’à 50 milliards. Vu les montants en jeu, il est clair que la ligne de défense du nouveau patron de VW, c’est l’erreur de compréhension, mais surtout pas le mensonge. D’où ses contorsions devant les médias américains; faire un mea culpa, oui, mais avouer qu’on a menti, non.

Logiciels truqueurs : l’incroyable toupet du PDG de Volkswagen, BFM Business, 12/01/16

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