Le patron de Nespresso ne craint pas une baisse de la demande avec l’inflation
Avec une inflation à 10,6% en octobre dans la zone euro, le budget des ménages est sous pression aussi bien à la pompe que dans les rayons des supermarchés.
Pourtant, le patron de Nespresso, le Français Guillaume Le Cunff, ne craint pas une baisse sensible de la demande pour la célèbre marque de capsules de café qu’il dirige depuis 2020.
Car même dans les périodes où ils doivent se serrer la ceinture, les ménages ne taillent pas de manière uniforme dans leurs budgets et tendent à conserver des plaisirs “du quotidien” comme le café, rappelle le patron de cette filiale du groupe suisse Nestlé, à l’heure où ils doivent déjà renoncer à de nombreuses autres dépenses.
Avec la vague d’inflation, ne craignez-vous pas que les consommateurs se tournent davantage vers les marques de distributeurs?
Guillaume Le Cunff : Pour l’instant, nous ne sommes pas exposés à ce genre d’arbitrage. Nous sommes une entreprise dans un environnement qui évolue, qui est confronté à l’inflation. Donc, l’idée, quand on doit augmenter les tarifs pour garantir la qualité parce que la chaîne de valeur est soumise à l’inflation, c’est d’être raisonnable, en le faisant là où c’est absolument nécessaire.
Mais cela reste une dépense du quotidien, un moment de plaisir, un moment pour soi. Et je ne suis pas sûr que les gens ont envie de faire des réductions sur ce moment à soi.
On verra ce que l’avenir nous dit. Mais, a priori, on est très confiant.
Pourtant après leur forte croissance l’an passé, les volumes de ventes de Nespresso reculent de 1,9% sur les neuf premiers mois de 2022, avec une baisse surtout en Europe, même s’ils continuent de croître en Amérique du Nord. N’est-ce pas un signe que la demande recule?
En 2020 et en 2021, il y a eu un moment d’accélération de notre activité. Là, les gens travaillent un peu moins à la maison et ressortent, ce que l’on voit d’ailleurs sur notre branche hors-domicile, où nous récupèrons une partie de cette activité qui avait souffert pendant le Covid.
En Europe, qui est un marché historique de Nespresso, avec toutes les machines qui fonctionnaient pendant le Covid, l’ajustement est plus fort qu’en Amérique du Nord.
Sur ce marché, nous sommes dans une logique de progression avec Vertuo, notre nouveau système qui correspond énormément aux modes de consommation en Amérique du Nord. L’effet Covid y est moins visible puisque notre activité s’y déploie beaucoup plus vite.
La consommation à la maison est en train de se réajuster. Mais aujourd’hui, on est 20% au dessus de la situation de pre-Covid, c’est-à-dire de 2019.
Face aux nouvelles attentes des consommateurs, vous lancez une capsule compostable à base de papier. Mais pourquoi ne pas tout simplement supprimer l’aluminium pour le remplacer par ces nouvelles capsules?
L’aluminium a ses vertus. En termes de protection de fraicheur et barrière à l’oxygène, c’est ce qu’il y a de meilleur pour la durée de vie dans les rayons. Et l’aluminium est infiniment recyclable.
Mais ce sont deux offres différentes, avec des bénéfices différents. Chacune a ses avantages. On va proposer les deux options et voir ce que les clients préfèrent.
L’avantage est que nous sommes directement connectés à ces clients. On peut parler avec les clients Nespresso et cette relation directe va nous permettre d’apprendre beaucoup. Il y a des discussions qui vont s’engager dans les boutiques. On va apprendre avec eux.
Nous commençons par la Suisse et la France, où le compostage est en train de progresser très vite. L’objectif, c’est de donner le choix, avec deux alternatives durables: le recyclage ou le compostage.
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