Le marché de l’art en grande forme

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Le premier semestre s’achève sur un net regain d’activité pour les marchands d’art internationaux. Christie’s et Sotheby’s font la course en tête avec une poignée de toiles vendues à des montants record.

La crise est bien finie sur le marché de l’art. Les professionnels du secteur viennent de publier leurs chiffres du premier semestre et affichent leur optimisme. A commencer par Christie’s : la maison britannique conforte son rôle de n° 1 mondial avec 2,06 milliards d’euros de ventes réalisés cette année, en hausse de 46 % par rapport à la même période en 2009. Le bénéfice opérationnel du groupe atteint 111,5 millions d’euros, après une perte opérationnelle de 5,3 millions d’euros un an plus tôt. Des profits liés aux prix inégalés atteints par une poignée d’oeuvres.

Cet hiver, Christie’s a décroché la mise en vente de la collection Frances Lasker Brody, une philanthrope californienne, après une bataille acharnée de quatre mois contre son concurrent Sotheby’s. Bien lui en a pris, car c’est l’une de ses pièces, le Nu au plateau de sculpteur peint par Picasso en 1932, qui lui a valu un record mondial. La toile est partie à 80,25 millions d’euros, détrônant L’homme qui marche, une sculpture d’Alberto Giacometti vendue pour 74,2 millions de d’euros au mois de février.

Cette année chez Christie’s, 169 oeuvres se sont vendues pour plus de 1 million de livres (1,2 million d’euros), un chiffre en léger recul par rapport à l’an dernier. Sotheby’s, son rival américain, s’en tire bien lui aussi. A New York, le montant total des ventes s’est envolé à 1,66 milliard d’euros, avec un chiffre d’affaires de 63,34 millions d’euros au premier semestre.

Valeur refuge

Depuis le mois de mai et l’ouverture à New York des grandes enchères d’art impressionniste, moderne et contemporain, les marchands d’art assurent que la crise est derrière eux, même si les prix n’ont pas encore complètement retrouvé leurs niveaux de 2007 et 2008. “Les résultats du premier semestre à l’international ont montré une grande confiance du marché, cela devrait continuer cet automne”, a affirmé Edward Domman, directeur général de Christie’s.

Première explication à ce regain d’activité : “En 2009, une diminution de l’offre face à une demande soutenue des acheteurs nous a permis d’obtenir des pourcentages élevés de ventes, a précisé Edward Domman. Cela a conduit en 2010 à un retour de la confiance des vendeurs.”

L’appétit des collectionneurs asiatiques – épargnés par la crise – dope également les ventes. Les dirigeants de Christie’s misent sur la Russie, l’Inde, la Chine et les Emirats arabes unis pour poursuivre la tendance. Mais le marché ne séduit pas que les esthètes, et face à l’effondrement de la Bourse, l’art joue aussi les valeurs refuge.

Face aux géants anglo-saxons, le marché français signe par ailleurs une belle performance. La Tête de caryatide de Modigliani s’est vendue pour plus de 43 millions d’euros chez Christie’s France en juin, un record dans l’Hexagone. La maison affiche un montant de ventes de 94,5 millions d’euros, contre 45,4 millions l’an dernier, hors ventes exceptionnelles de la collection Bergé-Saint-Laurent. “Nous oeuvrons à faire de Paris une place capable de rivaliser avec Londres et New York”, a déclaré son président, François de Ricqlès.

Chez Sotheby’s France, le total des ventes enregistre une hausse spectaculaire de 87 %, à 87 millions d’euros sur les six derniers mois, grâce à des gravures de Cézanne, des toiles de Degas, de Gauguin, de Renoir et de Picasso.

Alexia Eychenne, L’Expansion.com

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